Israël – Hamas : ça chauffe…
31 déc 2008 par Samuel Sebban |
Il n’aura échappé à personne que les derniers jours ont été marqués par une opération israélienne d’envergure dans la bande de Gaza. Cette opération, baptisée « Plomb durci », a pour objectif avoué de frapper un grand coup sur le Hamas, entité terroriste qui a pris le contrôle de la bande de Gaza par la force au Fatah de Mahmoud Abbas depuis juin 2007. Auparavant, Israël, sous la houlette d’Ariel Sharon, s’était retiré définitivement de la bande de Gaza au printemps 2005.
Ce qui est intéressant, c’est qu’à l’époque, une bonne partie de la population israélienne s’inquiétait de l’abandon de Gaza, craignant une intensification des attaques terroristes, notamment par l’intermédiaire de roquettes en tout genre, sur une portion toujours plus grande du territoire israélien (grâce notamment à des missiles de portée de plus en plus grande fournis par Syriens et autres Iraniens). On ne peut que constater les dégâts : les roquettes s’abattent par centaines, quotidiennement sur les villes israéliennes, la plus célèbre d’entre elles étant la commune de Sdérot.
On aurait pu espérer mieux, cependant : une trêve de 6 mois avait été conclue entre le Hamas et le gouvernement israélien par l’intermédiaire de l’Egypte. Celle-ci a pris fin il y a quelques semaines seulement. Malheureusement, au lieu de faire profil bas, le Hamas a malgré tout décidé de lancer à nouveau des roquettes de façon intense sur le territoire israélien. Déjà, la précédente trêve avait été mise à mal par quelques roquettes épisodiques occasionnant la fermeture de points de passage et des escalades verbales. Cependant, la nouvelle escalade dans le lancement de roquettes a incité Israël a préparer une action td’envergure. Plusieurs menaces par presse interposée ont été proférées, mais le mouvement islamiste n’en a pas tenu rigueur. Et l’offensive a été lancée. Même Mahmoud Abbas, d’habitude peu enclin à défendre les opérations militaires israéliennes, considère que le Hamas est responsable de l’incursion israélienne dans la bande de Gaza (http://www.france24.com/fr/20081228-abbas-responsabilite-hamas-israel-gaza-egypte-tsahal-operation-armee).
L’armée israélienne a donc démarré une opération aérienne et navale. Le bilan après 5 jours fait état de 372 morts et plus de 1600 blessés dans la bande de Gaza. La plupart sont des membres du Hamas, mais un (trop) grand nombre de victimes civiles est également à souligner (plusieurs dizaines, selon le site lepoint.fr). Ceci illustre les méthodes ignobles du Hamas qui n’hésite pas à se fondre dans la population civile et à placer des lance-roquettes dans les zones où la densité est la plus forte. Sans parler des entrepôts de roquettes, qui sont assez souvent des universités ou des hôpitaux. Le cynisme du Hamas qui considère ces victimes comme martyres et les dénonce haut et fort dans les médias ne fait malheureusement pas suffisamment bondir les médias et la communauté internationale.
Côté israélien, ce sont plusieurs centaines de roquettes qui se sont abattues sur les viles de Sdérot, Ashkelon et même Ashdod, ce qui constitue une première inquiétante. Le Shin Beth, c’est-à-dire les services secrets intérieurs, estiment que 10 % de la population israélienne est désormais à portée de tirs du Hamas. Rappelons que les roquettes de Gaza sont tirées sans discernement et ont pour objectif de faire un maximum de victimes civiles.
L’objectif annoncé est simple : faire cesser les tirs de roquettes. Cependant, on peut imaginer que deux autres objectifs sont sous-jacents : premièrement, frapper le Hamas, et très fort afin de l’affaiblir, voir de l’écarter. Deuxièmement, de raffermir l’image de l’armée israélienne et de convaincre les ennemis alentours que la force de dissuasion israélienne est intacte et puissante, et que le bilan mitigé de la guerre du Liban en 2006 n’était qu’un accident.
Les réactions internationales et la communication israélienne
A l’instar de ce que l’on a pu observer pendant la seconde guerre du Liban en 2006, la communauté internationale semble comprendre un peu mieux que d’habitude la réaction israélienne. Les gouvernements ne comprennent pas pourquoi le Hamas a refusé d’étendre la trêve et a intensifié le lancement de roquettes sur Israël. Cela se traduit par une réaction de Mahmoud Abbas très offensive contre le Hamas, mais également par une réaction beaucoup plus molle qu’à l’accoutumée de la ligue arabe, qui tarde à se réunir. Les Etats-Unis soutiennent l’offensive, comme à l’accoutumée, et l’Union européenne est partagée : l’Allemagne et la République Tchèque ont ouvertement imputé la responsabilité au Hamas, tandis que Nicolas Sarzkozy donne à Israël le droit de se défendre. Comme d’habitude, Bernard Kouchner demande un cessez-le-feu, et fait passer les israéliens pour des assassins en demandant une trêve « humanitaire ». L’Egypte est également très ambigüe dans sa réaction. Cela se conçoit : le Hamas est l’incarnation dans les territoires arabes de Palestine des « Frères Musulmans », un mouvement islamique d’origine… égyptienne. Le président Moubarak a donc tout intérêt dans l’offensive israélienne afin d’affaiblir ce mouvement et ainsi, de renforcer son pouvoir… Le Hamas ne s’y est pas trompé, le qualifiant de « traître à la solde des États-Unis » !
Concernant l’ONU, pas de changement : le Hamas et Israël sont mis sur le même plan et sommés de stopper immédiatement les violences. Pour l’analyse de la situation sur le terrain, on repassera. Bien entendu, Iran et Syrie ont fait entendre leur voix pour dénoncer les massacres perpétrés contre le peuple palestinien, je passe sur les termes de « génocide » et de « nazi » qu’on peut entendre ici et là, j’ai eu l’occasion d’évoquer ces questions à de nombreuses reprises sur ce blog.
