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Profanation de tombes… la connerie n’a pas de limites.

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Comme les gens qui suivent un peu les actualités ne l’ignorent pas, 148 tombes musulmanes ont été profanées au cimetière militaire Notre-Dame de Lorette dans la nuit du 5 au 6 avril. Après les 50 de l’an passé. Ca me dépasse.

Il faut vraiment que certaines personnes soient nées sous le signe de la débilité profonde pour faire de telles choses. Il n’y a rien à gagner, juste du mal à faire. Il n’y a aucune excuse, aucune raison, simplement de la bêtise, ou au pire de la propagande nauséabonde. J’espère sincèrement que les responsables vont se faire attraper, et condamner lourdement. Il semblerait que ça soit déjà le cas, je m’en réjouis. J’espère cependant qu’on va enfin avoir une réflexion de fond sur les vrais problèmes de racisme, de xénophobie et d’intégration dans la société, et ressouder un peu les communautés entre elles.

J’ai entendu beaucoup de palabres au sujet d’une banderole provocatrice, bête, méchante, mais pas franchement raciste, au stade de France dernièrement. Je dis cela parce que contrairement à certains « intellectuels » bien-pensants, je suis le football depuis 15 ans et que j’ai déjà vu des choses bien pires dans les stades, sans intention raciste, juste de la connerie pure. C’est pas joli mais ça fait partie du folklore, du chambrage entre supporters. La seule erreur des « Parisiens » aura été de s’attaquer au mec le plus populaire de France actuellement : Dany Boon, alors que notre président était dans les tribunes. Pas de chance. Il y a 4 ans, personne n’a rien dit quand les ultras lensois ont écrit sur une banderole qu’ils remerciaient les parisiens de cotiser pour leurs assedics à l’occasion d’un Lens-PSG… Certes, c’est pas très intelligent, ni très fin, voir assez méchant… Mais ce ne sont pas ces gars-là qui vont te profaner des cimetières !

Outre la réaction politique qui, comme de bien entendu, s’indigne, se scandalise, est outrée, manifeste sa totale incompréhension, compte sanctionner sévèrement les coupables et tous les autres verbes de circonstance, il serait peut-être bon que ça choque aussi ce qu’on appelle vulgairement « l’opinion ». La liberté de culte est une émanation de la République. S’attaquer à cette liberté, c’est cracher sur les droits fondamentaux. On peut toujours critiquer les Chinois et essayer d’éteindre la flamme olympique. Oh le beau pathos : c’est loin et les Chinois ils sont méchants avec les Tibétains, alors le journal français s’émeut profondément, RSF en tête. C’est tellement plus vendeur…

Moi je dis qu’il faut regarder dans son assiette avant d’aller voir celle des autres. Je dis que quand Ilan Halimi est assassiné par des crétins antisémites, on ne voit que des Juifs et des politiques en recherche de voix dans la rue, et que ce n’est pas normal. Je dis que quand des voyous profanent le carré musulman d’un cimetière français, seuls les Musulmans et les politiques en recherche de voix protestent, et ce n’est pas normal. Le racisme est devenu un fait divers. A part les autorités communautaires qui représent la communauté des victimes,

Mais les journalistes ne sont pas les seuls responsables. Un des aspects préoccupants, c’est que les gens, notamment en France, ne s’engagent plus pour rien. Les gens sont sans doute persuadés que les libertés individuelles et collectives sont acquises, et ils préfèrent pleurnicher sur le pouvoir d’achat ou sur les Tibétains, les Palestiniens, les Irakiens, les Tchétchènes, tous les opprimés du monde. Et il faut le faire. Mais pleurnicher, ce n’est pas s’engager.

Et, lorsque l’on interdit à un Juif de vivre parce qu’il est Juif, à un Musulman de se faire enterrer orienté vers la Mecque, c’est la France qu’on viole. Il ne faudra pas s’étonner si demain, certains illuminés réhabilitent la religion d’Etat, au nom de la peur. On commencera par supprimer la liberté de culte, et puis la liberté d’expression, et puis la liberté tout court. Il faudrait commencer à arrêter d’expliquer qu’il faut tirer les leçons de l’histoire et commencer à le faire vraiment. Je n’en peux plus de cette société individualiste dépourvue d’engagement individuel pour ladite société. J’aimerais tellement sentier un refus de tout le monde face à ce genre d’abominations. Mais en même temps qu’est-ce que je peux y faire…

Le trafic d’enfants bientôt normalisé en France

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Malheureusement, ce n’est pas un poisson d’avril.

