Lettre ouverte au gouvernement
22 nov 2007 par Samuel Sebban |
Cher Nicolas, cher François, cher Xavier,
Comme moi vous avez remarqué que le climat social de ce mois de novembre est désastreux. Certes, vous n’êtes pas franchement aidés par les syndicats qui sont très clairement en train de jouer un troisième tour de présidentielle, écoeurés qu’ils sont d’avoir vu leur ignoble campagne de propagande TSS (Tout sauf Sarko) échouer lamentablement.
Les syndicats étudiants, UNEF en tête, sont probablement les pires de tous puisqu’ils bloquent les facs et les lycées de façon complètement anti-démocratique, avec des votes à main levées lors d’Assemblées Générales truquées. Si encore ils se battaient pour une cause qui en vaut la peine, mais non, les étudiants se permettent d’imposer leur point de vue sur un domaine qui les dépasse probablement : la gestion des universités. Ils ne sont pas encore diplômés, ils n’ont jamais mis les pieds sur le marché du travail, encore moins dans un bureau de directeur de fac, mais ils sont convaincus qu’il faut préserver le système actuel qu’ils critiquent pourtant régulièrement avec véhémence. Bref, là-dessus, rien à faire, à part si possible leur donner des fessées. Et alors les lycéens, n’en parlons pas.
De l’autre côté, reconnaissons-le ensemble : pour le moment, l’action du gouvernement est assez discutable. Nicolas, pendant la campagne, vous vous êtes placé en candidat du pouvoir d’achat. C’est bien. Cependant, vous savez comme moi que ce ne sont pas quelques heures supplémentaires qui vont changer le niveau de vie moyen des Français. Pourtant, vous connaissez la solution, vous l’avez proposée durant la campagne : conditionner la baisse des charges à la hausse des salaires. Pourquoi ne pas commencer par ça ? Ne pensez-vous pas qu’au lieu de se battre dès maintenant sur les régimes spéciaux de retraites, qui ne concernent finalement qu’une petite catégorie de personnes, réputés pour être des durs, il aurait peut-être fallu donner à ces personnes et à l’ensemble de la population des garanties pour l’avenir ? Mettez-vous à la place de l’ouvrier français qui gagne le SMIC dans des conditions de travail exécrables. Il entend parler d’heures supplémentaires, mais il ne peut pas en faire, c’est trop dur. Il entend parler d’intérêts d’emprunts, il a déjà du mal à payer son loyer. Il entend parler de bouclier fiscal abaissé. Et il entend qu’il n’y aura pas d’augmentation du SMIC, ce qui est certes une bonne chose, ça permet d’éviter un nivellement vers le bas, mais l’ouvrier s’en fiche. Mais pourquoi ne pas imposer aux patrons des abaissements de charges conditionnés à la hausse de tous les salaires ? Bien entendu, sous réserve que l’entreprise soit bénéficiaire. Les patrons vont délocaliser ? Taxez leur produits. Ils iront vendre ailleurs ?Peut-être.
C’est le problème de notre société moderne. Il y a quelques années, lorsqu’on voulait toucher les régimes spéciaux, la France entière allait dans la rue. Lorsqu’un attentat était commis contre des Juifs rue Copernic, même chose. Aujourd’hui, Ilan Halimi est torturé et assassiné parce que Juif et les seuls qu’on voit dans la rue sont les jeunes et les quelques militants antiracistes. La solidarité a disparu de la société française pour laisser place à un individualisme poussé à outrance, et le détournement des bienfaits de l’économie de marché a imposé à la société une culture du profit et de l’argent. Lorsqu’une personne de notre entourage a un privilège qu’on a pas, on préfèrera lui enlever son privilège que d’essayer de l’acquérir, ou mieux, de comprendre dans quel contexte et pour quelles raisons. L’économie de marché a transformé l’homme en animal asocial, qui ne pense qu’à une chose : lui. Et on parle de communitarisme. Forcément, à un moment, quand on sent que le pays nous lâche, on se tourne vers sa communauté d’origine, ou sa communauté religieuse. Que faire d’autre ? En même temps, pouvons-nous changer cette dérive naturelle qui consiste à évaluer les gens en fonction de ce qu’ils possèdent, autrement dit, l’esprit même de la société de consommation ?
