Plein de choses sur Zorro, le musical, cet automne aux Folies Bergère
21 juil 2009 par Samuel Sebban |
Après quelques longues semaines d’absence, me revoici avec un article sur la prochaine comédie musicale produite par Stage Entertainment. Si j’ai déjà signé quelques articles sur Musical Avenue, je me rends bien compte que je suis un peu obligé d’avoir un minimum de neutralité dans ce contexte. Par contre, sur mon blog, rappelez-vous : je fais ce que je veux…
Souvenons-nous : si le choix du musical (Zorro + Gipsy Kings) m’avait laissé perplexe, j’avais été plus qu’emballé par le showcase qui avait eu lieu le 18 mars dernier… Que s’est-il passé entre temps ? Et bien j’ai assisté à la conférence de presse de présentation des comédiens et surtout, j’ai lu le roman d’Isabel Allende qui a inspiré le musical. Et c’est de tout ça que je veux vous parler ! Et vous allez voir, c’est long…
Ma première conférence de presse
C’est bien grâce à ce blog et pas par Musical Avenue que Stage Entertainment m’a invité à la conférence de presse, ce dont je les remercie infiniment. Ils ont manifestement pris acte de mes différents articles sur Cabaret, Le roi lion et maintenant Zorro, et c’est super gratifiant pour moi qui ne suis qu’un modeste fan. Ils m’ont envoyé l’invitation par mail, ce qui me fait dire que je suis dans leur base, et que je pourrai donc être informé des différentes étapes de la création.
Ça m’a fait tout drôle, en arrivant aux Folies Bergère le 24 juin dernier, de me retrouver devant le choix de ma file (presse ou partenaire), et de choisir « presse ». J’ai donc été accueilli par l’attachée de presse, une dame charmante qui, quoiqu’un peu stressée (ce que je comprends vu les enjeux), a été tout à fait charmante. Nous nous sommes ensuite retrouvés dans le hall des Folies Bergère, aménagé pour l’occasion.
C’est dans ce lieu magique que nous a été présentée une partie de la troupe qui foulera ses planches la saison prochaine. Je ne vais pas trop m’étaler sur cet évènement, puisque j’ai déjà écrit un compte-rendu très détaillé sur Musical Avenue, cependant je peux exprimer mon sentiment personnel.
Je dois reconnaitre que j’ai passé un excellent moment durant cette conférence de presse, parfaitement orchestrée par Arnaud Cazet, de Stage Entertainment. Premièrement, je trouve que Liza Pastor (Luisa) et Laurent Bàn (Diego de la Vega/Zorro) sont intrinsèquement meilleurs que leurs homologues britanniques, en tout cas vocalement. En réécoutant « Hope » (« Un nouvel espoir ») et « The Man Behind the Mask » (« L’homme derrière le masque »), et en les comparant aux versions françaises, je trouve que les artistes français font passer beaucoup d’émotion, alors que les interprètes anglais sont trop lyriques et d’une perfection un peu froide, en décalage avec les rythmes flamenco des Gipsy Kings. C’était un de mes principaux points d’inquiétude, car sur Le roi lion j’ai eu une grosse déception sur le casting français, en comparaison avec la troupe américaine (version CD).
Appréciant beaucoup Laurent Bàn tant humainement qu’artistiquement, je suis vraiment ravi qu’il ait été choisi. Concernant Liza Pastor, je la connais moins (je ne l’ai vue que dans Hair, avec Laurent, d’ailleurs), mais je suis surpris que la production ait choisi une artiste typée davantage Europe de l’est que méridionale pour ce personnage. Christopher Renshaw m’a dit qu’il n’y aurait rien de particulier pour lui froncer les cheveux, n’y voyant pas vraiment un obstacle, et je lui fais confiance !
