Le festival Les Musicals à Paris – Retour sur ce que mes oreilles et mes yeux ont pu capter
9 août 2007 par Samuel Sebban |
Comme je l’annonçais dans un article précédent, le début de l’été, s’il a été marqué par un lourd excès de temps pourri, a également vu pour la première fois l’apparition à Paris d’un festival de comédie musicale, mettant à l’honneur la création et peut-être un peu moins les blockbusters. Même si le Roi Soleil (que je n’ai pas vu et verrai probablement en DVD) ou encore Cabaret (que j’ai vu et que je recommande vivement) étaient à l’affiche, nous avons notamment pu profiter de ce que les organisateurs ont appelé le « prix découverte », qui récompense une oeuvre parmi une dizaine de créations. Et j’en parle, parce que justement, Révolution, de mes amis Ludovic et Julien, dont j’ai participé à la création à Centrale, était en compétition. Et que du coup j’ai envie de faire de la promotion. Je précise que les spectacles ne sont que des lectures et que du coup ils ne sont pas produits en intégralité voir carrément pas finis.
1) Révolution
Depuis que j’ai fini mes études, le spectacle a évolué, et le résultat est à la hauteur. Et pourtant j’avais peur, j’avoue (Julien, Ludo si vous me lisez, j’avoue, j’ai craint ). Servi par un casting franchement classe, avec des professionnels qu’on a pu voir notamment dans Un violon sur le toit ou encore Le cabaret des hommes perdus (récompensé par un Molière cette année et qui a notamment fourni mon héritier dans le rôle du bourgeois Victor Gestain, la classe), ou simplement étoiles montantes du musical, le spectacle est rythmé, vivant, et franchement abouti. Retenez bien Révolution, parce qu’à mon avis on n’a pas fini d’en entendre parler. Si vous voulez quelques chansons, vous pouvez aller sur le myspace du spectacle.
2) 1939-WAR-1945
WAR est un projet très intéressant qui relate la vie d’un petit village de résistants pendant la seconde guerre mondiale. Rien que les quatre chansons qu’on trouve sur le site des musicals donnent le ton. C’est de la grande classe. Cependant, le spectacle m’a déçu : ça manque pas mal de rythme pour le moment. Par ailleurs, le casting laisse à désirer. Il y a du monde sur scène, mais la comparaison face au casting de la maquette ne tient pas la comparaison. Imaginez plutôt : Fabian Richard (le Emmcee de Cabaret), Vincent Heden (Tintin et le temple du soleil, Camille C., Titanic, …), Jérome Pradon (Marius et Javert dans Les Misérables, Lord of the Rings, Le cabaret des hommes perdus, …) et pas mal d’autres moins prestigieux mais tout aussi talentueux (Delphine Elbe, Stéphane Métro, Hervé Lewandowski, etc…). A mon avis, le spectacle a un potentiel immense, mais la lecture n’a pas montré autre chose que du potentiel… A suivre donc. Par contre, mention spéciale à la chanson Jaloux de lui, que vous pouvez écouter sur le site des musicals, que je trouve plus qu’extraordinaire. Elle me donne des frissons. C’est un vrai coup de coeur, chapeau l’artiste (en l’occurence les artistes : Fabian Richard pour l’interprétation mais aussi Stéphane Métro, l’auteur compositeur).
3) Brocéliande
Brocéliande, c’est un casting initial impeccable : Stéphane Métro en Arthur, Fabrice Todaro en Lancelot (un copain, qui a joué aussi dans Révolution et War), Mathilde Hennekine, que j’aime beaucoup, Franck Vincent, le Tevyé du Violont sur le toit, Hervé Lewandowski et les exquises Rachel Pignot et Léovanie Raud (je ne les connaissais pas).
C’est aussi une histoire géniale : le roi Arthur, le Graal tout ça, y a tout ce qu’il faut. Les chansons de promotion sont prometteuses, on peut les écouter ici, ou là. Le spectacle était vraiment une lecture. Pas du tout abouti, très minimaliste, on a du mal à se rendre compte, parce qu’on sent bien que celui-ci vise à être grandiose avec des décors, des super costumes et tout ça. Après, ce que je reproche un peu, c’est que c’est très gnangnan. Il faudrait prévoir un peu de « violence » au milieu des ballades On parle quand même de guerriers ! A suivre là encore, je pense qu’il y a moyen de faire quelque chose de bien. Mais j’avoue que je suis resté sur ma faim.
4) Anne, un journal musical
Adaptation du fameux journal d’Anne Franck, j’y suis surtout allé parce que mon ami Julien jouait là-dedans. Je ne vais pas m’attarder dessus, j’ai trouvé ça très bien, mais beaucoup trop court. La scène sur l’allumage des bougies de Shabbath est très émouvante, c’est un joli spectacle. Il devrait se jouer à la rentrée de façon régulière. Il est présenté avec les élèves de l’AICOM (Académie Internationale de Comédie Musicale).
Voilà pour le prix découverte. Mais attention, il y’avait aussi de « vrais » spectacles, montés et tout. J’ai vu l’excellent Camille C., qui avait remporté contre toute attente un molière en 2005, et ce spectacle est magique. Il raconte la vie de Camille Claudel. 5 personnes au talent fou sur scène, des chansons percutantes, du rythme (bien que quelques longeurs), de l’émotion, une mise en scène extrêmement originale (notamment les moments où Camille sculpte, c’est très joli, la sculpture est matérialisée par une danseuse classique). Et mon coup de coeur, Vincent Heden, un chanteur à la voix cristalline qui bouleverse. Magnifique. Il n’a pour le moment certainement pas la reconnaissance qu’il mérite, mais je ne m’inquiète pas, ça viendra. Un petit extrait de Tintin, chez Drucker (il incarne Tintin) :
Shadowland
Je reconnais que la chanson est pas la meilleure que j’ai entendue dans ma vie (même si j’aime beaucoup la mélodie), mais ça donne une idée de M. Heden. J’aurais préféré montrer un extrait de Camille C., mais je n’en ai pas. Vous ne voudriez pas sortir un CD d’ailleurs, messieurs les producteurs de Camille ?
Sur ces belles paroles, il faut conclure. J’ai beaucoup aimé ce concept de festival, et j’espère qu’il perdurera, parce que, comme ils l’ont répété à plusieurs reprises, il y a un public pour le musical en France. Et j’en suis un de ses membres fervents ! Longue vie au musical et vivement Lion King cet hiver ! Petite annonce personnelle pour Le prince et le pauvre de mes amis Ludovic Vidal et Julien Salvia, qui est également prévue pour cet hiver ! Ca promet un hiver riche… et surtout coûteux !
Et oui je me commente moi-même… Mon article est un peu ambigu et pourrait laisser entendre que je m’en prends essentiellement à Anthony Verronese.
Je vais donc rectifier, et sincèrement : Je n’ai absolument pas critiqué Anthony et même, je l’ai au contraire trouvé excellent, contrairement à certains autres de la troupe que j’ai trouvés plutôt fades… Notamment, coup de chapeau pour l’interprétation de « Jaloux de lui », où j’ai trouvé qu’il soutenait la comparaison Sans rancune donc ?