Nicolas VS. Ségolène – Chronique de campagne
2 mai 2007 par Samuel Sebban |
Après plusieurs jours d’absence due à une surcharge inhabituelle de travail, et à quelques jours de congés bien mérités, durant lesquels j’ai notamment été voir le film Spiderman 3 dont je parlerai par ailleurs (et qui a valu à ma chère fiancée et moi-même d’apparaître en page 19 du journal Métro de ce mercredi 2 mai), me revoilà pour mon « analyse » de la campagne. J’adore faire ça, et quand la campagne va être terminée, ça me manquera… Parce que je n’ai aucun doute sur le fait que la politique redeviendra relativement barbante après…
1) Tout sauf Sarkozy
a) Une stratégie payante ?
En observant et en écoutant Mme Royal lors de ses meetings ou lors d’interviews télévisées, je trouve que la stratégie du PS vise un petit peu trop excessivement à créer un front de barrage contre la personne de M. Sarkozy. En effet, lorsqu’on observe les affiches officieuses, ou lorsque l’on écoute les gens parler, faire gagner Mme Royal pourrait presque apparaître secondaire : l’important, la priorité absolue, c’est de mater « l’ennemi » Sarkozy. Dommage pour le débat, mais c’est tellement plus facile de détester quelqu’un pour pas assumer ses choix… Comme ça, si Mme Royal est élue et qu’elle se plante, on pourra toujours se dire : « de toute façon, valait mieux ça que Sarko »… Pitoyable.
Alors certes, bien entendu, du côté des différents staffs de campagne, tous les coups bas semblent permis. Ce qui m’intéresse, personnellement, ce sont les paroles des candidats et non pas de leurs porte-paroles. Pourquoi ? Parce que ce qu’ils disent, en se prétendant libres, est représentatif selon moi des priorités de chacun d’entre eux. Ils font ressortir, lors de leurs interventions, l’essentiel de leurs projets respectifs. Et dans ces circonstances, je trouve malheureusement que la candidate manque de classe. Que sa seule possibilité quand elle est prise de court, c’est d’attaquer frontalement M. Sarkozy. Deux exemples :
1) Chez Arlette Chabot, sur France 2. Arlette Chabot lui demande ce soir-là, si, comme M. Sarkozy, elle souhaiterait contraindre les chômeurs à ne plus pouvoir refuser plus de deux offres d’emploi qui correspondent à leurs qualification. Mme Royal s’emporte alors et demande de façon particulièrement agressive pourquoi il faudrait s’en prendre aux chômeurs quand Noël Forgeard d’Airbus part avec plus de 8 millions d’euros, égratinant « la droite » qui laisse ce genre de choses se produire. D’une part, elle ne répond pas à la question posée, d’autre part, elle oublie que lorsque M. Forgeard a été désigné à la tête du groupe, le premier ministre était… M. Jospin, chef d’un gouvernement dans lequel Mme Royal était ministre déléguée à l’enseignement scolaire. Donc elle n’est pas en cause, mais enfin, si il existe une clause qui permettait le parachute doré, sur ce coup là, c’est un peu gros d’accuser la droite. Ca s’appelle de la caricature.
2) Quand PPDA demande à M. Sarkozy le principal défaut et la principale qualité de la candidate, il cite la pugnacité pour la qualité, et refuse de répondre sur le défaut. Mme Royal : « Il sait tout, il a réponse à tout » correspond à sa qualité et à son défaut, justifiant sa position par l’humour. Je trouve que ça manque de classe. Et ça décrédibilise un peu la soi-disante ouverture et la volonté d’écoute de tout le monde. Quand on veut nous faire croire que Sarko a tout faux et Ségo tout bon… Mais je vais y revenir.
Voilà donc juste deux exemples simplement sur la stratégie de Mme Royal, très claire à mes yeux. M. Sarkozy joue d’ailleurs là-dessus, en refusant systématiquement de répondre aux attaques de personnes, préférant fustiger des idées, un état d’esprit, un parti (le PS) ou la gauche. Très malin, mais dangereux. Certes, il peut dire à Mme Chabot « Mais vous m’avez déjà vu attaquer quelqu’un depuis le début ? ». Non, bien entendu, et c’est plutôt finement joué. Cependant, pour le débat entre les deux protagonistes de ce soir, ça risque d’être de l’attaque/défense Royal/Sarkozy, et si les choses se déroulent comme ça, Mme Royal s’en sortira, là encore, en faisant des phrases très longues, sans parler des problèmes posés pas son projet, mais se contentant de critiquer le programme de son adversaire. La critique est aisée, l’art difficile, dit-on. Mais cette stratégie pourrait être payant pour la gauche, même si je trouve cela détestable.
b) Comparer Sarkozy à le Pen ? Mais comment osent-ils ? Malgré tout, le Pen aurait réussi ?