Je réagis ici simplement à la grâce accordée par le président tchadien Idris Deby aux ressortissants français de l’Arche de Zoé, condamnés pour trafic d’enfants dans des conditions certes particulières. Sous pression de la France, bien entendu, et certainement à grands coups de millions, contrairement à ce que l’on essaie de nous expliquer.

Pour rappel, il semblerait que ces personnes aient tenté de faire passer de façon illégale des enfants tchadiens en France en vue de les faire adopter par des familles françaises. Dissimulations, faux pansements et fausses perfusions afin de laisser croire à une évacuation sanitaire, sous prétexte de sauver des enfants de la mort. Rien de très méchant, juste un peu d’illumination, mais rien de grave dans les motifs.

Evidemment, c’est la méthode qui est condamnable. Je suis complètement outré qu’on nous présente comme logique que ces personnes soient graciées. 8 ans de prison pour cela, ce n’est pas très cher payé, si c’est avéré. Alors bien sûr, ils ont été jugés de manière expéditive au Tchad, et on n’a pas tenu compte des niveaux de complicité, mais quand bien même. Si demain, vous allez dealer du shit en Iran, vous êtes pendus, vous le savez. Si vous vous faîtes attraper au Tchad, vous n’avez pas un procès équitable. Dans la vie, il faut assumer ses choix. Les membres de l’ONG savaient qu’ils étaient hors-la-loi, et donc à quoi ils s’exposaient.

Ma seule crainte aujourd’hui, c’est que les membres de l’Arche de Zoé ne soit pas rejugés en France. Et à la vérité, comme il est possible (probable ?) que nos gouvernants ne sont pas tout blancs dans cette histoire, j’ai bien peur qu’on finisse par noyer le poisson. On peut critiquer ce qui se passe au Tibet, ou au Darfour. Mais si demain, nos compatriotes qui considèrent qu’il est normal de faire du trafic d’enfants, pour quelque raison que ce soit, ne sont pas condamnés, ça signifiera tout simplement que la France, pays des Droits de l’Homme, aura réhabilité le trafic d’êtres humains. « Allez ramasser des enfants en Afrique, si vous vous faîtes attraper, on vous sortira de prison », dira-t-on. Tout en nous expliquant que l’on veut en finir avec la « Françafrique »…

Je comprends bien les questions de « real-politic » (i.e. je sais bien que parfois, on a pas d’autre choix que de défendre les intérêts du pays, même si cela va à l’encontre de principes fondamentaux), qui fait par exemple qu’on a trop d’intérêts en Chine pour se griller aux JO, mais quand nous nous trouvons dans une position dominante, comme face au Tchad, si l’on ne peut pas condamner des Français qui s’abaisseraient à des pratiques ignobles comme celle-ci, ça serait un coup terrible porté à notre démocratie. Donc désormais, j’attends un jugement équitable, qui éclaircira le trouble alimenté par les médias afin que l’on ne devienne pas objet de moqueries lorsqu’on prétend défendre les Droits de l’Homme. Il ne s’agit pas des autres cette fois, c’est de nous qu’il s’agit. Si les accusations pesant sur les membres de l’ONG sont avérées, ils doivent être condamnés avec la plus grande fermeté. Sinon, je ne sais pas où l’on va.

Un grand mal de notre temps

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Hier soir, en dégustant avec ma chère et tendre de délicieux sushis ou autres makis, je me sentais d’humeur philosophe. Nous avons donc débattu quelques minutes sur une idée que j’estime intéressante et que je voudrais partager.

