Après on s’étonne… ou la nécessité d’un cadre clair
4 avr 2007 par Samuel Sebban |
Après quelques jours d’absence suite à un rush au boulot, me revoilà, toujours plus fort, pour donner mon sentiment sur les problèmes que rencontre notre beau pays. Non, je ne suis toujours pas un expert, mais bon, ça me fait plaisir, et ça soulage mon entourage qui du même coup, évite mes états d’âme. Bref…
L’idée du cadre. Elle m’est venue de deux types d’expériences distinctes, l’une quand j’animais des colonies de vacances, l’autre, en observant les automobilistes. Là, théoriquement, personne ne voit le rapport. Je m’explique ; la thèse est la suivante : selon moi, chaque individu a besoin d’un cadre très clair et assez strict pour se sentir en confiance dans un environnement, même si le cadre doit prévoir un espace de liberté.
Le cadre en centre de vacances
En centre de vacances, en général, nous conseillons aux animateurs d’être très fermes sur les règles de vie pendant les 2 ou 3 premiers jours, quitte à lacher du lest ensuite une fois que les règles sont clairement comprises par les enfants. Face à cette consigne, il y a 2 comportements :
- les animateurs qui ne respectent pas la consigne, volontairement ou pas, parce qu’ils ne veulent/ne parviennent pas à être durs avec les enfants.
- les animateurs qui jouent le jeu, et qui sont haïs des enfants les premiers jours, éventuellement parce que criant trop ou trop fort.
Cependant, j’ai observé à plusieurs reprises par la suite que :
1) lorsqu’ils ont un problème, les enfants s’adresseront préférentiellement à l’animateur qui a respecté la consigne.
2) l’animateur « laxiste » perd son autorité ; il n’a petit à petit plus aucune marge de manoeuvre, et sa crédibilité s’effrite vis-à-vis des enfants. Si par hasard, ils essaient de hausser le ton, les enfants leur répondent de façon insolente.
J’ai senti ces phénomènes quand j’étais animateur, et ce sentiment a été confirmé quand je suis passé à la direction de centres, et à la formation d’animateurs. Le cadre, en colo, c’est la clé.
Le code de la route et le laxisme
Lorsque l’on observe les conducteurs en ville, il est difficile de ne pas être atteré. Voici par exemple trois règles du code de la route qui ne sont pas respectées, sans être pour autant sanctionnées :
1) il est interdit de rouler dans une voie de bus (sauf pour les véhicules autorisés)
2) les motos n’ont pas le droit de circuler entre les voitures ; elles sont considérées comme des véhicules et à ce titre, elles doivent circuler dans une voie matérialiée, derrière ou devant une voiture.
3) Tout piéton engagé sur la chaussée (sur un passage piéton ou non) est prioritaire
Et là, nous arrivons à ce qu’on appelle l’infraction « tolérée ». Et bien moi je dis : ou bien il y a une règle et on l’applique, ou bien il n’y en a pas. A quoi cela sert-il d’énoncer des règles, si dans la pratique, elles ne servent qu’à calmer un hypothétique policier mécontent qui aurait envie de se défouler ?
S’il est interdit de rouler dans une voie de bus, il faut faire respecter cette interdiction, pareil pour les motards. Qui sont ces gens qui s’estiment au-dessus des lois sous prétexte qu’ils sont partis en retard de chez eux ? Alors, on pourrait me dire que ce ne sont pas des fautes graves. C’est vrai, mais à mon sens, le travail commence là. Si on ne sanctionne pas les petites fautes, alors certains tenteront des fautes plus graves, et ainsi de suite.
Parce que je n’ai parlé que du code de la route, j’en viens à la cause des problèmes de la France. Nous vivons dans un pays submergé par la loi, que nul n’est censé ignorer, mais qui pourtant est impossible à connaître dans son ensemble, du fait de sa quantité et de sa complexité. Dès lors qu’apparait un problème, le gouvernement légifère, c’est-à-dire, crée une nouvelle loi. Où est la réflexion ? Où est le bon sens ? Où est le débat ? Aujourd’hui, la seule chose qui fait foi, c’est la jurisprudence, à la limite, la loi est passé au second plan. Forcément, nous ressentons cela, alors comment veut-on que nos politiques aient la moindre crédibilité avec leurs promesses ? Ce qu’il faudrait, c’est un bon coup de balai dans les différents textes censés régir la France. Et les faire respecter, de gré ou de force. Si on ne sanctionne pas les gens qui sortent du cadre, nous perdons nos repères, et on assiste au spectacle de personnes qui peuvent faire ce qu’ils veulent impunément. Il faut redonner son pouvoir à la loi.
Le cadre est mort. La population n’a plus confiance en l’avenir, ni en ses politiques, alors elle s’inquiète, et elle proteste… Ca rappelle quelque chose à quelqu’un ?