Du premier au second tour – Premières réactions
23 avr 2007 par Samuel Sebban |
Hier a donc eu lieu le premier tour de l’élection présidentielle française 2007. Comme à peu près tout le monde, je me réjouis de la mobilisation de la grande majorité des Français, parce que cela prouve que la majorité des gens ont une vraie conscience de ce dont je parlais sur l’article où j’appelais à aller massivement aux urnes ces derniers jours.
Je pense que la France s’est élevée contre Jean-Marie le Pen et le FN. Le message est clair : nous ne voulons ni de lui, ni de ses idées. La défaite cuisante que j’appelais de mes voeux s’est produite et pour la première fois depuis bien longtemps, le FN a fortement régressé. Ma joie au moment où j’ai découvert que Le Pen ne dépassait pas les 11 % est à la hauteur du choc du 21 avril 2002. A l’époque, j’en avais pleuré, qualifiant la France de « pays de merde », bien entendu sous le coup d’un profond chagrin et d’une grande colère. Aujourd’hui, plus que jamais, je suis fier d’être Français. Peu m’importe à présent le résultat du second tour, mon plus grand espoir est satisfait.
Hier soir, je regardais un petit peu l’ensemble des émissions politiques et les tentatives de « drague » électorale pour s’arracher les électeurs de l’UDF de François Bayrou, qui avec son score va clairement jouer le rôle d’arbitre dans cette histoire. Enfin, c’est ce que tout le monde dit. Reste à savoir dans quelle mesure ses électeurs, fraichement « convertis », vont suivre une éventuelle consigne de vote. En effet, si on suppose que M. Bayrou est positionné au centre anti-système, il va être très difficile pour lui de cautionner gauche ou droite, puisqu’il se replacerait ainsi, de fait, au coeur du système bipartite qu’il a si violemment combattu. Cet élément pourrait être vécu comme un forme de trahison par ses électeurs, qui, nombreux, sur le web, appellent à voter blanc.
Mais ces émissions politiques ont également vu des candidats de l’extrême gauche vexés s’en prendre de façon violente à M. Sarkozy. Maintenant, l’objectif, c’est de battre Sarkozy. Ce qui m’attriste, d’ailleurs, au PS ou ailleurs, c’est qu’on ne cherche absolument pas à faire gagner Royal. On veut juste battre Sarkozy. Ce que je veux dire, c’est que quand les gens s’expriment, on a parfois l’impression qu’ils votent Royal plus pour éviter Sarkozy que par conviction profonde. Et c’est bien dommage. Dommage notamment que le PS encourage cette animosité, notamment M. Fabius sur TF1 (à qui j’ai définitivement envie de mettre un coup de tête, bon, certes moins que Noël Mamère hier soir), plutôt au contraire que d’essayer de faire triompher le modèle de société de Mme Royal, tout à fait respectable par ailleurs. Quand des gens me disent, « je ne suis pas d’accord avec telle partie du programme de Sarkozy », je n’ai pas de problème. Par contre, quand on me dit « En fait, quand Sarkozy dit ça, il pense ça », ça m’agace. De quel droit Mme Royal serait jugée sur son strict programme et M. Sarkozy sur sa personnalité ? Le pire, c’est que ces mêmes gens qui fustigeaient les personnes qui raillaient Mme Royal sur ses soi-disants bourdes sont aujourd’hui les premiers à attaquer Sarkozy sur des choses qu’il aurait voulu dire. On qu’on voudrait bien lui faire dire. Enfin toujours est-il qu’aujourd’hui, on voudrait nous faire croire qu’on a le choix entre une incompétente et un fou dangereux. Et bien j’aimerais qu’on ne soit pas dupes. On n’arrive pas au second tour d’une présidentielle, en battant au passage tous les scores précédents, en étant bête ou même dangereux. On se fait casser avant. Ces deux candidats ont fait des campagnes brillantes, en tout cas en termes de communication, et, même si je regrette qu’on ait pas pu réellement déceler des projets de société derrière les attaques à répétition, on ne peut que les féliciter au vu des résultats.
Tout ça me fait penser qu’il faut tout de même avoir les nerfs solides pour faire de la politique. Que ce soit, Nicolas ou Ségolène, ils en ont quand même pris plein la tronche. Le problème est que les gens semblent ne pas pouvoir faire la part des choses en période électorale. Comme si les candidats disaient tout ce qu’ils ou elles pensent… Ca se saurait… En fait, le truc, c’est que Sarkozy peut mettre n’importe quoi dans son projet, on le taxera de mauvaise foi. Idem pour Mme Royal et l’incompétence. Et après, les gens viennent t’expliquer qu’ils veulent un débat « projet contre projet ». Désolé, mais j’ai peur que ça reste un énième bataille de personnes. Enfin, on verra le 2 mai.
Le plus marrant, aujourd’hui, c’est M.Besson, qui, à peine sorti du PS par la petite porte, revient en force dans le team de campagne deSarkozy. Moi, j’appelle ça de la prostitution. Si on accepte l’idée (que personnellement je réfute), que la droite et la gauche sont deux mondes radicalement différents, ça me fait doucement rigoler sur la conscience politique de certains, dès lors qu’un ministère est en jeu. Par ailleurs, quand on sait que M. Besson est co-auteur du pamphlet anti-Sarkozy publié par le PS au débu de la campagne… et bien moi, personnellement, je reste pantois. Ca nous prouve quand même bien, et je rejoins Bayrou là-dessus, que cette histoire de gauche et de droite et d’opposition farouche, c’est quand même une vaste connerie.