Pour appuyer la thèse selon laquelle M. Sarkozy serait un monstre assoiffé de sang (je caricature à peine), il est de bon ton de le comparer à M. Le Pen, parce qu’il utiliserait des thématiques chères à l’autre ordure (oops… non, je n’aime pas M. le Pen). A bien y réfléchir, ce n’est pas sérieux.
Certes, M. Sarkozy a parlé d’immigration, ou d’identité. Effectivement, il n’est que rarement arrivé qu’un responsable politique évoque ces thèmes lors d’une campagne. Mais, en tant que petit fils d’immigré, élevé notamment par son grand-père hongrois, je vois difficilement comment M. Sarkozy pourrait à ce point renier ses racines. C’est pourquoi, quand il parle de contrôler l’immigration pour les raisons qu’il évoque, à savoir le fait qu’on ne peut pas se permettre d’accueillir tout le monde, parce qu’énormément de personnes immigrées vivent dans une extrême misère, il se trompe peut-être, mais la question mérite d’être posée. Quand il explique que les problèmes liés à l’immigration, notamment africaine, ne peuvent être résolus qu’en aidant l’Afrique à se développer, je ne vois pas ce que ça a de condamnable.
Quand il pose la question, certes de façon maladroite, de l’identité française, je pense personnellement que la question est d’ordre philosophique. La question posée est la suivante : qu’est-ce que signifie le fait d’ »être français » ? Ca met également en exergue que le fait d’être Français implique certes, des droits, mais aussi des devoirs. Alors pourquoi, là encore, ne pas poser la question ? Parce que ces thèmes sont réservés ? Le seul qui a le droit de décider de ce qu’est l’identité française, c’est M. Le Pen ? Je ne suis pas d’accord, et je suis également petit-fils d’immigré, je n’oublie pas mes racines.
Alors certes, je ne nierai pas que M. Sarkozy use là de thèmes qui ont tendance à séduire les électeurs de droite dite relativement dure, mais il est encore loin de l’extrême droite intolérante et injuste. Ce que je démontre maintenant.
Comment comparer ce monsieur à un monstre comme le Pen, qui est capable de faire un bon mot en comparant M. Chirac à Marc Dutroux, le célèbre pédophile, comme si l’on pouvait rire de tout. Qui se permet de parler du génocide de la seconde guerre mondiale comme un « détail de l’histoire ». Qui est clairement intolérant (« Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l’équilibre de la nation. », ou sur les homosexuels : »« La loi (…) n’a pas à légiférer au profit de lobbies organisés (…) prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif. »), et bien entendu raciste (« Je crois à l’inégalité des races » ou encore « « Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. » »), en passant par des paroles fortement antisémites, mais je ne m’attarderai pas là-dessus, car je suis de parti pris, et qu’il parait que quand on est de parti pris, on doit fermer sa gueule. Qui est d’ailleurs un condamné multi-récidiviste. Qui est une personne violente, parfois même physiquement, et condamnée pour cela.
Donc quand des gens bien-pensants comparent Sarkozy à le Pen, qu’est-ce que cela prouve ? Qu’effectivement, les idées de M. Le Pen sont banalisées. Mais ce n’est pas la faute de M. Sarkozy, mais des gens qui croiraient que Sarkozy est aussi dangereux que le Pen. C’est en fait croire que M. Le Pen est beaucoup plus innofensif qu’il ne l’est en réalité, bien qu’il ait réussi ce pari incroyable que de faire du FN une force politique calme et soi-disant respectable. Pour moi, le fait que des personnes associent Le Pen à Sarkozy est quelque chose d’assez grave, et atténue quelque peu ma joie suite au score de le Pen le 22 avril 2007 lorsque j’ai vue la déception de Le Pen et la face déconfite de ses militants. Ceux qui traitent Sarkory de « facho », on voit bien qu’ils n’ont jamais été des victimes d’un régime fasciste. Mais bon, ça fait bien, que veut-on.