Comme vous le savez peut-être, je suis féru d’actualité sportive, et notamment de football et de tennis. Et en ce moment, la question que l’on se pose dans ces sports, en tout cas en France, c’est qui sont respectivement les nouveaux Zidane et Noah. Quand certains jeunes joueurs de football alignent des performances intéressantes, comme Franck Ribéry, Karim Benzema, ou dans une moindre mesure Hatem Ben Arfa voir même Yoann Gourcuff, tout de suite on se demande si le nouveau Zidane ne serait pas planqué quelque part parmi un de ces jeunes gens. En tennis, récemment, la performance de Jo-Wilfrid Tsonga à l’Open d’Australie a suscité un vif émoi chez les journalistes qui y ont vu le nouveau Noah.

Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays, mais en France en tout cas, on aime vraiment comparer nos sportifs, nos acteurs, nos réalisateurs, nos chanteurs, etc. Qui n’a jamais entendu qu’untel ou untel était le « nouveau Montand » ? Ou un autre un « mélange subtil d’Aznavour et de Bécaud » ? Ceci étant dit, la question qui me taraude c’est : d’où vient ce besoin terrible de toujours associer des talents du présent à des gloires passées ? Pourquoi nos médias ne pourraient pas simplement expliquer, comme il le dit si bien lui-même, que Karim Benzema n’était pas spécialement le nouveau Zidane, mais juste Karim Benzema ?

Jusque là je ne pense pas que mon propos est fondamentalement choquant pour le lecteur qui suit un petit peu l’actualité culturelle et sportive du pays… C’est maintenant que ça se gâte !

Je pense que ce besoin de références, cette comparaison systématique, relève de deux éléments culturels fondamentaux :

  • une peur chronique de tout ce qui relève d’une certaine nouveauté ;
  • une défiance inavouée vis à vis de toute forme de réussite.

Mais là où ça devient carrément terrible, c’est que je pense que ces deux éléments culturels sont responsables d’un grand nombre de maux en France, et peut-être en Europe (je parle surtout de la France parce que je ne sais pas ce que ça donne ailleurs). Je sais, c’est discutable. Je vais donc tâcher de m’expliquer, et pourquoi pas, de convaincre.

La peur du neuf

Je ne pense pas que ça soit un mal typiquement français. L’innovation, la nouveauté, le changement effraient. De là découlent toutes les nouvelles théories sur l’accompagnement du changement et la communication que nous vendent allègrement tous les cabinets de conseil.

Les gens sont souvent très conservateurs, ils n’aiment pas spécialement ce qui déroge à certaines règles, ou plutôt certains repères de leur cadre de vie, et donc, dans un certain sens, un certain degré de « normalité ». De là tous les problèmes de racisme, d’homophobie, etc., d’une part, dus tout simplement à une méconnaissance, et, d’autre part, l’accueil parfois difficile que peuvent recevoir certains artistes à leurs débuts. Je pense à Charles Aznavour, dont chacun sait qu’il a reçu ses tomates en son temps, ou encore, par exemple, Jean-Jacques Goldman, qualifié de « castrat endimanché » à ses débuts et détruit par une certaine critique bien-pensante. Pourtant ils ont fini par se faire accepter, et même aduler avec le temps : la force de l’habitude.

Les jeunes artistes vont d’abord être portés par les jeunes générations. On parle de phénomène de mode : il y a 30 ans, c’était Patrick Bruel, aujourd’hui c’est Tokyo Hotel. Bruel a vieilli, mûri, et surtout, son public a 30 ans de plus. Il est passé du statut de jeune rebelle à celui de « meuble », au sens où il s’est durablement installé et où son style est connu de tous. Exemple plus marquant : le groupe NTM, infréquentables en leur temps en 1989, aujourd’hui invités d’honneur sur les plateaux télé, plutôt rangés, et dont le discours est aujourd’hui ne choque plus grand monde… Pour Tokyo Hotel, à mon avis, le phénomène de mode demeurera phénomène de mode, comme les fameux boys bands de l’époque (2be3 et autres World’s Appart au retour lamentablement raté).

Dans une autre mesure, évidemment, les politiques qui veulent maintenir une côte de popularité élevée ont deux choses à faire. 1) S’annoncer comme ceux qui vont réformer le pays pour le changer en profondeur. 2) Surtout ne rien changer et laisser passer le temps. En gros, faire du Chirac. Les gens ont ce paradoxe formidable, c’est qu’ils réclament des changements, tout en s’y opposant farouchement et systématiquement quand ils surviennent. Là encore, mal français ou généralisé, je ne sais pas.

