Les Musicals 2008 – Des créations et des prix ! (2)
28 juil 2008 par Samuel Sebban |
Orphéo Song
Toujours Ludovic-Alexandre Vidal et Julien Salvia, mais dans des registres différents. Cette fois-ci, ils s’attaquent à l’œuvre d’autres… Une version moderne de la légende grecque d’Orphée et d’Eurydice, mise en scène par Julien qui incarne lui-même Antonio, tandis que Ludovic prend une part active dans le cœur, incarnant tantôt un mendiant, un policier, une « follasse », bref, j’en passe et des meilleures. A savoir tout de même : l’œuvre existe depuis une vingtaine d’années, Isabelle Bernart a signé le livret, et le compositeur Michel Frantz était au piano pour défendre son œuvre.
Contrairement à pas mal de mes connaissances, j’ai beaucoup aimé la poésie, et je dirais même, le lyrisme de ce musical. Certes, tout n’est pas parfait, et le livret mériterait un paquet de retouches pour se débarrasser des trop nombreux clichés simplistes (en particulier le passage sur les jeunes de banlieue, affligeant), mais cette idée de dépeindre les Enfers comme les coins les plus sombres de notre monde moderne, le tout subi par un Orphée innocent complètement perdu dans ce monde violent et sans cœur m’a franchement captivée. Les musiques sont superbes, les acteurs impeccables, la mise en scène très intéressante.
J’ai passé un excellent moment, et je souhaite vivement que Michel Frantz ait la volonté de bien s’entourer afin de faire évoluer cette œuvre selon moi prometteuse. Il suffirait qu’un auteur talentueux comme Ludovic-Alexandre puisse retoucher le texte pour faire des étincelles !
Merci l’ours
J’y ai assisté par hasard, pour deux raisons. La première, c’est que les musiques sont cosignées par Hervé Devolder, le génial créateur de Chance !. La seconde, c’est que le spectacle avait lieu juste après Orphéo Song, et me trouvant au Vingtième Théâtre, j’avais l’opportunité d’enchainer.
Très belle surprise que ce spectacle, que l’auteur a décrit comme « work in progress » mais qui selon moi est plus que présentable. Un cast dynamique et magnifique, une histoire déjantée, des mélodies intéressantes, des textes incroyables, tout y est. C’est un coup de cœur pour moi.
Je tiens à saluer par ailleurs la performance phénoménale de Jacky Matte, qui aurait probablement mérité un Molière si le spectacle avait eu davantage d’audience, un acteur tout bonnement exceptionnel et qui a eu la chance d’incarner un personnage fascinant, mimant à la perfection des tics et des tocs divers, au charisme envoutant et faisant passer toutes les émotions.
Un spectacle familial franchement sympathique à l’univers très intéressant… Je sens que je vais suivre ça de près…
Et les Marius dans tout ça ?
La cérémonie des Marius a tout de la cérémonie de remise de prix classique : on remercie les acteurs, les producteurs, le public, on est ému, et comme on s’y attendait pas, on lit le discours préparé à l’avance sur 4 pages. La différence notoire de cette cérémonie, c’est que le génial Fabian Richard a de nouveau enfilé un costume de maître de cérémonie (quoique légèrement différent de celui qu’il incarnait si merveilleusement dans Cabaret), et que toute la cérémonie s’est déroulée… en musique ! Tout était chanté, sauf les discours des lauréats bien entendu, ce qui donnait à la cérémonie un côté franchement agréable. Je ne vais pas revenir sur toutes les récompenses, mais globalement j’ai vu beaucoup des spectacles primés (et manqué à peu près tous les autres)… Mes coups de cœur :
- Le Prince et le Pauvre, meilleur musical, catégorie jeune public. Ou comment l’incroyable talent de Ludovic et Julien explose enfin aux yeux d’un public encore trop restreint. Ils supplantent du même coup le blockbuster le Soldat Rose, ainsi que la production de Kirikou et Karaba, pourtant nommés dans la catégorie. Chapeau, les gars ! A noter que Le Prince et le Pauvre reprend au Vingtième Théâtre dans un avenir relativement proche. A suivre.
- Le Roi Lion, grand vainqueur de l’édition avec pas moins de 3 prix (Zama Magudulela, meilleure interprétation féminine dans un rôle principal ; David Eguren, meilleure interprétation dans un second rôle, meilleur musical, Catégorie Adaptation française). Toujours à l’affiche du Mogador.
- Panique à Bord, 2 prix, donc Vincent Heden qui récolte le prix mérité de la meilleure interprétation masculine dans un rôle principal pour sa performance dans ce musical d’ailleurs élu meilleur musical, Catégorie Théâtre musical. Un CD est même disponible désormais.
- Casting, qui remporte le Prix Découverte du festival. Mon ami Guillaume Nozach et son compère Vinh Giang Vovan peuvent être fiers : pour une première, la consécration est déjà là. Malheureusement, je vous ai manqués cette fois, mais la prochaine fois je serai au rendez-vous ! Nul doute que vous reprendrez bientôt, si j’en crois les louanges que je n’ai cessé d’entendre dans les couloirs du Vingtième théâtre. Il se murmure même que quelque chose pourrait se signer prochainement dans le XIIème arrondissement. Même si forcément, j’étais partagé parce que leur victoire signifie la défaite de L’Homme Qui Rit, mais dans tous les cas ça me va !
Conclusion de tout ça, le festival a encore offert son lot de découvertes, et je suis vraiment heureux que des personnes que j’apprécie beaucoup telles que Julien, Guillaume ou Ludovic commencent à bousculer un peu le monde très fermé du musical pour apporter leur fraicheur et leur talent. Bravo à eux pour ces récompenses et bon courage pour la suite. Pour le reste, j’attends avec hâte le festival l’an prochain afin d’en profiter au maximum. Merci aux artistes et à bientôt !