La réforme des régimes spéciaux n’est pas une erreur en soi, elle est mal évaluée et, si elle rétablit une égalité d’un côté, elle en creuse une autre qui est véritable. Le problème lorsqu’on a des syndicats politisés, ce qui est le cas en France, puisque CGT, FO et autre CFDT sont des mouvements issus de la Résistance communiste, c’est que les conflits dépassent la plupart du temps le cadre de la mesure abordée. La solution est simple : il faut revoir en profondeur le système syndical français, qui avec 8 % de syndiqués n’a plus aucune légitimité. Pourquoi ne pas réfléchir à un système réellement par branche ou par types de métiers. Ainsi, on pourrait étudier au cas par cas les conditions.
Après tout, pour les retraites, il me parait normal que les employés de bureau, les cadres comme moi et d’autres travaillent plus longtemps que des ouvriers au 3/8ème, ou des personnes qui travaillent dans le social avec des personnes en grande détresse (métier très usant psychologiquement). Pourquoi, au lieu de faire une politique égalitariste on ne réfléchirait pas à une logique de compensation ? Si je travaille jusqu’à 65 ans et que je meurs à 85 ans c’est une chose. Mais si la personne a un travail physique, ou créateur de maladies en fin de carrière et une espérance de vie de 75 ans, c’est autre chose. Vous avez les statistiques, ce n’est pourtant pas très compliqué. Il faudra aussi rassurer les jeunes, qui, comme moi, sont convaincus qu’ils n’auront pas de retraite.
Si le climat social est tel qu’il est, Nicolas, François, c’est que trop longtemps le sentiment d’injustice sociale a été cultivé par le gouvernement. Le parachute doré d’EADS ou l’augmentation récente de votre salaire, Nicolas, sont autant de maladresses qui alimentent ce sentiment. Il est certain qu’au vu de vos responsabilités vous méritez d’être au même niveau que vos collègues étrangers, néanmoins, il s’agit de choisir son moment. Il eut été préférable d’annoncer la hausse de votre salaire en même temps que la mesure que je vous préconise. Vous n’êtes pas seuls responsables, mais vous tombez dans la même facilité. Je suis heureux de la nouvelle politique internationale engagée de la France, mais je suis attristé de voir que vos réformes se situent dans la lignée de celles de vos prédécesseurs, à savoir des mesures généralisées à tout le monde qui ne se résument finalement qu’à des coups médiatiques et à des slogans. Il doit y a voir suffisamment d’employés dans chaque ministère et des centaines de rapports complets sur ces questions. C’est très bien de demander un rapport, mais après il faut le lire.
Sur ce, je vous souhaite bon courage pour surmonter ces crises. Pour ce faire, il serait bon que vous essayiez de dialoguer avec vos concitoyens. Il ne s’agit pas d’aller sur le terrain quand il y a un problème, c’est bien trop tard. Il faudrait y aller avant. Vous avez été élu, c’est vrai, ce qui signifie que les gens vous ont fait confiance. Je vous souhaite que ça dure. Vous avez les capacité, à mon avis, pour mener à bien un réel projet. Ne cédez pas à la démagogie et à la facilité comme vos prédécesseurs.
Bien cordialement.
C’est rigolo… et plutôt sévère. Chacun en prend pour son grade. Bon. Quant aux solutions proposées, un peu vagues non ?
Pas d’idées précises mais quelques pistes de réflexion. Après, chacun son métier, je vais quand même pas leur faire tout le boulot non plus
c’est pas mal, mais il manque la redevance télé payé par les personnes agées et l’éco vignette sur les autos neuves, une vrai farce qui ne règle pas le problème en profondeur, et va donner une vrai gifle aux bas salaires et salaires moyens qui ne peuvent pas acheter une voiture neuve « comme ça ». Bénéficiaire à terme : les banques et organismaes de crédit
Et que penses-tu de la visite officielle « du démocrate » Kadhafi à Paris
Pas mal la politique étrangère, fauf voir!!!!
Bon tout ça va bien nous amener une grève (illisible) des transports le 12 décembre
à suivre….