Pour résumer : la nouveauté effraie, car elle ne permet de raccrocher à aucun repère connu de sa propre réalité.

La réussite est-elle un tabou ?

Cela étant dit, l’autre souci que je rencontre dans mon quotidien, c’est cette culpabilité qu’on essaie d’imposer aux gens qui réussissent. Hors aujourd’hui, le symbole reconnu de la réussite, c’est l’argent. C’est triste, mais c’est ainsi. Quelqu’un qui a réussi dans la vie a nécessairement gagné beaucoup d’argent. En France, du fait de l’héritage social fort, l’argent est un tabou. C’est assez honteux d’être riche et en bonne santé ! Et ça m’arrive de le penser, de me dire, à la fin, que c’est quoi ces gens qui sont pleins aux as quand d’autres crèvent de faim ?

Contrairement au modèle américain, qui défend la théorie selon laquelle n’importe qui peut réussir à grimper brusquement l’échelle sociale, le fameux « American Dream » qui a produit des Ford, des Bill Gates ou des Steve Jobs, le modèle de la réussite à la Française et beaucoup plus subtil. On va avoir tendance à distinguer ceux qui réussissent à ceux qui ne réussissent pas. Si quelqu’un crée une entreprise aux Etats-Unis et qu’il se plante, ce n’est pas trop grave, parce qu’on est dans un système où la capacité d’entreprendre compte davantage que l’échec. On me parlait récemment d’une personne qui a créé une entreprise en France qui a déposé le bilan pour des raisons indépendantes de sa volonté, et qui est désormais fichée chez les banques comme un « mouton noir ». Il faut se rendre à l’évidence : la réussite est dans les gènes. Tu l’as en toi, ou bien tu n’y as pas droit. Partant de ce principe, il est assez naturel que la réussite devienne quelque chose d’obscène. Là où Bill Gates est un modèle de réussite, la famille Lagardère est le symbole des salauds…

Et finalement, ça traduit quoi : le mot-clé ici me semble être la confiance en soi, avec deux extrêmes. D’un côté, le modèle à la Française, en crise de confiance, avec peu de capacité d’innovation et d’entreprenariat, un manque de foi en l’avenir (ce qui se traduit par beaucoup d’épargne et peu d’investissement), et de l’autre, le modèle américain, confiant, entrepreneur, très innovateur, mais d’une arrogance et d’une superficialité poussées à leur paroxysme. évidemment, le modèle optimal se trouve au barycentre des deux !

Conclusion

Probablement que mon approche est simpliste. Je ne suis ni penseur, ni sociologue, ni philosophe. D’ailleurs, ce qui est intéressant, c’est que ça ne m’empêche pas de penser, n’en déplaise aux experts. Mais je crois qu’elle a le mérite d’identifier une cause fondamentale de certains problèmes qui existent en France (et probablement ailleurs). Par exemple, l’incompréhension autour du conflit au Proche-Orient découle selon moi des comparaisons qu’on essaie de faire avec des situations passées, beaucoup plus simples dans les enjeux. Du coup, les journalistes notamment utilisent des mots qui peuvent apporter des repères par rapport à des situations banalement connues : la colonisation, le terrorisme, la résistance. Ce conflit, dont chacun se rend bien compte qu’il ne ressemble à aucun autre, est pourtant traité comme n’importe quel autre, et les parallèles qui sont faits sont nécessairement imparfaits, voir carrément déplacés.

De l’autre côté, certains ne peuvent pas s’empêcher de rechercher dans les performances sportives des jeunes espoirs la gloire de leurs aïeux, les Noah et autres Zidane , parce que plutôt que d’apprécier leur réussite pour ce qu’elle est, il faut la raccrocher à une inspiration du passé, et donc de ce fait, à une réussite passée qui rassure davantage, parce qu’elle nous est familière. Rappelons-nous au départ, l’équipe de France, minée dans ses doutes et dans le traumatisme de l’élimination de la Coupe du Monde précédente, dont le sélectionneur Aimé Jacquet est copieusement critiqué, parce que justement, on ne sent pas l’équipe de France à la hauteur de celle qui gagne l’Euro en 1984. Et il faut une formidable persévérance et un sacré courage de la part de ces garçons pour persévérer. Et après seulement, une fois qu’ils gagnent, les gens sont contents.