J’aurais été plus surpris qu’il en soit de même pour Inez, et la production ne m’a pas déçu en choisissant Géraldine Larrosa, artiste franco-espagnole. OK, elle est blonde, mais bon elle est à moitié espagnole, c’est déjà bien. Si je vous dis qu’elle a interprété Christine dans The Phantom of the Opera, Belle dans Beauty and the Beast en espagnol, et Sandy dans Grease en espagnol ça vous rassure ? J’ai écouté quelques extraits sur son site, ça sent la perle…
Ensuite, je trouvé le projet de Stage Entertainment très ambitieux : ils projettent en effet de recréer le spectacle, puisqu’un bon tiers du livret va être réécrit pour la production française. Pour Le roi lion, il ne s’agissait que d’une reproduction de la mise en scène de Julie Taymor, brillante au demeurant. On ne peut que se réjouir qu’un metteur en scène de la qualité de Christopher Renshaw soit le maître d’œuvre de cette renaissance. On lui doit notamment la mise en scène du show à succès We Will Rock You dans le monde entier. C’est donc un directeur familier du musical de tradition anglo-saxonne qui va travailler à Paris, et je trouve personnellement que c’est formidable.
Par ailleurs, je suis vraiment ravi que Stage Entertainment soit parvenu à lier des partenariats avec des grands médias français, à savoir notamment TF1, Chérie FM, et Europe 1 notamment. C’est la preuve que l’on peut défendre des projets de qualité, à l’opposé des pseudo-comédies musicales « oualiesques » (de Kamel Ouali) qui insupportent beaucoup d’artistes de la profession, car elles donnent une image déformée de ce qu’est réellement la comédie musicale.
Enfin, mais j’y reviendrai quand les vidéos seront disponibles, Musical Avenue m’a offert l’opportunité d’interviewer Benoit de Gaulejac, qui incarnera le sergent Garcia, Liza Pastor et Laurent Bàn. C’est vraiment une expérience formidable, et je suis sincèrement heureux d’avoir l’opportunité de découvrir cet univers, sans aucun diplôme de journaliste en poche. Je crois vraiment en cette approche du site Musical Avenue, qui consiste à parler du musical en représentant le public, ou disons, en étant des amateurs éclairés, et pas des critiques ou des experts.
Le roman d’Isabel Allende… Quel rapport ???
Stage Entertainment a eu la délicatesse d’envoyer à Musical Avenue un exemplaire du roman qui a inspiré le musical, avec une nouvelle couverture aux couleurs du spectacle. Outre le talent de l’écrivain chilienne que j’ai découvert à cette occasion, le roman m’a passionné. Mais aussi beaucoup interloqué.
En effet, j’ai lu le synopsis du musical sur Wikipedia (la version anglaise du spectacle), en voici un court résumé :
L’histoire démarre en Californie où le jeune Diego est envoyé par son père Alejandro de la Vega à Barcelone pour ses études, laissant derrière lui son amour d’enfance, Luisa. Ramon, ami d’enfance du couple, est nommé capitaine des armées par Alejandro. Quelques années plus tard, Ramon étant devenu un tyran cruel, Luisa va en Espagne pour convaincre Diego de revenir en Californie pour le combattre. Un groupe de gitans, mené par Inez, accompagne Diego pour ce retour. C’est là qu’il devient le fameux justicier masqué, avec la complicité d’Inez. Écartée par Diego, Luisa tombe amoureuse de Zorro, tandis que le sergent Garcia, sous-fifre de Ramon, est épris d’Inez. Après plusieurs affrontements, au cours desquels Inez est assassinée par Ramon, ce dernier force Luisa à l’épouser. Don Alejandro, déguisé en Zorro, tente d’empêcher ce mariage et de stopper Ramon, avant que Diego, déguisé en Zorro, ne lui révèle son identité et tente également de le convaincre de mettre un terme à ses exactions. Ramon tente alors de le tuer, mais sa lame se retourne contre lui et il meurt. Zorro est contraint de montrer son vrai visage à Luisa, avant le baiser final.
