Les insugés : Une histoire vraie à la sauce hollywoodienne
3 fév 2009 par Samuel Sebban |
Edward Zwick, le réalisateur de Blood Diamond a décidé d’adapter l’histoire vraie des frères Bielski, Juifs originaires de Biélorussie, qui ont sauvé 1200 Juifs en survivant pendant 3 ans dans des camps de fortune cachés dans la forêt. Le long-métrage fait écho au roman de Peter Duffy, Les frères Bielski, qui relate cette aventure.
Daniel Craig, alias le dernier avatar de James Bond (Casino Royal, Quantum of Solace) incarne Tuvia, l’aîné des quatre frères. Il est accompagné au casting de Jamie Bell (King Kong, Mémoires de nos pères et bientôt en motion picture dans le Tintin de Steven Spielberg) et de Liev Schreiber (Scream) qui incarnent ses deux jeunes frères, protagonistes principaux de cette histoire.
Le démarrage du film est difficile : le départ est très brutal et rapide, le montage un peu étrange. La première demi-heure se joue sur un faux rythme et dans une atmosphère particulière. On passe trop vite du drame à des scènes plus légères qui effleurent quasiment la comédie, ce qui fait que j’ai eu un peu de mal à rentrer réellement dans l’histoire. Peut-être également que Zwick a voulu intégrer des éléments dramatisants (musique, ralentis) un peu trop tôt dans l’histoire, ce qui fait que pendant la première demi-heure, on peut avoir l’impression d’assister à une grosse farce, et on se prend à rire nerveusement alors que ce n’est plus le moment… Heureusement, le film dure non pas une demi-heure, mais pas loin de 2h30.
Et cette médiocre mise en bouche passée, ce sont deux heures haletantes, émouvantes, souvent brillantes qui attendent le spectateur. L’interprétation est parfaite, le rythme soutenu, l’histoire pleine de force. L’authenticité des décors, l’intensité des scènes de combat, les doutes, les peines et les joies des personnages font que l’on ressort complètement sonné de la salle obscure. La scène du mariage notamment est bouleversante : on y assiste à un mariage juif traditionnel en pleine forêt, mélangé avec les images de combats ardus entre guérilla russe et armée nazie.
Certes, le réalisateur n’a pas pu s’empêcher quelques symboles légèrement hors de propos comme le cheval blanc de Daniel Craig, l’analogie parfois pesante entre le personnage de Tuvia et le Moïse sauveur du peuple juif, et quelques attaques en règle de la Russie (globalement décrits comme soulards, sauvages et lâches). Néanmoins, ces quelques détails n’altèrent pas réellement la qualité du déroulement d’autant plus merveilleux que l’histoire est véridique. L’acte de résistance de ces Juifs aura été simplement de vivre, envers et contre tout. Et de constater qu’à la violence et aux persécutions, ces Juifs ont répondu par de l’espoir, des écoles et des hôpitaux (le dernier camp de forêt comptait en effet une crèche, une école et un hôpital). C’est une belle leçon de vie à l’heure où certains font l’apologie de la mort et des martyrs contre… toujours les mêmes !