Donc, ça nous arrangerait bien que Benzema soit le nouveau Zidane, parce que Zidane rappelle des succès probants pour la France. Comme ça, comme on peut l’entendre un peu partout, Benzema et l’équipe de France peuvent nous « refaire 98″. Et avec ce terme, imaginez la pression que les joueurs ressentent à être constamment comparés… Je préfèrerais personnellement qu’ils nous fassent 2008, et pourquoi pas 2010 au lieu d’essayer de refaire 98…

Lorsqu’on arrêtera de comparer les époques, et de critiquer les gens qui réussissent, que l’on commencera à juger le potentiel pour ce qu’il est , et à encourager les gens dans leurs projets pour justement qu’ils réussissent, il fera probablement mieux vivre en France. Et je ne pense malheureusement pas que ça soit à la portée de nos politiques…

L’appel au boycott du salon du livre à Paris

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Ou comment transformer une manifestation culturelle en enjeu politique.

Comme beaucoup de gens ne sont pas au courant, rappel des faits. Le Salon du Livre à Paris (et de Turin) a décidé de mettre à l’honneur cette année la littérature israélienne, à l’occasion des 60 ans de l’État d’Israël, comme ils ont pu mettre à l’honneur un certain nombre d’autres pays dans le passé. Oui mais voilà, Israël n’est pas n’importe quel pays.

Les appels au boycott n’ont pas tardé, de la part de pays traditionnellement très « chaleureux » avec Israël : l’Iran, le Liban, l’Arabie Saoudite ou encore le Yemen, l’Égypte, bref que des pays qui ont toujours traité une Israël avec une équité très particulière. Motif invoqué : protester contre l’hommage rendu à Israël, « malgré ses atrocités, l’oppression, la famine et le siège du peuple palestinien ».

Parce qu’évidemment, les écrivains israéliens sont responsables de la politique israélienne, c’est bien connu. Si demain, la Russie était à l’honneur, le monde appellerait au boycott pour protester contre les problèmes liés à la Tchétchénie. Et puis si l’Iran ou l’Arabie Saoudite étaient invités, le monde boycotterait parce que la liberté de la femme est inexistante dans ces pays. Tout ça c’est la faute des écrivains, c’est évident.

Et l’Iran a bon dos de parler d’atrocités, puisqu’ils y ont une responsabilité directe en armant des fanatiques dont quelques-uns n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’aller flinguer de l’étudiant juif hier en plein cœur de Jérusalem. Mais malgré le fait que d’un point de vue politique c’est l’hôpital qui se fout de la charité (quoi que l’expression consacrée me parait bien peu appropriée dans ce cas, surtout pour l’hôpital), donner une connotation politique à un salon culturel est une aberration.  Personne ne boycotterait le Tchad s’il était mis à l’honneur, et pourtant au niveau atrocités et du bafouement des droits de l’homme ils n’ont probablement pas grand chose à envier à quiconque.

Donc pourquoi Israël ? Réponse simple et évidente, surtout pour les États arabes, qui sont dans la même logique depuis 1948 : de la même façon qu’une « présence juive en terre d’Islam » était intolérable en 1947 après le plan de partage de l’ONU, la volonté de « rayer Israël de la carte » est toujours bien présente, y compris dans les États arabes dits modérés. La reconnaissance de l’existence même d’une culture israélienne accrédite trop l’existence d’un Israël, et les belles paroles de paix qu’on peut entendre de temps en temps illustrent simplement l’impuissance de ces États pour mener à bien ce cher projet : « jeter les Juifs à la mer », après les échecs de 1948, 1956 ou 1967. Cet appel au boycott n’est qu’un élément illustratif du fait que derrière les volontés pacifiques parfois sincères des gouvernants (comme Nasser et sa triste fin à l’époque), les populations sont bercées dès l’enfance par la haine des Juifs et que souvent le pouvoir despotique des dirigeants repose en grande partie sur la haine d’Israël (toujours le fameux ennemi commun).

