Débat à l’espace Rachi – Analyse
21 mar 2007 par Samuel Sebban |
Bien que je ne sois pas un expert, loin de là, je voudrais revenir sur le débat auquel j’ai assisté la semaine dernière à l’espace Rachi (c.f. compte-rendu ici puis là). Pour commencer, il faut rappeler que le public était essentiellement composé de Français de confession juive, particulièrement sensibles aux problèmes de l’antisémitisme et à la situation au Proche-Orient.
Tout d’abord, j’ai passé une bonne soirée, durant laquelle pour une fois, le débat n’a pas trop pâti des querelles intestines entre les différents partis, et, il faut bien l’admettre, ce n’est pas grâce à M. Assouline, qui représentait le PS. Ce dernier n’a cessé de tacler l’UMP et Nicolas Sarkozy, ce qui est son droit, mais, à mon sens, et la salle ne s’y est pas trompée, il a tenu des propos déplacés et injurieux à son égard. On peut être d’accord sans se montrer irrespectueux et désobligeant. Pire, la réaction du public a provoqué une période tendue et floue ou le public sifflait, criait, et interpelait M. Assouline, qui, vraiment, n’a rien gagné face à un public déjà pas nécessairement acquis à la cause du PS. Non, M. Assouline, ce n’était pas un « meeting », comme l’a suggéré M. Finkielkraut suite à votre dernière intervention, mais un débat, c’est-à-dire un échange d’idées. Heureusement que M. Bourlanges était là pour apaiser les esprits.
M. Bourlanges, d’ailleurs, qui m’a fait une belle impression. Malgré un discours relativement creux sur la politique au Moyen-Orient, où son seul leitmotiv est de se poser, nous, Europe, en porteur de paix et de détente dans cette région, il participe de façon constructive au débat, et contribue à la crédibilisation de l’objectif avoué de M. Bayrou de réunir les meilleures idées de droite et de gauche. Après, je trouve sa position sur le plan international inquiétante d’attentisme, ce qui ne signifie pas pour autant que je suis en faveur d’une politique interventionniste. Cependant, j’attendais une prise de position nette et claire, car ne pas prendre position, c’est se mettre en situation de faiblesse, à mon sens.
Sur M. Lellouche, peu de choses à dire, il a relayé avec brio le discours de M. Sarkozy, et a su résister aux provocations incessantes de son homologue du PS. Il a su écouter les critiques de M. Bourlanges, semblant même parfois les accepter, notamment sur le « ministère de l’immigration et de l’identité nationale ». Il a de plus parfaitement joué la carte électorale en jouant à merveille le rôle de victime innocente assaillie par le méchant monsieur du PS. Un homme plein de finesse, clairement, qui avait l’avantage d’avoir un public relativement acquis à sa cause, car jouissant d’une excellente réputation au sein de la communauté juive.
Pour conclure, nous avions affaire à des hommes rompus aux jeux de la politique, néanmoins, le représentant du PS qui remplaçait Julien Dray à la dernière minute n’était clairement pas au niveau de ses deux brillants homologues, quoi que sénateur. L’apport de M. Finkielkraut et de M. Stora n’est pas non plus à négliger. Concernant l’organisation de la soirée d’un point de vue logistique, elle fut très moyenne. Tout d’abord, le fait de ne pas limiter le temps de parole des politiques fut une erreur, et ce à deux égards :
- Il y eut des écarts entre les temps de parole des interrogés
- Le public n’a pas pu poser ses questions, comme cela aurait du être le cas
Il eut mieux fallu, comme cela semblait prévu au débat, donner la parole quelques minutes à chaque personne, et passer à un débat en interaction avec le public. Par ailleurs, l’animateur n’a pas su tenir le débat, le laissant s’envenimer et même clairement dégénérer sans réagir. Animer un débat houleux, cela s’apprend, et cela passe notamment par une très grande rigueur vis à vis des invités.
Néanmoins, la soirée fut riche d’enseignements, et malgré la frustration palpable de la salle, je suis heureux d’avoir été présent.