c) Le procès d’intention – le manichéisme
Pour en finir sur ce point, j’ai une théorie, certes farfelue en cette période où on nous explique que l’on devra choisir entre deux projets et deux modèles de société. Et bien pour moi, c’est bidon. Mme Royal et M. Sarkozy n’ont pas le pouvoir de créer des modèles de société. On essaie de nous faire croire que chacun aura beaucoup de marge de manoeuvre, mais, là-dessus je suis d’accord avec M. Bayrou, il n’en est rien. Le quinquennat de Royal sera grosso modo le même que celui de M. Sarkozy, parce que malgré les soi-disantes oppostions majeures, finalement, ils ont relativement le même discours. Et, là où ils insistent sur leurs différences, on se rend compte que finalement, ça ne dépend pas seulement d’eux. J’avoue que j’ai un petit peu la flemme de le démontrer, mais il suffit de comparer les 100 propositions et le programme de Sarkozy pour se rendre compte, que, si l’on dépasse les mots, globalement, ça revient à peu près au même (par exemple : l’un parle de sa volonté que « les 35 heures ne soient pas un minimum », l’autre qu’il faut « aménager les 35 heures »… Et on veut nous faire croire que c’est radicalement différent.) La seule chose qui est différente, c’est la communication.
Sur la « dose de proportionnelle » aussi, c’est très drôle. Mme Royal et M. Bayrou y sont favorables. Pour M. Bayrou, on comprend pourquoi, et pour Mme Royal, bien entendu, il est normal que l’UDF soit représenté. Quand, à son meeting, M. Sarkozy annonce enfin qu’il serait favorable à une dose de proportionnelle, la réaction de Mme Royal est risible. Quand c’est elle, c’est pour le centre, quand c’est Sarko, c’est pour le FN. Evidemment.
Revenons un instant sur la thèse préférée de Mme Royal qui oppose la brutalité à l’ordre juste et tout ce discours huileux qui inciterait à nous faire croire que tout est beau et tout est gentil, même les rappeurs de Charléty qui chantaient des chansons d’amour envers les forces de l’ordre (« Nique la police », « on a la haine », tout ça…). On fustige Sarkozy d’opposer constamment les gens, mais est-ce que ce n’est pas justement le procédé utilisé ici. On voudrait culpabiliser les électeurs de M. Sarkozy au motif qu’ils seraient favorables à un projet brutal et injuste d’un homme dangereux. Est-ce que ce n’est pas pointer du doigt une partie de la population à ce niveau-là ? (31 % au moins au premier tour, soit plus d’un quart des électeurs et 11,5 millions de personnes !) Comment peut on accuser à ce point quelqu’un qui, certes, a eu l’occasion d’exercer des responsabilités importants, avec un bilan qui n’est ni bon, ni mauvais, il y a eu des bonnes choses et des erreurs. Mais qui n’en fait pas ? Imputer les émeutes de 2006 ou les incidents à Gare du Nord au seul diable Sarko, n’est-ce pas se voiler la face ? Peut-être que certains mots malheureux n’ont pas arrangé les choses, mais en réfléchissant deux secondes, franchement… Sarkozy, qui n’a soi-disant rien fait pendant 5 ans, aurait eu ce pouvoir là… Par contre, il n’aurait rien fait de bien. Lors de la prise d’otages en 1993, où il a été dialoguer avec H.B. (Human Bomb), permettant à 21 enfants d’être épargnés,personne ne peut lui reprocher de ne pas avoir pris ses responsabilités et faire preuve de sang froid. Après, sur la façon de communiquer, il y a probablement effectivement des choses à dire.
Donc en fait, le PS est en train de nous jouer un film américain tout ce qu’il y a de plus manichéen, avec la gentille contre le méchant. Hier, Ségolène Royal parlait de ne pas se faire « dévorer par le loup ». Effectivement, il pourrait également s’agir du chaperon rouge… euh pardon blanc contre le grand méchant loup. C’est marrant, de ce que je connais du monde, c’est souvent un peu plus compliqué que les gentils et les méchants (et même dans Spiderman 3, c’est plus compliqué…). Et puis j’en ai assez d’entendre que la France est en crise, que tout va mal, que rien ne fonctionne, et que Ségolène Royal et la sauveuse de l’humanité en France. Je désapprouve totalement ce culte de la personnalité, d’une part, et d’autre part, il y a quand même des tas de choses qui fonctionnent bien dans ce pays. Bref, je n’aime pas être manipulé, et on m’a appris à relativiser dans ma vie. Vivre en France, ce n’est quand même pas si horrible que ça pour la plupart des gens. Ce qui n’empêche pas de faire le mieux possible pour aider ceux qui sont dans la difficulté.
