Sarkozy, le slip par dessus le pantalon ?
31 oct 2007 par Samuel Sebban |
Alors que mon travail (et, ne nous cachons pas, la sortie récente de Football Manager 2008) me prend tout mon temps, me revoilà plus fort que jamais pour un article qui concerne notre président préféré. J’avais eu une super idée que je n’ai pas eu le temps de matérialiser au moment où tout le monde se demandait si Cécilia était partie ou non, maintenant que c’est trop tard je le dis : je voulais faire un article avec un titre genre « La rupture selon Cécilia et Nicolas », tout ça pour parler dans l’article uniquement des problèmes de la France et du monde (et donc de tout sauf de Nico et sa femme), avec un message clé sous-jacent à l’article : JE ME TAPE DES HISTOIRES DE FESSE DU PRESIDENT… Tant pis, maintenant ça ferait réchauffé… Et ça m’évite de me déprimer à faire l’inventaire de toute la misère du monde.
Revenons à nos moutons. Les gens qui n’ont que ça à faire qui suivent l’actualité de très près ont du voir passer cet énième scandale médiatique de notre chef charismatique sur CBS, lors de l’émission 60 Minutes. Parce que je suis sympathique et que je vais vous éviter une recherche pourtant pas bien compliquée, la voici :
Les « évènements » dont il s’agit surviennent à la 4ème et à la 11ème minute (la fin) du reportage. Globalement, pour résumer, il traite Martinon d’ »imbécile »(bon les adeptes du complot mondial ne sont pas d’accord mais je pense que c’est assez clair qu’il n’oserait pas traiter la journaliste d’imbécile dans le blanc des yeux, surtout qu’ils ont l’air d’être copains comme cochons dans la première partie du reportage). Et à la fin, il quitte l’interview, au bout de 10 minutes, après une question sur le « mystère » Cécilia (l’interview est réalisée quelques jours avant l’annonce officielle de son divorce) qui manifestement ne lui a pas beaucoup plu.Et ce qui est étonnant avec ce genre d’histoires, c’est à quel point elle peut nourrir la haine des gens. Une personne à cran à cause de son divorce, et on parle de honte de la nation (je cite, cf les nombreux commentaires qui pullulent sur youtube). Ou comment des choses qui nous arrivent tous les jours deviennent inexcusables au prétexte qu’on a été désigné par les urnes pour représenter une nation. Personne ne s’interroge sur le besoin de la journaliste de parler de Cécilia dix minutes après le début de l’interview. C’est sur que l’Europe, le Proche-Orient, la relation franco-américaine et même, pourquoi pas, la situation de la France sont des thèmes annexes en comparaison avec le futur divorce des Sarkozy. Est-ce que la journaliste s’est rendue compte qu’elle n’avait pas en face d’elle l’avatar masculin de Paris Hilton ? De là découle une question de fond importante : est-ce que, au même titre qu’il doit le faire pour les questions politiques, le président de la République doit rendre des comptes à la nation sur sa vie de couple ?
En tous cas, on ne m’otera pas de l’idée que notre société évolue dangereusement vers une société de voyeurs, en témoignent le succès des nombreuses émissions de télé-réalité toujours plus navrantes (Secret Story, L’île de la tentation et j’en passe), et la place de plus en plus importante qu’occupent les affres sentimentales des politiques aux différents JT… Ca me rappelle ce qu’expliquait, scandalisée, la chroniqueuse de l’émission L’Edition Spéciale sur Canal +, au moment où le battage médiatique sur le « divorcera, divorcera pas » battait son plein. Rendez-vous compte, au JT de TF1, ils n’ont parlé de Nicolas et Cécilia qu’à 20h14, et France 2, encore pire, seulement à 20h19, vous voyez, nos médias sont trop nuls et les journalistes ne font pas leur travail. <ironie>C’est sur que faire passer en priorité l’adoption du mini-traité européen ou la grève des transports à cause de la réforme des régimes spéciaux, ce n’est pas franchement une preuve d’intégrité journalistique…</ironie>
Sincèrement, que ce soit pour le couple Sarkozy ou le couple Royal/Hollande, la pression médiatique n’a pas du être facile à supporter. J’ose à peine imaginer les réactions des matchistes réactionnaires si Ségolène avait été élue présidente. Et, si les seuls impacts visibles de l’épreuve qu’a du traverser Nicolas Sarkozy avec son divorce sont cette interview et la conférence de presse à Lisbonne (durant laquelle il a vertement tancé un journaliste qui lui posait une question sur le sujet), et bien je trouve que notre président aura su gérer cette affaire « de façon tout à fait remarquable » (petit clin d’oeil aux tics de langage du patron) et je n’ai pas senti de conséquence notable sur son action politique. Et c’est tout ce qui devrait nous intéresser.
Finalement, j’aime bien un des commentaires que j’ai lu sur AgoraVox pour décrire cet incident : « Un non-évènement qui entraine des non-articles qui entrainent des non-commentaires ». Et le rapport avec le titre de mon article dans tout ça ? Ca m’a rappelé une blague que j’ai entendue dans le film Le Coeur des Hommes 2 :
7h du matin, un homme rentre à la maison et trouve sa femme, qui l’attend de pied ferme :
- Alors Superman t’es rentré bien tard ?
- Je vais t’expliquer. Je suis vraiment désolé, mais j’étais avec des clients et …
- Et tu as discuté toute la nuit, jusqu’à 07h00, c’est ça Superman ?
- Laisse-moi parler, s’il te plaît. J’ai réussi à acquérir un nouveau client pour la boite. On a été manger italien et…
- Et cela jusqu’à 07h00 du matin ? Tu me prends pour une demeurée, Superman?
- Bon ok. Ensuite on a été dans un bar, jusqu’à 03h00 boire quelquechose…
- C’est ça Superman, jusqu’à 03h00… Et qu’as tu fais jusqu’à 07h00, Superman ?
- Euh… Ensuite on a été dans un bar à strip-tease, mais je n’ai fais que regarder. C’était chiant, sans intérêt et …
- C’est ça, Superman, prend moi pour une buse ! Tu as seulement regardé, et tu as tranquillement attendu… C’est ça Superman?
- Laisse-moi t’expliquer s’il te plait. Mais au fait pourquoi m’appelles-tu tout le temps Superman ?
- Parce qu’il n’y a que Superman qui porte le slip par-dessus le pantalon
La blague n’est pas très drôle, mais illustre bien mon propos et la question de fond qui se pose : un président doit-il être un surhomme, sans peur, sans reproche, sans faiblesse ? Finalement, doit-il cesser d’être un homme pour gouverner ? S’il n’est plus un homme, que devient-il ? Un dieu ? Superman ? Le propos est provocateur, mais quand on voit les passions que ces petites choses déchainent, je ne peux m’empêcher de m’interroger. Pour moi, on peut être désigné par ses pairs sans pour autant se placer au-dessus d’eux. On peut être appelé aux plus hautes fonctions, on n’en demeure pas moins des êtres humains avec des qualités, des défauts, des forces et des faiblesses.
Tu as raison… Mai les gens pensent souvent que lorsque la vie personnelle de quelqu’un est perturbée, son travail s’en ressent. Et lorsque la personne en question ? des responsabilités énormes, certains s’interrogent ou s’inquiètent.
mais il y a quand même trop de maladresse et de voyeurisme, c’est clair !