Le vrai courage aurait été d’aller au salon et de débattre, mais reconnaitre la moindre légitimité à un Israélien est impossible pour certaines personnes. Israël étant une aberration géographique, il ne manquerait plus qu’on leur parle. Alors on se planque derrière des prétextes humanistes fallacieux (car nul n’ignore que les incursions israéliennes sont une réponse aux tirs de roquettes, surtout pas l’Iran, le premier fournisseur d’armes du Hamas et du Hezbollah) pour ne pas se griller sur la scène internationale et avouer une triste mais simple vérité : les États arabes islamisants ne sont absolument pas prêts à une normalisation des relations avec Israël, et ce que je reconnais à Ahmadinejad, c’est d’avoir l’honnêteté de reconnaitre que la destruction d’Israël est plus qu’un objectif, un idéal. Les Islamistes radicaux en ont fait un enjeu religieux, et dans ces conditions, malgré toute la bonne volonté de Mahmoud Abbas, des Américains et des Israéliens, le processus de paix n’aboutira certainement pas en 2008 à autre chose qu’un papier qui statue mais ne résoud rien. Et les problèmes pourraient bien s’étendre à d’autres pays, en témoigne ce qui se passe en Angleterre où la charia peut désormais officiellement se substituer à la loi dans certains cas.

Quand Ayaan Hirsi Al, une femme musulmane, ose critiquer un régime et des mœurs dans un film, sa tête est mise à prix et elle est obligée de se cacher et d’avoir une protection. Quand des auteurs israéliens viennent parler de livres, on les accuse de meurtre. C’est moi où il y a quelque chose qui tourne pas rond dans cette histoire ?

Quand on a l’impression que le monde ferme les yeux…

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Ça n’aura échappé à presque personne, la situation au Proche-Orient est explosive. Les évènements de ces derniers jours ont, selon moi, fait resurgir l’ensemble des problèmes d’ordre médiatique du conflit israélo-arabe, et mis en exergue les années, voir les décennies d’avance des factions terroristes du Hamas ou du Hezbollah sur Israël. C’est très intéressant.

Le premier élément qui m’a marqué, c’est l’extrait suivant que j’ai repéré sur le site du Monde, le 1er mars :

« Plus les tirs de roquettes Qassam s’intensifieront, plus les roquettes augmenteront de portée, plus la shoah à laquelle ils s’exposeront sera importante, parce que nous emploierons toute notre puissance pour nous défendre », a déclaré, vendredi 29 février, Matan Vilnaï, le vice-ministre de la défense israélien.

Mais quels crétins… Evidemment, l’emploi du terme « shoah » ici est d’une maladresse incroyable, puisqu’ailleurs qu’en Israël il sert à désigner la « Shoah » au sens du génocide nazi des Juifs. Hors, le mot « shoah » signifie « catastrophe » en Hébreu moderne et fait partie du vocabulaire courant en Israël. Finalement, le Monde aurait pu/du traduire intégralement : « Plus les tirs de roquettes Qassam s’intensifieront, plus les roquettes augmenteront de portée, plus la catastrophe à laquelle ils s’exposeront sera importante, parce que nous emploierons toute notre puissance pour nous défendre ». Et personne n’aurait relevé.

Alors bien entendu, on pourra reprocher aux journaux français d’avoir fait une traduction approximative, mais il est évident que selon moi, c’est aux autorités israéliennes de faire attention aux mots qu’ils emploient publiquement. Même si ces termes sont utilisés dans la vie de tous les jours en Israël, ils prêtent à confusion dans les autres pays, et, à l’heure où certains fanatiques ont le culot de qualifier l’État d’Israël de nazi, la moindre des choses est d’éviter de leur donner du grain à moudre.

Certes, on pourra rire jaune quand Mahmoud Abbas, négationniste à ses premières heures, parle d’Holocauste… Quid de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza qui avait fait 300 morts, soit 3 fois plus que l’incursion israélienne ? Mais l’Autorité du Fatah de M. Abbas n’est plus à une contradiction près, et les médias français relaient sans aucun sens critique, comme d’habitude.