Enfin, pour en finir avec cette atmosphère nauséabonde et la débilité du front anti-sarkozysme, je trouve que certains attaques, liées au débat Royal/Bayrou sont très graves et malsaines. Quand M. Bayrou accuse M. Sarkozy d’avoir fait pression sur les médias, en disant « je n’ai pas de preuve, mais j’en ai l’intime conviction », je trouve que dans un pays démocratique où est censée prévaloir la présomption d’innocence, ça s’appelle du « délit de sale gueule ». Et je trouve ça scandaleux. Il y a forcément des pressions sur les médias, de toutes parts. J’en veux pour preuve les déclarations du vice-président de la SPQR (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-903420,0.html?xtor=RSS-3224) immédiatement démenties par le président, comme par hasard soutien de Royal. D’un autre côté, peut-on tout se permettre sous le prétexte de la liberté de la presse. Aujourd’hui, c’est Plantu qui explique qu’il a reçu des lettres de M. Sarkozy après le dessin de la mouche, généralement réservé à M. le Pen. Lettre où M. Sarkozy demande a priori simplement de rencontrer Plantu pour savoir ce qui lui vaut ce traitement. Et ça, selon certaines journalistes, ce sont des pressions. Donc, on peut écrire ou faire n’importe quoi sur n’importe qui dans un journal, et si celui-ci demande simplement une explication, même pas un droit de réponse, il est fasciste. Je crois qu’il faut revoir la copie, là. Comme le torchon Libération, qui attaque de façon virulente, même sur sa vie privée, M. Sarkozy. Et bien je trouve que M. Sarkozy a son mot à dire, il n’y a pas de raison. D’ailleurs, si il avait effectivement ce pouvoir sur les médias, le livre d’Azouz Beguag ne serait pas sorti, ni même le fameux numéro de Marianne, ou encore tous les écrits qui fustigent la personnalité de M. Sarkozy. Alors soyons sérieux, on peut parler d’influence, mais pression et contrôle sont des termes excessifs, qui, là encore, ne se prêtent absolument pas à notre société. On peut se demander, par les accusations de M. Bayrou, et d’autre de Mme Royal, qui a les méthodes les plus extrêmes, dans une élection où tous les coups (bas) sont permis.
2) Mai 68 chez l’un, propos déplacés chez l’autre – l’erreur est humaine
Sarkozy a tout de même quelque chose d’agaçant, c’est qu’il aime pousser la provocation à son paroxysme. On ne reviendra pas sur la « racaille », sur l’inné et l’acquis, mais ce monsieur a le don de susciter des polémiques inutiles en période électorale.
Dernier fait d’armes en date, mai 68. Si je pense lire dans son discours provocateur l’idée qu’en mai 68, les évènements ont apporté de éléments importants à la société, ils ont aussi instauré un système de valeurs malsain quand à la hiérarchie. Bref, il faut « tourner la page » ou « liquider une bonne fois pour toute » son héritage, en terme de valeurs. Il savait probablement qu’il se ferait laminer par la récupération médiatique de ses opposants, qui ne manqueraient pas de fustiger ses attaques contre une époque qui a eu aussi son lot d’avancées. Bref, un dialogue de sourds. L’UMP s’en prend aux valeurs, le PS répond sur des faits, comme les accords de Grenelle. Enfin, comme souvent, Sarkozy a mis les deux pieds dedans et a donné un angle d’attaque supplémentaire à sa concurrente.
Petite parenthèse sur la communication. Je disais plus haut que selon moi, Mme Royal et M. Sarkozy étaient globalement les mêmes, à quelques détails près, sauf peut-être du point de vue de la communication. En y réfléchissant bien, je pense qu’en analysant la communication de ces deux personnages, on peut mieux comprendre le ressenti des gens. M. Sarkozy utilise beaucoup de négations dans ses phrases, alors que Mme Royal s’y refuse constamment. Lui ne « veut pas », elle « veut ». Dans les cours de communication, on apprend effectivement qu’un discours positif est mieux perçu, d’un point de vue commercial. Lors d’une présentation que j’ai faite à des prospects, mon chef m’a d’ailleurs suggéré d’abandonner la négation. Dans une élection où le marketing est roi, c’est d’autant plus vrai à mon sens. La brutalité et l’injustice supposée de M. Sarkozy est en fait la réaction des gens à ses négations, son « je ne veux pas » étant vécu comme une façon de refuser ou d’exclure. Chez Mme Royal, c’est lisse, elle veut tout, pour tout le monde. C’est plus facile, dans ces conditions, de ne pas susciter le rejet. Lui ne veut pas qu’on souffre, elle veut qu’on soit heureux.
