La désinformation, première
9 fév 2007 par Samuel Sebban |
Je regardais, comme je le fais régulièrement, les informations sur Google Actualités, qui représente à mes yeux le seul moyen d'avoir une vue pas trop subjective de ce qui se passe en France, et dans le monde. Pourquoi les autres seraient subjectives ? Tout simplement parce que tous sont alimentés par la sacro-sainte Agence France Presse.
Et malheureusement, on se rend compte aujourd'hui du pouvoir des médias. C'est assez drôle d'ailleurs. Si les gens sont d'accord avec les journalistes, dans un débat, ils vont soutenir mordicus que oui, ils ont raison, ils l'ont dit à la télé. Par contre, si ce que dit le journaliste ne leur plaît pas, ils se planqueront derrière le fait que les journalistes, et c'est bien connu, disent n'importe quoi. Je ne parlerai pas ici de la qualité de l'information, je l'ai déjà fait, (cf un des premiers articles du blog) et tout le monde a compris.
Parlons maintenant de vérité. J'ai été moi-même témoin d'une entourloupe médiatique. Je suis parti en colonie de vacances lorsque j'avais 15 ans, avec un organisme qui s'appelle le BBYO, dans le groupe Alpy Days, nom qui décrit le voyage en France des adolescents de 13 à 16 ans à peu près. Et ce groupe de 50 jeunes a fait la une de l'actualité en France pendant bien 3 ou 4 jours. Je vais donner les faits très précisément puisque j'y étais, et après nous verrons ce qu'on dit les média.
Ma version :
Nous avions dormi la nuit dans un camping, et nous avons demandé au responsable un itinéraire pour rejoindre la base de rafting le matin. Ainsi renseignés et munis d'un plan fourni par cette personne, nous nous sommes mis en route. Assez rapidement, nous avons, conformément à notre plan, quitté la route pour emprunter une espèce de zone avec du sable humide un peu partout. J'étais parmi les premiers. Ca n'était pas très agréable de marcher dans du sable mouillé, mais je suis arrivé de l'autre côté sans souci. En me retournant, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir mes amis en train de s'enliser dans la boue. Evidemment, tout le monde à lâchéles sacs à dos pour aider les gens qui n'arrivaient pas à sortir de ce bourbier. Sur le moment, je n'ai pas paniqué, ça n'avait paslieu d'être, parce que ça n'était pas non plus des sables mouvants, mais bon suffisamment pour que certaines jeunes filles n'arrivent plus, avec la fatigue du parcours et l'amollissement de la terre, à s'en sortir. Bref, après une bonne demi-heure de galère boueuse, nous sommes tous arrivés sains et saufs de l'autre côté, bien que certaines filles soient un peu traumatisées. Un peu plus loin nous attendaient sagement un camion de pompiers et un camion de policiers, qui nous ont gentiment demandé si tout allait bien, avant qu'un de mes animateurs les engueule assez violemment pour ne pas être venus nous aider. Bref, bien entendu, du coup on s'est reposés sans rafting, et tout est rentré dans l'ordre. C'était jusqu'à ce qu'on entende les infos…
Les infos :
On est dans le bus du retour, on écoute un truc comme Radio Bleue Savoie, quelque chose comme ça, et on apprend en titre phare qu'un groupe de 50 enfants de 12 à 13 ans a failli mourir noyé dans de la gadoue. Jusque là, mise à part les erreurs sur l'âge et la gravité réelle de notre aventure, pas de quoi hurler. Mais le soir, sur TF1, et les autres d'ailleurs, ce fut l'occasion de vilipender ces animateurs de colos imprudents qui font n'importe quoi, avec bien entendu le vieux paysan du coin qui témoigne parce qu'il a tout vu et que ces groupes de gosses sont franchement timbrés. Et on nous explique gentiment qu'il y avait un panneau EDF montrant que la zone était dangereuse, et qu'on n'avait qu'à faire gaffe.
Le fin mot de l'histoire
Un fait simple : le BBYO, l'organisme de colo, a attenté un procès à EDF et l'a gagné. Non seulement il n'y avait pas de panneau, mais EDF a ouvert un barrage sans prévenir personne. Et voilà comment on détourne une histoire pour créer la sensation dans une actualité estivale bien morne… Au final dans la tête des gens, mon organisme et l'ensemble des organisateurs de centre de vacances sont salis, et EDF s'en sort très bien alors que si nous étions arrivés ne serait-ce qu'un quart d'heure plus tard, ce n'était déjà plus le même niveau de danger. Quand on a vécu ça, je vous garantis qu'on a un autre oeil de la couverture médiatique française.
