Inglorious Basterds : La chute du IIIème Reich revue et corrigée par Tarantino
21 août 2009 par Samuel Sebban |
A moins d’être perdu au fin fond du désert, vous n’avez pas pu passer à côté du nouveau film de Quentin Tarantino, Inglorious Basterds. C’est désormais une tradition, chaque film du talentueux réalisateur constitue un évènement. Présenté pour la première fois au dernier festival de Cannes, ce film a valu à Christoph Waltz la palme du meilleur acteur. J’ai eu la chance d’assister à une séance jeudi soir dans une salle pleine à craquer en plein Paris. Verdict ?
Ça faisait un petit moment que je n’avais pas pris la peine d’écrire mes impressions sur un film, tout simplement parce que je n’ai pas vraiment été emballé par ce que j’ai pu voir récemment. J’ai vu de bons films, d’autres moins bons, mais rien qui n’arrive à la cheville du dernier opus de Tarantino. Certes, pour atteindre le niveau d’excellence de ce chef d’œuvre qu’est Pulp Fiction, il faudra encore patienter, mais cet Inglorious Basterds se défend très bien. Voilà le synopsis du film (source Allociné) :
Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s’échappe de justesse et s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma.
Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. « Les bâtards », nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l’actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark pour tenter d’éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l’entrée du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle…
Des ambiances uniques
Maintenant, tout le défi consiste pour moi à évoquer le film sans dévoiler de moments clés de l’intrigue… La première scène, qui met en scène Christoph Waltz dans le rôle du « Chasseur de Juifs » Hans Landa, rappelle les séquences psychologiques les plus glorieuses de Tarantino (un peu comme cette fameuse séquence de Samuel L. Jackson et John Travolta avec le hamburger dans Pulp Fiction) lance le film de la meilleure des façons. Il n’a définitivement pas son pareil pour créer des ambiances, et on se laisse volontiers porter par ce qui est en fait une sorte de comédie burlesque un peu trash, dans un contexte qui n’est pourtant pas si drôle.
En premier lieu, le défi relevé par Quentin Tarantino est étonnant : la langue de chaque personnage est respectée, ce qui fait que les Français parlent français, les Allemands parlent allemand et les Américains parlent anglais. C’est assez rare pour être signalé, et vous aurez compris qu’il faut impérativement voir ce film en version originale. Le degré de maîtrise linguistique des différents personnages constitue en effet un élément clé de la narration, le film basculant souvent parce que tel ou tel protagoniste ne comprend pas une des langues utilisées. Du point de vue du réalisme de la narration, c’est intéressant.
Un casting gagnant
J’en ai parlé plusieurs fois depuis le début de cet article : Christoph Waltz est sans conteste le métronome du film. Il dicte le rythme et se trouve à l’origine ou à la conclusion de tous les tournants de l’histoire. Tarantino a créé un personnage en tout point génial, et l’interprétation de l’acteur autrichien est tout à fait à la hauteur, rendant légitime sa palme d’interprétation au dernier festival de Cannes. Ce n’est probablement pas la dernière fois que l’acteur révélé par la série Derrick crève l’écran au cinéma…
Brad Pitt, tête d’affiche est plus en retrait et a un impact finalement assez limité sur l’histoire. Il n’en demeure pas moins que Tarantino, comme souvent, n’a pas son pareil pour saccager l’image des acteurs et les utiliser à contre-emploi. Ici, l’icône glamour se transforme en succulent paysan américain tueur de nazis un peu bourrin, et c’est assez jubilatoire. Au même titre, Diane Kruger est sublime dans son rôle d’actrice de la propagande du Reich œuvrant en réalité pour le compte de l’Angleterre.
Mélanie Laurent était probablement l’actrice française la plus qualifiée pour incarner cette jeune juive qui a vu ses parents se faire assassiner. Elle joue avec justesse cette victime au caractère fort et d’une froideur vengeresse imparable, et c’est probablement une actrice à suivre ces prochaines années, quoi que j’aimerais voir ce qu’elle donne dans des rôles un peu différents (elle s’était faite remarquer dans Je vais bien, ne t’en fais pas, dans lequel elle jouait également une forme de victime).
L’ensemble du casting est au diapason, je ne vais pas tous les citer, mais le réalisateur a réussi à choisir des interprètes aux multiples nationalités, polyglottes et talentueux. En même temps, il assez rare que Quentin Tarantino choisisse de mauvais acteurs pour ses films.
En somme, un film à voir
Bref, vous l’aurez compris, je suis plutôt emballé. J’étais quelque peu déçu des dernières superproductions hollywoodiennes ces derniers temps, qui manquent totalement d’audace et d’originalité, et dans ce contexte, Tarantino fait du bien. Le rythme est soigné, même si, en comparaison avec ses films précédents, la bande son est un peu moins présente.
[Attention spoiler]Concernant le film, mon seul regret réside dans l’absence d’une séquence durant laquelle les « Basterds » auraient visité le cinéma de Shoshanna un peu avant l’opération Kino… Cela aurait donné une scène intéressante psychologiquement et dans l’ironie de l’histoire, avec des personnages ayant le même objectif, et qui finalement finissent malgré eux par collaborer.[fin du spoiler] Peut-être se retrouvera-t-elle dans les bonus d’un DVD que je ne manquerai pas d’acquérir !
Donc voilà, en deux mots : courez-y !
C’est Christoph Waltz et non pas Walz. Je trouve cet opus excellent.
Bonne remarque
Je m’en vais corriger…