The Dark Knight – Tout le monde a droit à son Joker
19 août 2008 par Samuel Sebban |
Voilà probablement LE film que j’ai attendu cette année. Après Batman Begins, Christopher Nolan propose le second opus de ce qui sera probablement une trilogie consacrée à l’homme chauve-souris.
La force de Batman Begins est l’approche choisie par le réalisateur pour traiter cette histoire tragique. Je ne suis absolument pas lecteur de la BD, mais j’ai été séduit par le style « thriller » donné au film. Le côté sombre également, gothique de la magnifique Gotham City illustre parfaitement la vision radicalement différente de celle des films de Burton. Batman Begins, s’il comporte des scènes d’action, n’est pas qu’un film d’action, mais présente le chemin de croix d’un homme qui fait des choix, qui souffre, et qui, curiosité chez Marvel, n’a pas de pouvoir particulier autre que sa volonté, beaucoup d’argent et plein de principes moraux. Il constitue la révélation du personnage à lui-même et son apprentissage. Il met également en place les personnages, Bruce Wayne bien sûr (Christian Bale) et sa doublette de choc Alfred (Michael Caine), l’excellent Lucius Fox (Morgan Freeman) mais également le policier Gordon (Gary Oldman), qui ont tous rempilé pour la suite.
The Dark Knight offre à Batman sa rencontre avec son ennemi légendaire, le fameux Joker, incarné par Heath Ledger malheureusement décédé peu après le tournage et introduit Harvey Dent (Aaron Eckhart), futur Double-Face. Le film est un tourbillon d’action pendant 2h30 haletantes, où l’on voit la situation sombrer et un héros qui subit totalement le cours des évènements. En effet, Bruce Wayne/Batman ne maîtrise absolument rien et se contente de courir après le temps. Il va également subir des pertes humaines terribles, et loin de l’archétype du héros sans peur et sans reproche, Wayne va devoir combattre ses propres démons et affronter la colère des habitants de Gotham, ville à laquelle il consacre sa vie et son énergie. Ce second opus nous propose un modèle de héros particulier, qui est à l’image du monde noir et cruel dans lequel il navigue.
Le Joker et son côté joueur sont fascinants. On doit bien reconnaitre à Heath Ledger le charisme incroyable qu’il offre au personnage à travers ce timbre si particulier (en VO bien sûr) et ses quelques tocs (notamment ce mouvement de langue inquiétant). Cette figure de clown ne fait absolument pas rire, et son côté machiavélique en fait un véritable ennemi la plupart du temps supérieur à Batman qui tâche de limiter la casse tout au long du film. La trajectoire de Harvey Dent est également intéressante, tout comme sa descente aux enfers. En quelques secondes, le personnage passe du statut d’icône porteuse d’espoir au plus misérable des criminels, réalisant ainsi la prophétie qu’il énonce lui-même alors au sommet de sa gloire (« You either die a hero or you live long enough to see yourself become the villain » – Tu meurs en héros ou tu vis suffisamment longtemps pour te voir devenir le méchant).
Conclusion
Christopher Nolan maîtrise incontestablement les effets dramatiques. Le film est très rythmé, on ressort épuisés tant c’est un déferlement continu tout au long des 2h30 de projection. Les scènes d’action sont parfaitement calibrées, les acteurs plus qu’impeccables.
Cependant, en ce qui me concerne, et après la vista du premier opus, je m’attendais peut-être à un peu moins d’action et un peu plus de psychologie. Il y a bien les scènes de confrontation verbale entre le Joker et Batman – Le chaos et l’espoir, dérivé du traditionnel combat du Mal contre le Bien – mais elles auraient pu être davantage poussées. Concernant le personnage de Bruce Wayne, il est plus insignifiant que dans le premier film. On voit beaucoup Batman courir, cogner, mais les émotions de Christopher Nolan manquent peut-être de nuances, ce qui semble être un choix du réalisateur afin que l’on soit davantage pris par le charisme du Joker, et ça fonctionne. Je regrette également la violence beaucoup plus présente dans ce film que dans le premier.
The Dark Knight demeure un film de qualité, voir un excellent film qui ravira les amateurs du genre. Bref, si je considère Batman Begins comme un chef d’œuvre, The Dark Knight restera pour moi un très bon film, sans plus. Ne reste plus qu’à voir ce que Christopher Nolan va sortir de son chapeau pour le troisième film, qui se fera malheureusement sans Heath Ledger. Le défi est de taille car une ultime confrontation entre ce Joker et Batman aurait constitué une incroyable apothéose…
Ci-dessous la bande-annonce de The Dark Knight (en VO, certes, mais en HD) :