Willkommen, Bienvenue, Welcome au Cabaret !
17 jan 2008 par Samuel Sebban |
Ca fait longtemps que j’ai pas parlé d’une comédie musical ! Quasiment 1 mois…
Et en voyant cette image, je suppose que vous vous demandez pourquoi j’ai mis un an avant d’évoquer cette première production à gros budget de Stage Entertainment (producteur également du <i>Roi Lion</i>) aux Folies Bergères. En fait je l’ai vu une première fois il y a un peu plus d’un an, et j’étais ressorti déçu. A la décharge des artistes, c’était une des premières, je suppose que ça a du jouer. En fait aujourd’hui, je suis certain que ça a joué dans mon impression mitigée. Parce que j’y suis retourné hier soir, pour voir une des dernières représentations étant donné que le spectacle s’arrête (malheureusement) le 27 janvier. Pour ceux qui comptent y aller, je vais dévoiler des choses, donc lisez plus tard.
Par rapport au <i>Roi Lion</i>, le synopsis est nettement moins fun. Le contexte : un cabaret assez sordide, le Kit Kat Club dans le contexte de l’Allemagne des années 30 et la montée du nazisme. Dans cet environnement, un romancier américain, Cliff Bradshaw (Geoffroy Guerrier), s’installe dans une résidence un peu miteuse, gérée par Fraulein Schneider (Catherine Arditi), et noue une relation intime avec Sally Bowles (Claire Pérot), l’égérie du Kit Kat Club. Fraülein Schneider est courtisée Herr Shulz (Pierre Reggiani), un Juif maraicher (les fruits sont un produit de luxe dans cette économie en crise) qui va subir la montée de l’antisémitisme nazi. Le cabaret et en fait le spectacle sont dirigés par l’excentrique Emcee (Fabian Richard), virevoltant maître de cérémonie (Emcee quoi…).
Dès qu’on entre dans les Folies Bergères, on est plongé dans une ambiance de Cabaret. Les premières catégories sont mêmes littéralement dans un Cabaret, attablés avec des boissons servies par des barmen, ce qui tranche avec les traditionnelles rangées de chaises, c’est le moins qu’on puisse dire. La scène est le Kit Kat Club, et l’orchestre est au-dessus. Les acteurs de l’ensemble forment aussi une partie de la troupe des musiciens. Ils sont donc acteurs, chanteurs, danseurs et musiciens… Complets ? Sans rire… D’ailleurs, je fais un clin d’oeil spécial à Charlotte Filou, que j’ai rencontrée pendant l’aventure l’<i>Homme Qui Rit</i>, détonante dans le rôle de Lulu.
La mise en scène de Rob Marshall (à qui on doit notamment la mise en scène adoptée pour le film Chicago) est sombre et glauque à souhait. L’humour grinçant fait mouche à chaque fois, et il faut tout de même faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit pour apprécier l’humour très graveleux omniprésent dans ce cabaret ! Cependant, le spectacle est très rythmé et la mise en scène d’une efficacité redoutable.
On est très rapidement conquis par l’ambiance insufflée dès le départ par Fabian Richard (que j’ai découvert en coursier dans Chance!), magistral et qui est définitivement un artiste incroyable. Tantôt homosexuel, tantôt hétérosexuel, tantôt les deux, il se déplace avec une grâce féline, nous fait rire, nous émeut (avec la poignante interprétation de la chanson Je m’en fous). Que dire alors de Claire Pérot, phénoménale Sally ? Une voix et un peps incroyable pour reprendre les tubes universels que sont Mein Herr, La vie est un cabaret (Life is a Cabaret). Liza Minelli n’a qu’à bien se tenir. Les autres rôles sont largement à la hauteur, mention très bien à Catherine Arditi qui a fait des progrès époustouflants vocalement entre la première fois (quasiment inaudible) que je l’ai vue et hier soir. Elle n’a pas de chance parce que ses chansons sont quand même extrêmement dissonantes, comme la plupart, d’ailleurs, mais c’est aussi ça qui crée l’ambiance. Pour les ensemble, chapeau bas, les rôles sont physiques mais les comédiens sont exceptionnels.
Bref, il reste moins de 10 jours pour en profiter, mais vraiment le spectacle vaut le coup. Il semblerait qu’avec Stage Entertainment, le spectacle musicale pose enfin ses valises à Paris. Il était temps.
Prochain objectif, cette fois dans les salles obscures : <i>Sweeney Todd</i>, avec le tandem Burton/Depp, ça promet. Parce que comédie musicale ne veut pas forcément dire comédie…
Très bel article !