De la surenchère de la souffrance…
22 jan 2007 par Samuel Sebban |
Je regardais à l'instant quelques réactions de lecteurs sur l'actualité internationale, en particulier ce qui se passe au Proche-Orient, et je dois bien admettre que je suis un peu affligé.
Une première question me vient directement à l'esprit, et fait l'objet du titre de cet article. Pourquoi doit-on toujours comparer les souffrances ?
Des Palestiniens sont tués, oui mais tu sais, en Irak c'est pire. Des Israéliens reçoivent des rockets, mais tu comprends, les Palestiniens souffrent. La Shoah ? Mais ce n'est rien à côté de l'esclavage des Noirs (spéciale dédicace à Dieudo). Mais arrêtez de parler du Proche-Orient, et le Darfour ? Y'en a un paquet comme ça… Bref, grosso modo, des gens meurent, et selon leur tête, leur couleur de peau, leur origine, c'est plus ou moins grave. Je vous souhaite de tout mon coeur de ne jamais perdre un enfant.
Je dois bien admettre que cette surenchère m'agace. On ne peut que déplorer que des civils innocents meurent, qu'ils soient Africains, Palestinients, Israéliens, ou quiconque… En quoi, sous prétexte qu'Israél occupe soi-disant l'ex Palestine, cela justifie-t-il de se faire sauter dans des bus ou des écoles ? En quoi les civils irakiens sont-ils fautifs parce qu'ils sont ou pas chiites ? A la limite on se fout de toute considération politique. Je suis personnellement pro-israélien et pro-palestinien, et alors ? Où est-il marqué que c'est incompatible ?
Avec un tout petit peu de bon sens, on doit pouvoir se dire qu'un enfant qui meurt est une catastrophe internationale… De quoi un enfant de 8 ans est-il coupable ? N'est-il pas obscène de dire : "oui mais tu comprends, lui c'est un enfant X, alors que tous les enfants Y qui meurent, on en parle pas…" Et alors, ça va ressusciter l'enfant X de parler des enfants Y qui meurent ? Parlez-en, des enfants Y qui meurent, mais, ça ne vous empêche pas de laisser les gens pleurer la mort de l'enfant X. Et de la déplorer…