A la limite, et je l'accord bien volontiers, c'est assez dérisoire comme histoire… Mais pourquoi la couverture médiatique serait-elle de meilleure qualité à l'étranger ? En particulier, et je me battrai encore et toujours contre ça, je refuse la désinformation qui touche au conflit israélo-palestinien. Car nos médias français ne sont pas neutres, loin de là, mais pire, la mauvaise foi médiatique française est exaspérante. Mais à la limite, de la mauvaise foi, ce n'est pas grave. Ce qui est plus grave c'est le poids des mots et le mensonge. En effet, certains journaux dits sérieux comme l'Humanité (ok c'est discutable), mais aussi Libération parlent régulièrement de Palestine. A tel point qu'un de mes collègues de bureau a eu du mal à me croire quand je lui ai expliqué qu'il n'y avait pas encore d'état palestinien… Pire : il n'y en a jamais eu. Non, ce n'est pas un procès d'intention, je suis favorable à la création d'un Etat palestinien. C'est un fait réel. La Palestine en tant qu'Etat des Arabes vivant dans cette région n'a jamais existé. Les Palestiniens sont en fait les Arabes qui ont vécu dans cette région du monde qu'on appelle communément "Palestine", et qui aujourd'hui s'appelle, Israël, Liban, Égypte, Jordanie, Syrie. C'est un petit peu comme-ci on parlait encore de la Perse ou de l'empire Ottoman. Le poids des mots, vous dis-je.
C'est pareil, ce n'est qu'un élément parmi d'autres. Je ne parlerai pas du comportement honteux de certains journalistes du service publique, je pense en particulier à M. Charles Enderlin, toujours à l'affut dès lors qu'il s'agit de lancer une polémique sur Israël, même sans être complètement certain de son fait, et surtout, sans jamais apporter de démenti quand il se trompe. Je pense en particulier à l'affaire Mohammed Al Dura, où le doute était permis. Les circonstances de cette affaire sont pour le moins suspectes et les conclusions discutables. La page consacrée à l'affaire sur wikipédia et les liens correspondants donnent une vision trouble. C'est ici.
Ce qui est le plus agaçant dans cette histoire, c'est que dans le doute, les medias ne s'abstiennent pas : ils accusent. Moi je dis : quand on ne sait pas, on dit simplement qu'on n'est pas sûrs. Et un démenti ne sert à rien : dans la tête de mes compatriotes, les salauds de soldats israéliens ont sauvagement assassiné un gamin sans défense. C'est toujours cette rengaine de l'armée suréquipée contre ces pauvres palestiniens avec des cailloux. Connerie ! Les rockets Qasam envoyées sur Israël quasiment quotidiennement sont des armements de pointe, autrement plus dangereuses que des cailloux. Je remarque simplement que les fonctionnaires palestiniens ne sont pas payés, mais qu'étrangement, on trouve toujours des fonds pour alimenter en bombes et en missiles les terroristes. Mais bien entendu, si le peuple palestinien crève de faim, c'est de la faute d'Israël.
Pour les personnes qui vont lire ces lignes, je vous en supplie, prenez du recul par rapport à l'information, quelle qu'en soit la source, et quel qu'en soit le sujet. Libération et Le Figaro ne traitent pas les mêmes sujets de la même façon, loin s'en faut. tous les grands médias ne peuvent pas s'empêcher d'interpréter, tout comme nous. Alors il faut en lire beaucoup. Quand on parle politique française, c'est bien de lire Libé ET le Figaro. Quand on parle du conflit au Proche-Orient, il faut vérifier quelles sont les sources citées. Quand on voit une interview en vidéo, il faut vérifier qu'elle n'a pas été coupée et montée. J'en veux pour exemple ce scandale en France lorsqu'Ariel Sharon a soi-disant appelé les Juifs de France à aller en Israël parce que la France est un pays antisémite. Ce qui est bien entendu très éloigné du message qui est alors réellement passé (et je le sais parce que non seulement j'ai vu la vidéo, mais ma soeur était dans la salle en face de Sharon à ce moment).
Un dernier exemple qui me laisse un sentiment mitigé : Le massacre de Cana, une catastrophe, comme tout ce qui s'est passé au Liban. Pour moi, la maladie du Liban, c'est le Hezbollah. Enfin peu importe. Il a été de bon ton très rapidement d'imputer le massacre de Cana à l'armée israélienne, Tsahal. Voilà 2 sources d'information qui invitent à réfléchir. Les deux articles se trouvent ici et là) (et oui encore wikipédia). Je ne suis pas d'accord sur tous les contenus, en particulier sur le fait qu'Israël n'ait aucun scrupule à tirer sur des civils, mais je pense que ces renseignements laissent perplexes. J'affirme cela, parce que sinon, je ne vois pas l'intérêt :
– Pour Israël d'envoyer des millions de tracts pour prévenir les civils d'une prochaine attaque, diffusés notamment en Arabe.
– L'intérêt sachant cela pour les civils de rester dans leurs habitations, à part bien entendu s'ils y sont contraints.
Alors certes, c'est dur de quitter son lieu de vie, mais je ne pense pas que si on vous expliquait sérieusement que votre maison allait être bombardée vous resteriez dedans…
Voilà pour cette première saga sur le comportement honteux de beaucoup trop de médias. Alors certes, cette rubrique est plutôt pro-israélienne, ce qui ne veut pas dire que les actions israéliennes sont parfaites loin de là. Mais je ne pense à aucun moment avoir été anti-quoi que ce soit, en particulier, on peut être pro-israélien sans être anti-palestinien (et vice-versa). En tous cas, à ma modeste mesure, je combattrai de toutes mes forces pour la vérité. Ou au moins le bénéfice du doute, même si malheureusement, souvent, le mal est déjà trop profond.