Voici maintenant un résumé du livre :
Alejandro de la Vega est un soldat envoyé pour défendre la mission du père Mendoza, en Californie. Il affronte et vainc l’armée d’indiens conduite par une femme, Toypurnia, dont il tombe amoureux et qu’il sauve de la mort en la plaçant sous tutelle d’une notable espagnole. Le couple se marie quelques années plus tard, et donne naissance à Diego. Le garçon va grandir avec Bernardo, son frère de lait, qui est indien. Les deux jeunes sont envoyés à Barcelone pour leurs études. C’est là que Diego va apprendre tout ce dont il a besoin : acrobaties avec les gitans, escrime avec le maître Manuel Escalante, et l’amour avec Juliana, la fille de son protecteur, Tomas de Romeu, un sympathisant de Napoléon qui a conquis l’Espagne. Diego devient membre de la société secrète La Justice, qui défend la cause des faibles et des opprimés. Il commence à utiliser le costume noir et le masque pour quelques affaires personnelles, notamment avec Rafael Moncada, soupirant auprès de Juliana, le méchant de l’histoire. Il adopte le pseudonyme de Zorro, le renard, qui est apparu comme son animal fétiche lors de son initiation indienne. Après la chute de l’empire français, de Romeu est exécuté et Diego doit mener sa fuite, accompagné des deux filles de la famille (Juliana et Isabel) et de leur chaperonne. De retour en Californie, il retrouve Moncada, qui cherche à se venger, et qui a fait prisonnier son père. Zorro réapparait alors et va réussir à déjouer la main mise du tyran grâce à un plan audacieux, et avec l’aide de Bernardo et de la tribu de sa mère.
Cela étant dit, jouons au jeu des différences… Ça risque d’être un peu long non ? En gros, les seuls points communs des deux œuvres sont les gitans (sachant qu’ils restent en Espagne dans le roman) et les études à Barcelone. Les deux histoires n’ont rien à voir. Concernant les personnages, Bernardo, personnage majeur du livre, Julianna et Isabel n’existent pas dans le musical, remplacés par Inez et Luisa, inexistantes dans le roman. Quant au sergent Garcia, c’est un personnage très mineur dans le livre (ami d’enfance gras et lâche), mais manifestement davantage mis en avant dans le musical. Sans parler du côté indien superbement ignoré dans le musical.
A la lumière de cette analyse, comment la production peut-elle décemment affirmer que le musical est basé sur le livre ? La production avait peut-être besoin d’une caution culturelle avec Isabel Allende, mais à part ça, je ne vois pas bien l’intérêt. Toute personne qui va lire le roman après avoir vu le musical se rendra bien compte que les deux histoires n’ont rien à voir… Au bénéfice de la production, la fameuse réécriture du livret dont j’attends de voir si elle justifiera davantage cette communication que je considère comme légèrement abusive.
Il faut bien comprendre : je n’ai rien contre le fait que les histoires soient différentes, mais sur la communication qui affirme sans scrupule que le musical est basé sur le livre. A ce moment là, on peut dire que Zorro est inspiré du comic Spiderman par Marvel (ils ont un point commun : ils sont masqués tous les deux, ça devrait suffire). J’aurais trouvé plus élégant que Stage Entertainment nous explique que le musical est inspiré de toutes les œuvres concernant Zorro, y compris le roman d’Allende. On sait par exemple que le livret reprend entre autres des éléments du film Le Masque de Zorro, sorti en 1998. Alors pourquoi cette communication déformée ? A partir de quel moment peut-on dire qu’une œuvre est basée ou inspirée d’une autre ?
En même temps, ça ne change pas grand chose à mon enthousiasme et à mon envie de découvrir ce musical très prometteur, mais j’aimerais vraiment comprendre. En attendant, un album studio enregistré la semaine dernière devrait sortir très prochainement avant que l’on puisse enfin découvrir le spectacle à partir du 5 novembre 2009 aux Folies Bergère.
Bizzarre
On dirait de la lèche…..
Personne n’aime cette comèdie musicale sauf celui qui a été invité avec les ptits fours.. lol
C’est pas grave il en faut…
Bonjour,
J’avoue, c’est de la lèche, me voilà démasqué. Et c’est même plus grave : c’est de la lèche par anticipation, puisque cet article est daté de juillet que la première de gala avec les « petits fours », c’était le 5 novembre. Si c’est pas vicieux ça…
Après, c’est certain qu’avec 300 000 spectateurs en moins de 9 mois à Londres, avec 11 millions de livres de recettes, sans compter des nominations aux Oliver Awards dont 1 trophée, « personne n’aime cette comédie musicale ». On se demande même ce que faisaient les spectateurs à applaudir bêtement hier soir aux Folies Bergère, les yeux pétillants et des sourires plein les visages…
Non, vraiment, je suis impardonnable.
Heureusement, vous pouvez vous refaire en boucle « Cindy 2002″, avec Laam, pour vous consoler. A l’époque, c’était autre chose quand même…
NB : On se demande vraiment pourquoi les commentaires les plus stupides sont systématiquement anonymes. En fait non, on ne se demande pas.