Novembre : j’aime pas.
14 nov 2007 par Samuel Sebban |
Cher papa, ton anniversaire a beau tomber en novembre, celui-ci n’en demeure pas moins un mois hautement déprimant. Il suffit de regarder dans la rue : le ciel est gris, il pleut, il fait froid, il fait nuit à 17h, les gens sont de mauvaise humeur, quand ils ne sont pas en grève, bref, en novembre, tout fout le camp.
A tel point que je n’arrive même pas à tenir mon planning, alors voyons voir :
- en fil rouge : L’Arche deZoé kidnappe des enfants et ils sont persuadés d’avoir bien fait
- Pêcheurs (de poisson) : début novembre, ça c’est fait
- RATP & SNCF : 14 novembre reconductible à l’infini
- Fonction publique & Etudiants : 20 novembre. Bon en fait, les étudiants sont un peu en grève non-stop même si ils sont pas beaucoup (ben ouais les gars, au moment du CPE c’était le printemps c’était plus facile de convaincre les lycéens… un mois pourri, je vous dis !)
- Magistrature : 29 novembre
- Air France : on en parle pour décembre
- Imminence du baril de brut à 100 $
Mais le pire, c’est que ça s’étend ! Grève des scénaristes hollywoodiens (le dernier épisode de la saison 2 d’Heroes serait même en grand péril), grève des chemins de fer en Allemagne, mais le pire du pire : grève des machinistes à Broadway… Tout le reste, d’accord, mais priver Broadway de comédies musicales, ça c’est vraiment pas juste. Ils en ont même parlé au JT de Canal +, il parait que ça fait plus de 40 ans que ce n’était pas arrivé.
Mais revenons à notre sujet de départ, qui n’est, à vrai dire, pas encore très clair. En fait, je crois que j’ai envie de parler des grévistes dont la plupart m’agacent prodigieusement. Mais pas forcément pour les mêmes raisons que tout le monde.
1. Les grèves : si t’es pas content c’est la même chose
<mode narcisso-égocentrique>En effet, étant donné que je travaille à 5 minutes à pied de mon domicile (et encore, quand j’attends l’ascenseur), la grève des transports, je m’en fous. Je n’ai pas affaire directement aux services publics, j’ai fini mes études, donc la grève du 20, idem. Pareil pour le 29, date à laquelle je ne suis pas en procès, et je ne compte pas prendre l’avion pour décembre. Bref, j’éteins ma télé, et tout va bien, mon univers personnel ne sera pas affecté.</mode narcisso-égocentrique>
Je ne comprends pas qu’un groupe de personnes a ce pouvoir inoui de prendre pleins de gens innocents en otage, en les empêchant d’aller travailler. Je comprends que ces gens aient des revendications, mais finalement des fois je me dis que le service minimum, ça serait bien. A priori, pour le mois de novembre 2008, ça devrait être bon puisque le texte s’appliquera à partir de janvier. Pire encore, les étudiants qui bloquent les facs. Autrement dit, une frange minuscule de 30 étudiants décide à 6h du matin et à main levée de bloquer la fac, et, oh surprise, les copains qui veulent aller en cours sont bloqués. C’est beau la démocratie. Alors étudiants réactionnaires, rappelez-vous : le droit de faire la grève implique aussi le droit de ne pas la faire. En gros, la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres.
J’en viens à un point central. La gangrène de ce pays, c’est surtout la politisation des mouvements, qu’ils soient étudiants ou professionnels. C’est à pleurer de rire. Sarkozy a pas été élu que Thibault avait déjà promis de lui faire sa fête… A la limite, le seul mouvement actuel qui trouve crédit à mes yeux est celui des magistrats. Non pas que j’aie la prétention d’émettre un jugement sur le bien-fondé ou non du mouvement, mais je crois comprendre que le gouvernement veut supprimer des tribunaux, sans forcément en recréer, c’est donc l’éternel combat entre le gouvernement qui n’a pas de sous et les organisations nationales qui combattent les coupes budgétaires. That’s life. Et puis eux ils combattent vraiment pour leur paroisse, sans visée politique ou médiatique derrière. Ou alors c’est juste que tout le monde s’en fout, et on en parle que quand il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent. Pareil pour les pêcheurs, mais eux ils ont eu ce qu’ils voulaient.
