Bravo Sarko, à bientôt Ségo !
7 mai 2007 par Samuel Sebban |
Et bien voilà, la campagne présidentielle 2007 est terminée. Nicolas Sarkozy est élu président de la République avec un peu plus de 53 % des voix. Pour autant, sa rivale n’aura pas démérité. Cela pourrait aller dans un sens contraire à ce que je disais dans un de mes articles précédents, mais je ne fustigeais là qu’une stratégie de communication, et pas une personne.
1) Une victoire sans appel
Nicolas Sarkozy a remporté une victoire sans appel hier, n’en déplaise à ses adversaires. Pourquoi ? Avec un taux de participation de 84 % et une part d’à peine 5 % de votes blancs, on peut dire que les Français ont réellement départagé les deux candidats. Les représentants de M. Bayrou peuvent toujours expliquer qu’ils n’ont pas pris parti, M. le Pen pousser l’arrogance à son paroxysme, certaines personnalités de gauche être très mauvais perdants (Mme Taubira sur M6 en a été l’exemple parfait), la victoire de M. Sarkozy est incontestable. Et par là, la victoire des thèmes si souvent contestés.
Dans la victoire, si on sentait de l’émotion, de la joie, et surtout du soulagement, M. Sarkozy a été digne et a prononcé un discours très porteur, notamment sur le plan international, et a rendu hommage à sa concurrente. Je suis un peu choqué de voir que certaines personnes condamnent M. Sarkozy pour avoir salué les Américains. Décidemment,certaines personnes ont du mal à percevoir où sont les intérêts de la France… Je m’amuse également beaucoup de constater que certains pensent que la France va envoyer des troupes en Irak… A mon sens, ils auront au moins une bonne surprise pendant ces « 5 ans fermes ».
Mais ce score, outre la légitimité, confère une énorme responsabilité à M. Sarkozy, lui qui a été investi par une majorité importante parmi un nombre record d’électeurs. L’obligation de résultats est nette, et le futur président sera attendu au tournant. Il faudra avoir les nerfs solides
2) Ségo a perdu… What’s next ?
Ce qui s’est passé hier soir était, tantôt intéressant, tantôt pitoyable. Pitoyable étant donné le nombre de « personnalités » qui ont retourné leur veste, et dont l’opinion varie avec le vent. Ceux dont on a découvert hier soir qu’ils n’avaient jamais réellement soutenu Mme Royal, mais qui étaient au premier rang aux meetings. Et après on s’étonne que la gauche perde.
Ceux qui se désolidarisent de Mme Royal n’ont rien compris. Elle est incontestablement devenue le leader dont la gauche avait tant besoin. Elle a fait le meilleur score que la gauche pouvait espérer. M. Straus-Kahn, avec tout le respect que j’ai pour lui, peut montrer son amertume (idem pour Fabius pour qui je n’ai pas beaucoup de respect), il n’aurait pas fait mieux. Parce que Mme Royal a su bousculer un parti pourtant englué dans un conservatisme étouffant. Et il fallait du courage. Respect, Ségolène. Il faut absolument que le PS épaule désormais Mme Royal pour les prochaines échéances.
Cela étant dit, que faut-il pour gagner une élection ? Un leader, et un projet. Selon moi, le leader était là. Et le fait que ce leader soit une femme ne change rien. Mme Royal n’a pas perdu parce qu’elle était une femme, contrairement à ce que j’ai pu entendre. Elle a pu être victime de misogynie, surtout au début de la campagne, mais il est incontestable qu’elle a su se poser en leader, et en véritable candidate. Et d’ailleurs, si elle avait gagné, qui aurait parlé de misogynie ? (« La France n’était pas prête pour élire une femme) Elle a quand même attiré un nombre record d’électeurs…
Pourquoi donc a-t-elle alors perdu ? Elle a perdu sur les idées, et sur son projet. Comme l’admettait hier Mme Belkacem, un peu amère, M. Sarkozy a eu 5 ans pour préparer son projet. Laissant entendre que le projet du PS avait été légèrement bâclé ? Oui, sans doute. Thèse confirmée par Bernard Kouchner qui répondait au brillant Laurent Wauquiez sur la nécessité pour le PS de se mettre au clair avec ses idées. Non, si Mme Royal a perdu, c’est parce qu’elle n’a pas eu derrière elle l’unité dont a joui le leader de l’UMP. Si elle a perdu, c’est parce que le projet du PS a été prêt trop tard. C’est parce qu’ils ont mis bien trop de temps à s’unifier derrière un leader.
A contrario, effectivement, M. Sarkozy a lui soigneusement préparé son projet, et ce depuis des années. Si l’on en croit les attaques dont il a été l’objet, cela n’a pas empêché d’agir dans les différents ministères (s’il n’avait rien fait, on l’aurait critiqué sur une absence de bilan et non sur son bilan). Son projet, mieux construit, était plus en adéquation avec les attentes des gens. En effet, même les plus féroces opposants de M. Sarkozy avaient des problèmes de personnes, rarement des problèmes idéologiques. Je parle en particulier de la précampagne, pas de la campagne et des polémiques sur l’immigration, sur l’inné et l’acquis, en particulier ces derniers qui ne figurent pas dans le programme du candidat. Hier, j’entendais des personnalités de gauche accuser N. Sarkozy de fouloir supprimer la sécurité sociale… Pour l’instant ce n’est pas au programme, malgré toute la haine qu’on peut avoir pour cet homme. M. Sarkozy a gagné sur le terrain des idées et des thèmes, que ça plaise ou non.
Reste maintenant au nouveau président de constituer une équipe à la hauteur, avec ses 15 ministres. Je vois d’un assez bon oeil les rumeurs qui circulent, notamment concernant les retours ou les arrivées aux affaires de M. Juppé, de M. Fillion, de M. Borloo, de MAM, de Rachida Dati, de Patrick Devédjian, et même Claude Allègre, homme intelligent et compétent. Par contre, je n’aimerais pas que l’opportuniste traitre Besson soit au pouvoir. On ne peut pas accuser Mme Royal de retourner sa veste avec M. Bayrou et reconnaitre une quelconque légitimité à M. Besson, le « prostitué de la politique », comme je m’amuse à l’appeler. Rachid Taha a également rappelé, au milieu de son discours par ailleurs stupide, que M. Sarkozy est le premier président issu de l’immigration, et c’est effectivement une bonne nouvelle. Reste au nouveau président de tenir ses promesses, et à mener une politique à la hauteur des espoirs suscités. Rendez-vous dans cinq ans, avec je l’espère une gauche renouvelée, sociale démocrate, emmenée par une Ségolène Royal forte de son expérience acquise et qui saura faire triompher des idées nouvelles d’une gauche moderne, s’appuyant sur un projet cohérent et pas sur une diabolisation excessive ! Bonne chance Sarko, à bientôt Ségo !