Dans le port d’Amsterdam…
28 fév 2008 par Samuel Sebban |
Pour éviter de parler des « polémiques » qui défraient la chronique chaque jour où la plupart des journalistes n’ont aucune imagination, c’est-à-dire à peu près tous les jours, évadons-nous un peu : je vais vous parler de mon dernier voyage en Hollande, dans la toute particulière ville d’Amsterdam. Comme je n’ai pas envie de me fatiguer à faire un plan, je vais faire une espère de journal de voyage chronologique, avec quelques photos.
Je suis arrivé à l’aéroport Schipol en soirée, où j’ai été agréablement surpris par les infrastructures et la signalisation, extrêmement bien pensées et qui permettent de se repérer aisément, notamment pour accéder au train qui permet de rejoindre la gare d’Amsterdam Centraal. Ce train, qui ressemble à un RER français, effectue le trajet en 15 ou 20 minutes et pour moins de 4 euros, contre 40 pour le même trajet en taxi (Petite remarque par ailleurs : c’est vrai qu’avec l’avènement de l’Euro, les prix ont peut-être pris un peu de plomb dans l’aile, mais qu’est-ce que c’est pratique quand on voyage en Europe…). Ca met dans l’ambiance : à Amsterdam, les voitures ne sont pas les bienvenues.
Et effectivement, la première chose que l’on voit quand on sort de la gare, c’est un parking à vélos immense : imaginez la taille d’un parking de supermarché, mais complètement rempli de vélos. Rien que ça, c’est déjà impressionnant. Ensuite on se retourne et on découvre le bâtiment majestueux de la gare d’Amsterdam, immense et magnifique. La seconde chose qui peut interloquer des gens comme moi, habitués aux villes bien carrées dans lesquelles une rue est soit perpendiculaire soit parallèle à une autre, c’est la conception de la ville, complètement circulaire et organisée selon les 3 canaux principaux : le Le Prinsengracht, le Keisersgracht et le Herengracht. Cette carte du centre extraite du site routard.com, et qui a bercé mon voyage l’illustre parfaitement (pour ceux qui n’auraient pas encore compris, Amsterdam est non seulement un port, mais une ville d’eau).
Comme tout bon touriste qui se respecte et qui n’a pas fait ses devoirs (= pas lu attentivement le guide du routard), je me suis dirigé vers le centre ville, vers le quartier Rouge. Ceux qui connaissent Amsterdam sont déjà en train de sourire : et oui, le quartier des « Red Lights » est en fait celui des prostituées, le nom du quartier faisant référence aux lampes rouges qui éclairent des dames qui se dandinent à moitié dévêtues dans des vitrines. Autant dire que la lampe rouge a une connotation particulière à Amsterdam ! Les prostituées ont là-bas le droit d’exercer librement, et elles paient des impôts. Mais le plus étonnant, c’est que ce quartier est éminemment touristique et constitue une des attractions de la ville, conseillée par tous les guides touristiques et prévue par les tour opérateurs. C’est effectivement assez folklorique, même si quand on réalise que ces femmes sont étalées comme des objets en vitrine au choix des clients, c’est un peu étrange au niveau de l’éthique, mais bon… On ne pourra pas taxer les Hollandais d’hypocrisie. Pour le coup, je n’ai pas de photos de ce quartier… Désolé, les gars.
Cette libéralisation des mœurs se généralise d’ailleurs à beaucoup d’interdits en France : les fameux coffee shops permettent de consommer librement des drogues douces (hachich et cannabis principalement), et des seringues propres et des doses de drogues dures sont distribuées dans les hôpitaux. Autrement dit, à Amsterdam, au lieu de réguler par l’interdiction, on essaie d’encadrer la consommation. Et le fait est qu’il n’y a pas plus de problèmes de santé publique à Amsterdam qu’ailleurs… Peut-être des éléments à méditer, surtout quand on constate que les différentes prohibitions dans l’histoire n’ont jamais fonctionné.
Lorsque l’on circule dans les rues d’Amsterdam, il faut être prudent : entre les voitures, les vélos et les transports publics (tramways et bus), il faut être extrêmement vigilant. Car si les cyclistes sont manifestement bien entrainés à éviter les touristes distraits qui marchent au milieu des pistes cyclables, j’ai quand même manqué de me faire percuter un bon nombre de fois. Ce qui est notable également, c’est le nombre de bâtiments anciens, leur sophistication et leur excellente conservation, ce qui fait d’Amsterdam une ville au patrimoine culturel et historique très riche. Celui-ci constitue d’ailleurs une surprise pour moi qui pensait ne rien connaitre de la Hollande : Anne Franck, Rembrandt et Van Gogh, rien que ça… Du coup, j’ai visité le Rijkmuseum, consacré aux peintres hollandais (sauf Van Gogh qui a son propre musée), et j’ai constaté que l’histoire de la ville est également passionnante, en particulier l’aspect précurseur de la compagnie des Indes, première multinationale de l’histoire, et la première cotation en bourse des denrées. Le tout est parfaitement décrit dans Le Marchand de Café, un livre de David Liss, qui raconte comment un Juif hollandais a introduit le café en masse dans Amsterdam.
Les Juifs, parlons-en : ils font partie intégrante du patrimoine culturel d’Amsterdam et ont contribué au développement et à l’enrichissement de la ville, après avoir été chassés d’Espagne et du Portugal. La Hollande était alors la seule région dans laquelle les Juifs étaient acceptés. On peut découvrir à Amsterdam l’ancien quartier juif (ou Jodenbuurt) et notamment l’illustre synagogue portugaise qui date du XVIIème siècle (voir photo), ou encore le musée juif, et, même si ça n’a aucun rapport, l’usine d’un des plus grands diamantaires du monde, où nous est expliquée la façon dont sont conçus les diamants, et les critères pour leur estimation.
Anne Franck est également une juive hollandaise tristement célèbre par son journal. On peut visiter la maison dans laquelle sa famille et elle sont parvenus à se cacher des nazis pendant plusieurs années, avant d’être dénoncés et de décéder en déportation (sauf Otto Franck, le père et unique survivant des camps). Outre l’aspect instructif de la visite, celle-ci nous offre un témoignage poignant et une leçon de tolérance.
Mais Amsterdam pour moi, ce sont surtout des promenades extraordinaires dans le Jordaan et sur les rives des canaux, promenades que l’ont peut également effectuer en bateau ; c’est d’ailleurs comme cela que l’on remarque les centaines de bateaux appartements, déclarés à la municipalité (ou pas) et qui constituent le logement de plusieurs centaines de personnes. Ils paient une taxe en échange de laquelle ils ont accès aux égouts, à l’eau courante et à l’électricité, ce qui en fait des appartements à part entière. Et réellement, pour les amateurs d’architecture, Amsterdam ne manque pas de vieux et imposants bâtiments, on pourrait passer des semaines rien qu’à arpenter les rues. Le quartier des musées, en particulier, vaut le détour.