Je voudrais maintenant revenir, pour en finir avec cette section, sur les propos de Mme Royal concernant les relations supposées entre M. Sarkozy et le président des Etats-Unis, M. Bush (voir http://www.cyberpresse.ca/article/20070424/CPMONDE/70424106/6283/CPMONDE et http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070426.OBS4166/les_porteparole_de_sarkozy_accusentroyal_de_mensonge.html). Mme Royal accuse M. Sarkozy de « s’agenouiller » devant Bush, ce que ce dernier démet formellement. On est, là encore, dans le délit de sale gueule : « C’est Sarkozy, il est pro-Américain, donc c’est vrai ». A la limite, qu’on ait été présent ou pas, qu’il démente ou pas, peu importe. Ou alors Mme Royal reproche à M. Sarkozy le fait même d’avoir rencontré le président démocratiquement élu des Etats-Unis, première puissance mondiale et jusqu’à preuve du contraire, allié de la France. Que l’on soit favorable ou non à l’intervention en Irak ne change rien aux faits. Que dire dans ce cas de Mme Royal qui va dialoguer avec le Hezbollah libanais, responsable avéré d’assassinats ciblés, entre autres exactions ? Bush, ça serait donc pire que le Hezbollah ? Là encore, on peut se demander quelles sont les limites à la décence et à la démagogie.
3) La fête, malgré tout… et un engouement populaire formidable
Outre le taux de participation élevé au premier tour, cette élection suscite passion et engouement chez les gens. Enfin, il semblerait que les Français reprennent confiance en leurs politiques, notamment nos deux protagonistes qui, l’un comme l’autre, déchainent les passions et suscitent les espoirs les plus fous. (Ca veut pas dire que je ne pense plus que ce sont les mêmes )
En témoigne le formidable rassemblement du stade Charléty ce mardi 1er mai, avec une superbe fête en plein air et en chanson. C’est vrai que sur ce coup là, c’est quand même plus chouette que le très fermé Bercy. Je regardais le rassemblement à la télé, et je me disais que, franchement, c’était beau de voir cette joie et cette communion de tant de personnes. Comme d’habitude, il y a quand même des choses qui m’ont déplu, mais comme c’est valable dans les deux cas, ça ne change pas grand chose.
Ce qui me déplait fortement, et ce dans les deux cas, c’est le grand cas qui est fait de l’avis de ceux qu’on appelle « les people ». Qu’est-ce qu’ils peuvent raconter comme conneries dès lors qu’il s’agit d’engagement politique. On a vu sur BFM TV défiler je ne sais combien d’invités, qui expliquaient qu’à l’opposé du projet de société basé sur la force et la brutalité ils avaient choisi l’harmonie et l’amour. Trop cool. Donc, il y’aurait en France un large panel de la population qui serait sado-maso ? Je dis ça pour Ségolène Royal, mais enfin il paraît que dans le meeting de Sarkozy c’était pas mieux. Là, je n’ai vu que l’intervention de Farrugia, mais enfin ça ne volait pas bien haut non plus.
Le plus grave, c’est quand on se sert des people pour attaquer les candidats. Comme si le fait que Doc Gynéco ou Bernard Tapie soutenaient Sarkozy reflétait quelque chose. Donc, poursuivons le raisonnement, si Le Pen avait appelé à voter Royal pour se venger de Sarkozy, ça voudrait dire que Royal c’est pareil que Le Pen. Je dis ça, parce qu’un argument fort de Mme Royal est de dire que Berlusconi soutient Sarkozy. Bon, y a des gros cons qui soutiennet Sarko, des gens très bien aussi, et c’est pareil pour Royal. « Doc Gynéco, ce n’est pas André Malraux. François Mauriac, ce n’est pas Bernard Tapie. Et monsieur Sarkozy, ce n’est pas le général de Gaulle. » De Gaulle qu’elle a cité ensuite. Donc, quand Sarko cite Jaurès, il n’a pas le droit, mais Royal peut citer De Gaulle, parce qu’évidemment, ils ne jouent pas dans la même cour. Décidemment, le culot et la manipulation n’ont pas de limite.
Non décidemment, si les procédés de Mme Royal entre ces deux tours se conçoit, puisqu’elle a peu de chances de gagner si elle ne détruit pas Sarkozy, je ne les excuse pas. Et ces méthodes sont parfois à la limite d’être condamnables d’un point de vue démocratique. En tout cas, je vois maintenant comment Mme Royal écoute tout le monde. Tout le monde, tant qu’on est d’accord avec elle. Si le débat entre les deux ce soir est malsain, je vois très bien qui aura pourri l’ambiance, et c’est dommage. C’est peut-être le seul point noir de la campagne. Je n’ai quasiment jamais attaqué la candidate frontalement, mais là, pour moi, elle a dépassé certaines limites. Et elle n’en sortira pas grandie si les gens votent pour elle par rejet vis-à-vis l’autre. Et la démocratie non plus.