2. Politisation des syndicats – « l’injustice, c’est les privilèges des autres » (A. Roumanoff)
A l’opposé des problèmes de justice et de poisson, le gros problème de nos syndicats nationaux, c’est qu’ils sont une émanation d’anciennes organisations politiques clandestines de la Résistance. Après la guerre, ces gens-là s’ennuyaient, et donc ils ont commencé à se battre pour que les gens aient de meilleures conditions de travail. Du coup, si l’on prend l’exemple des régimes spéciaux, on est en train de parler de privilèges acquis dans un contexte précis à une époque précise. Les syndicats pleurent parce qu’ils vont tous travailler 40 ans, comme tout le monde. Je n’arrive pas à être triste… Dîtes les cheminots, il est quand même loin le temps où il fallait aller au charbon dans les locomotives…
C’est facile de dire que dans le privé on est payé plus donc que ça compense. Le seul truc, c’est que ce n’est pas vrai. Si effectivement, on peut gagner plus dans le privé que dans le public, à vrai dire, ça serait plutôt le cas d’une minorité. Sans parler de l’insécurité de l’emploi que vous ne connaissez pas. Et puis il va bien falloir réfléchir à comment on finance les retraites si le nombre de retraités augmente quand le nombre de salariés diminue…
Non pas que je pense franchement que les économies réalisées grâce à cette réforme assurent une pérennisation du système de retraites, mais chaque geste compte. Il ne faut pas se leurrer : les salariés non soumis aux régimes spéciaux et dont je fais partie vont bientôt voir leur durée de cotisation s’allonger. En même temps, si nos illustres aïeux devaient cotiser 40 ans, en général, ils décédaient peu après 60 ans, et ils ne profitaient quasiment pas de leur retraite.
Aujourd’hui on vit en moyenne (en tout cas les hommes, les femmes c’est encore plus) 80 ans, donc si on gagne 20 ans de vie, on ne va quand même pas pleurer pour 1, 2 ou 5 ans en plus… Je ne parle pas nécessairement de la génération de nos parents qui devait souvent commencer à travailler dès l’âge de 14 ans, et pour qui le bac, ou simplement les études, relevait d’une douce utopie. Mais la génération qui arrive sur le marché du travail jouit de conditions qui n’ont pas d’équivalent dans le monde. Il est loin le temps où il fallait partir à la mine à 12 ans.
3. Syndicats étudiants : vous avez pas autre chose à faire ?
Ce qui me permet d’enchaîner sur les étudiants, et l’UNEF, toujours en tête pour foutre le boxon là où ça ne sert à rien. J’aimerais bien qu’on m’explique en quoi la gestion des universités concerne les étudiants. Le CPE, je peux comprendre que ça puisse énerver des étudiants manipulables. Mais alors le financement des universités, là j’avoue que ça me dépasse. Mais réveillez-vous, les gars, la gestion administrative d’un organisme universitaire, vous n’y connaissez absolument rien… Après, si vous parlez juste du fait qu’il y’aura moins d’étudiants dans les conseils d’administration des facs, c’est autre chose. Mais je vous comprends, vous aurez du mal à mobiliser l’étudiant et le lycéen sur cette seule base.
La loi Pécresse dont j’avoue ne pas connaître précisément les tenants et les aboutissants, nous rapproche malgré tout de certains systèmes universitaires qui fonctionnent à l’étranger. Et, loin de créer des déséquilibres, permettra aux universités dépendant du ministère de l’Education Nationale, de rentrer davantage en concurrence avec le système des Grandes Ecoles. Qui elles-même se régalent d’avance étant donnée la concurrence internationale… Vous imaginez l’émulation : les universités vont pouvoir appuyer sur leurs points forts et créer de la valeur pour les étudiants. Moi je ne vois pas le problème. Des déséquilibres, il y en a déjà plein de toute façon alors autant que les établissements et leurs étudiants puissent bénéficier de meilleures conditions. Et puis si ça ne fonctionne pas (ce qui est possible, l’idée est là, mais ça reste une idée) on en reparle.
De toute façon, c’est politique, je vous dis : L’UNEF place ses pions en vue d’intégrer le PS, et Thibault et ses copains font comme d’habitude leur show médiatique. Bref, c’est une parodie de démocratie et un concert de mauvaise foi. A quand un système syndical par branche au lieu de considérer que ces émanations communo-anarchistes défendent les intérêts des salariés (je ne parle que des branches nationales) ? Si les branches professionnelles avaient leurs propres représentants incarnant leurs spécificités, on pourrait réellement adapter les réformes aux situations. Aujourd’hui c’est le même tarif pour tout le monde, même ceux pour qui c’est dégueulasse.
Bref, vous voyez, novembre me gagne : je grogne. En plus on va commencer à se faire bassiner les oreilles avec Noël et toute l’orgie publicitaire qui va avec. Plus que deux semaines à venir et c’est décembre. C’est pareil, mais il y a tout plein de lumières dans la rue, et surtout, les vacances scolaires, donc un peu de calme dans les grognements. En même temps, c’est moins facile de faire les courses de Noël quand il y a des manifs. Bon je vois qu’une solution à mon problème de novembre : Nicolas, il faudrait songer à faire voter une loi pour supprimer le mois de novembre. Ensemble, tout devient possible non ?
C’est juste et c’est drôle !
quoi le moi de novembre c’est génial, c’est un mois ou je reçois des cadeaux, pour le reste, oui il se passe des choses mais j’suis trop occupé à savourer mon mos de novembre et mes cadeaux
et puis j’suis à la retraite moi…