J’exagère : pour la première fois depuis deux ans, les médias français commencent enfin à parler des roquettes qui s’abattent quotidiennement sur la ville de Sdérot, et, plus préoccupant depuis quelques jours, sur la ville d’Ashkelon (voir carte). Le peuple français découvre donc avec stupeur : les Arabes de Palestine enverraient régulièrement des roquettes… Incroyable. L’armée israélienne pourrait donc faire autre chose qu’un massacre organisé…

Les engins du Hamas sont de plus en plus sophistiqués, et de plus en plus dangereux, et on ne peut que s’inquiéter de cette escalade. Ce qui est fondamentalement étonnant, et c’est là que je retrouve l’impartialité de mes chers médias français, c’est qu’on ne fait pas franchement de différence entre les roquettes du Hamas et les incursions israéliennes. J’entendais une interview de l’ambassadeur d’Israël en France sur le site de France 5, et ce dernier fait une comparaison certes illusoire, mais édifiante : que se passerait-il si des missiles étaient tirés depuis la Belgique sur la ville de Valenciennes (comparable à Sdérot, petite ville de Province) ? La France négocierait-elle la paix sagement sans répliquer ? Pas plus de 2 jours. Il est tellement aisé pour M. Kouchner de clamer haut et fort que la violence n’est pas la solution, et pour tous les bien pensants à l’abri dans leur bureau, ONU et consort… Il est tellement facile de d’expliquer que la réaction israélienne est, comme d’habitude, disproportionnée… Quand ça se passe chez les autres, et plus particulièrement en Israël.

Ne serait-il pas possible, pour une fois, de pointer du doigt le Hamas, entité terroriste reconnue par l’UE, qui cache ses roquettes dans des habitations civiles, qui se sert d’enfants comme boucliers humains, qui tire aveuglement des centaines de roquettes vers Israël en espérant toucher un maximum de civils, justement, et en fêtant ça quand ça arrive ? Missiles soit disant « artisanaux », sous-entendu innofensifs… Qui organise des défilés avec des enfants déguisés en combattants, ou arborant fièrement des ceintures d’explosifs, jeunesse promise à un brillant avenir dans les commandos « résistants » ? Mais pourquoi personne n’en parle ? Le Hamas fait tout pour empêcher la création d’un Etat Arabe en Palestine aux côtés d’Israël. L’objectif clamé haut et fort par le Hamas, et enseigné dans leurs écoles, c’est de tuer du Juif et de rayer Israël de la carte (on comprend mieux pourquoi ça fricote si bien avec l’Iran) ; une véritable apologie de la violence qui n’aura de cesse que quand cet objectif aura été atteint. Je ne parle pas de la situation des habitants de Gaza, victimes en premier lieu de ce régime dictatorial au sein duquel il n’existe aucune liberté d’expression, où les journalistes doivent être accrédités par le « gouvernement », où les mises en scène médiatiques sont monnaie courante (dernières en date : suite au blocus israélien, défilé de Gazaouis soit disant pauvres pour acheter du coca en Egypte, pénurie d’électricité impliquant défilé à la bougie dans les rues alors que les lampadaires fonctionnent, et réunions ministérielles à la bougie rideaux mal fermés, en plein jour…) Mais on n’entend pas franchement M. Kouchner à ce sujet.

Et puis c’est quoi, à la fin, une réaction proportionnée ? Je cite à nouveau l’ambassadeur : pour un kamikaze arabe on envoie un kamikaze israélien ? Ça ne veut rien dire. Israël a le devoir de protéger sa population civile. La solution au problème de la violence est simple, et les officiels israéliens le répètent sans relâche : le jour où les roquettes s’arrêtent, les ripostes cessent. En attendant, qu’est-ce qu’il faut faire ? Observer tranquillement les centaines de roquettes qui tuent et qui détruisent et attendre sagement que ça s’arrête ? Franchement… Il faut poursuivre les négociations avec M. Abbas, parce que le Hamas cherche avant tout à les faire capoter, et endiguer ce fléau terroriste. Aujourd’hui, personne n’a trouvé de meilleure solution que les attaques ciblées. Donc à l’armée israélienne de prendre les meilleures précautions avec les populations civiles pour ne pas les atteindre, et au monde d’ouvrir les yeux : ce qui se passe actuellement au Proche-Orient n’est que le fait du Hamas, dont les dirigeants doivent franchement rigoler quand ils observent le résultat de leurs manipulations fourbes. Comme je le disais, ils ont des décennies d’avance en matière de communication. Et le monde entier tombe dans le panneau…