Pour l’anecdote, la formule est rejetée par Israël : tous les jours, les points de passage sont en effet ouverts pour laisser passer l’aide humanitaire… Y compris aujourd’hui, où guysen.com nous apprend qu’Israël a, contrairement à l’Egypte, autorisé l’atterrissage de 3 avions d’aide humanitaire en provenance du Qatar et qui vont être acheminés vers Gaza. En tout état de cause, le cessez-le-feu a été refusé par les deux parties.
Mais cette relative patience de la communauté internationale est probablement expliquée par l’inhabituelle activité de communication des autorités israéliennes. Tsipi Livni multiplie les conférences de presse, et les israéliens ont menacé à plusieurs reprises d’une offensive d’envergure, voyant les roquettes tomber en masse, ces dernières semaines. On peut dire que l’opinion internationale était préparée, et que finalement peu de gens ont été surpris par cette attaque. Pour confirmer cette prise de responsabilité d’Israël dans la guerre de l’information, Tsahal, l’armée israélienne, vient de publier plusieurs vidéos de ses opérations ciblées sur une chaine youtube dédiée. On voit ainsi les efforts déployés afin de ne pas réitérer les erreurs de communication de la guerre du Liban.
Le modèle des relations Israël/Fatah
Un grand nombre des détracteurs d’Israël accusent régulièrement les Juifs y habitant de ne pas vouloir la paix avec les Arabes, de vouloir au contraire agrandir son territoire à tout prix et bien entendu tuer tous les Palestiniens. Ils expliquent que les prétextes de lutte contre le terrorisme invoqués par Israël ne sont que des leurres. Cependant, et je regrette que nos médias n’insistent pas davantage là-dessus, les relations entre Israël et la Cisjordanie contrôlée par le Fatah semblent se dérouler mieux que jamais : l’économie a repris, Israël a contribué à l’armement des forces de police de Mahmoud Abbas et à leur formation, et la violence est quasiment nulle à la frontière. C’est quand même bien la preuve que des Arabes en Palestine peuvent vivre correctement avec des Israéliens dans des frontières délimitées, et même collaborer économiquement et militairement. Certes, un grand nombre de sujets de désaccord demeure, mais entre personnes consentant à un dialogue pacifique, cela peut fonctionner sans victimes !
Je suis de ceux qui pensent que le Hamas, parasite néfaste au même titre que le Hezbollah et toutes ces milices fascisantes, est totalement responsable de ce qui se passe dans la bande de Gaza. Utilisant son peuple comme martyr malgré lui, en l’exposant inutilement à un combat qui n’est pas le sien, le Hamas remercie bien étrangement son électorat. Outre les thèses raciales présentes dans sa charte, sa stratégie causera, je l’espère, sa perte. Et les quelques personnes qui défendent un Hamas légitimement élu de par le monde ne peuvent pas prétendre défendre ni « la cause » ni « le peuple » palestinien, principale victime de ces bandes de fanatiques, tout comme l’ont été les civils libanais pendant la guerre du Liban à cause du Hezbollah. Au final, étant farouchement opposé au Hamas, je suis bien plus pro-palestinien que beaucoup d’extrêmistes antisémites antisionistes qui pensent sincèrement que le Hamas est légitime, parce que démocratiquement élu. Et à mon sens, le monde entier devrait combattre tous ces extrêmistes qui n’apportent que misère et chaos au nom d’un dieu qui les renierait sans doute haut et fort s’il pouvait prendre la parole.
Bonne analyse. Esperons que tout cela s’arrange en 2009.
Spinozette of Holland
je voudrai bien préçiser et rappeler que la rupture de la paix à bien été provoquer par israel en manipulant le hamas.
je voudrai aussi rappeler que les véritables terroristes sont bien qui provoque des crimes de guerre et des génocides. je voudrai aussi préciser qu’un etat née entre les bras des nation unis est bien un etat mal née.
@ Spinozette : Merci pour votre commentaire, je joins mon espérance à la votre !
@ Gaspard : Il va falloir actualiser vos sources… Il me parait relativement étrange qu’Israël « manipule » le Hamas en les incitant à la violence et notamment à lancer des roquettes. A mon avis, le Hamas est davantage manipulé par des gouvernements islamistes (Iran et Syrie en tête, bien entendu) qui cherchent à s’accaparer le pouvoir sur toute la région et qui ne supportent pas la présence juive sur ce qu’ils estiment être « terre d’Islam ».
Je vous invite par ailleurs à revoir la définition de génocide. Le génocide juif a fait 6 000 000 de victimes en 10 ans et le génocide rwandais environ 1 000 000 de personnes en quelques mois. On compte environ 100 000 victimes de part et d’autre pour le conflit israélo-palestinien depuis 1948. Si l’objectif était l’éradication des Arabes de Palestine, l’armée israélienne, réputée pour être parmi les meilleures du monde, aurait fait bien plus de victimes, ne pensez-vous pas ?
Enfin, il n’appartient ni à vous ni à mois de juger du bien fondé ou non d’une décision des Nations Unies. Cependant, j’attire votre attention sur le fait que la promesse d’un foyer juif en Palestine date des années 1920 et de la promesse Balfour lorsque la Palestine était un protectorat anglais. Dès lors que les Anglais étaient les maîtres et qu’il y avait des Juifs et des Arabes en Palestine en 1947, il était logique de partager la terre (en gardant en mémoire la promesse Balfour, commandant anglais de l’époque). Le plan de partage a été refusé par les Arabes à l’époque, et ils cherchent d’ailleurs à revenir en arrière aujourd’hui.