Une anecdote que je viens de lire pour me remonter un peu le moral (extrait du Jerusalem Post édition française) :

La voix arabe de Tsahal

Pour près de 200 millions de personnes de langue arabe, de l’Inde à l’Indonésie, Tsahal a un visage et un nom : Avichay Adraee. Le seul membre du bureau des portes-parole de l’armée parlant arabe a eu beaucoup de travail la semaine dernière. Il a du présenter la perspective de Tsahal sur les tirs de roquettes et l’opération militaire à tous les médias de langue arabe.

Adraee souligne rapidement que c’est une erreur de voir les médias arabes comme un bloc monolithique, même sur un sujet tel que l’opération militaire dans la bande de Gaza : « Certains organes de presse sont beaucoup plus pragmatiques, et ne suivent pas le Hamas en tous points. Ils peuvent même poser des questions très embarrassantes et très dures pour l’autre côté ».

« Al-Jazeera [télévision basée au Qatar mais qui emet dans le monde entier] était très, très militant alors qu’Al-Arabiya [télévision arabe] était informatif. Al-Arabiya a montré qu’il était au fait de l’immense pouvoir des médias dans le monde arabe et qu’il ne voulait pas l’utiliser pour embraser la région » commente Adraee.

Dans certains cas, Adraee a essayé de présenter la situation comme étant une simple bataille entre un Etat et des terroristes, une analogie parlante pour les pays arabes et musulmans modérés tels que le Maroc ou la Tunisie qui luttent également contre les organisations terroristes.

Le journal le plus diffusé dans le monde arabe, A-Sharq Al-Awsat, édité à Londres, n’a pas été convaincu lui même par le discours de victime du Hamas qui se concentrait essentiellement sur les morts d’enfants. Deux articles ont été publiés attaquant le Hamas, l’accusant d’avoir donné un prétexte à Israël et expliquant que les tirs de roquettes faisaient plus de mal aux Palestiniens qu’aux Israéliens.

Parfois, les efforts d’Adraee se résument en une simple tournure de phrase. S’étant retrouvé par surprise face à un leader du Hamas sur le programme arabe de la BBC, alors que celui-ci répétait le même discours de victime, Adraee s’est contenté de répondre par une expression arabe disant : « Tu me frappes et tu te mets à pleurer ». Après ce commentaire, il a reçu des messages de félicitations de téléspectateurs arabes.

C’est ce retour qui rend le travail d’Adraee moins ingrat. « Je n’essaye pas d’ouvrir une branche du mouvement sioniste à Beyrouth, mais si j’ai réussi à convaincre une personne à l’autre bout du monde, alors je suis content ».

nb : tout le monde aura noté que je ne parle plus de « Palestiniens ». La meilleure opération de communication des Arabes de Palestine aura été de se faire accepter par le monde entier comme les « Palestiniens ». Historiquement, la Palestine appartient aux Philistins puis aux Anglais, jamais aux Arabes. En 1947, l’ONU vote le partage de la Palestine en vue de la création d’un foyer arabe et d’un foyer juif en Palestine. Les Palestiniens sont donc les Juifs et les Arabes de Palestine. Les Juifs ont créé un État, et se font désormais appeler Israéliens. Mais ils n’en sont pas moins Palestiniens, pas moins que les Arabes de Palestine. Je recommencerai à appeler ces derniers « Palestiniens » dès qu’ils auront créé leur propre État (qu’ils sont libres d’appeler « Palestine » si ça les chante, même si historiquement c’est un non sens… Mais bon, la politique :-) )

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