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Quelle soirée !

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Comme beaucoup de gens hier soir, je suis resté suspendu à ma télé pendant près de 2h40, écoutant attentivement ce qui s’est dit pendant ce temps-là. Mon choix étant déjà fait pour le second tour, ce qui m’intéressait plus était de voir le comportement de chacun des protagonistes dans la confrontation, et d’étudier plus avant les stratégies de communication. En tout cas, il faut saluer les deux acteurs, parce que le débat fut intense, souvent intéressant, mais en tout cas passionné, et passionnant. Il suffit de regarder les différents commentaires enflammés du net.

1) La stratégie de chacun

Soyons galants, honneur à Mme Royal. Sa stratégie, selon moi, était claire, et tenait en trois mots : attaquer, attaquer, attaquer. Du coup, j’ai vu une Ségolène plus punchy que je ne l’avais jamais vue. Son objectif : ne pas laisser M. Sarkozy parler librement, ne pas lui laisser la moindre seconde de respiration pour développer calmement ses arguments. Rester concentrée aussi. Et ne rien reconnaitre à son adversaire.

Pour M. Sarkozy : cool, calme, zen. Très (trop ?) respectueux de son adversaire, il a cherché à la pousser (en vain) à la faute. M. Mazerolles, dont pourtant j’apprécie rarement les commentaires, a parlé d’un N. Sarkozy timoré, car il ne voulait pas qu’on puisse ne serait-ce qu’insinuer qu’il a été mysogine. Il a cherché constamment a opposer sa calme clarté à une confusion précipitée chez sa partenaire.

2) Sur le fond

Sur la dette Sarko :1 – Ségo : 0

Comme à son habitude, Mme Royal a énoncé un certain nombre de grands principes moraux, et a brillamment éludé la question du financement. Certes, c’est une caricature. Mais enfin, là où M. Sarkozy propose le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, elle explique qu’il suffit de 2,5 points de croissance. On peut ne pas être d’accord avec M. Sarkozy sur la solution, mais on ne peut nier que sa solution permettrait de faire les économies promises. Selon mes constatations, cela fait plus de 30 ans que les politiques parient sur la croissance, et que l’objectif visé n’est jamais atteint. Mme Royal a certes parlé de la taxation des profits boursiers en plan B, idée certes justifiable sur le fond, mais complexe à réaliser sur la forme. Elle a mis en porte à faux François Hollande sur la nouvelle CSG. Elle cherche à faire croire que le contribuable ne sera pas mis à contribution pour résorber la dette. J’ai un peu de mal à y croire.

Sur les 35h Sarko : 2 – Ségo: 0

Les questions précises de M. Sarkozy ont mis en difficulté la candidate qui semble avoir pris comme ligne de conduite une volonté farouche de n’avoir aucun point d’accord avec M. Sarkozy. Elle ne veut tellement rien lui concéder sur les 35 heures, qu’en répondant elle est partie dans beaucoup de directions dans une grande confusion.

On se rend compte que finalement, ils sont relativement d’accord sur les aménagements des 35 heures, mais ils l’exposent de façon différente. On sent assez rapidement que Mme Royal n’est pas très à l’aise sur ce sujet, sans doute parce qu’elle est tiraillée entre ses électeurs de gauche dure et sa volonté de séduction des centristes.

Sur les retraites Sarko : 2 – Ségo : 1

M. Sarkozy nous explique que les régimes spéciaux financeront l’augmentation des petites retraites. Après avoir arraché ce point d’accord sur la réforme des régimes spéciaux à Mme Royal, je m’interroge tout de même sur l’impact chiffré en termes de recettes de cotisations, et je me demande si cela suffira pour faire les augmentations escomptées sur les petites retraites.

Par ailleurs, je suis tout à fait en accord avec Mme Royal sur le fait que les emplois n’ont pas tous la même difficulté. En tant que cadre, mon travail n’a pas la même pénibilité qu’un travail à la chaine. C’est pourquoi je comprendrais tout à fait de cotiser plus longtemps que lui. Je suis favorable à l’étude par branche proposée par Mme Royal. Je note cependant que, là encore, elle ne parle pas de financement.

Sur les logements sociaux Sarko : 2 – Ségo : 2

Attaque en règle sur la crédibilité de la part de Mme Royal. Elle taxe M. Sarkozy de ne pas respecter la loi avec sa commune de Neuilly en matière de logement social. Si au départ j’ai été convaincu par cet argument et si j’ai trouvé cette attaque justifiée, j’ai réalisé en me renseignant sur le net et auprès de mon père (dont l’activité professionnelle consistait notamment à trouvait des logements sociaux pour les mères avec enfant en bas âge et en grande difficulté), qu’à Neuilly, il n’y a pas de place pour construire de nouveaux logements sociaux. « Le problème est que la commune est entièrement bâtie. Dès qu’on apprend que quelque chose se libère, on récupère et on construit », explique Antoine Masson. Néanmoins, M. Sarkozy refuse de répondre. Dans le débat, même en étant de mauvaise foi, Mme Royal marque un nouveau point.

Sur le nucléaire Sarko : 2 – Ségo : 2

Statu quo. Les deux ont fait des erreurs. Effectivement, M. Sarkozy n’a pas la moindre idée de ce qu’est l’EPR (et d’ailleurs moi non plus), se mélangeant les pinceaux sur les aspects stratégiques, Mme Royal a minimisé l’impact du nucléaire dans la consommation d’électricité en France. Je trouve cela relativement grave de faire croire aux gens que la France n’est pas dépendante du nucléaire. D’autant que notre consommation d’électricité est même plus importante que ce que M. Sarkozy pensait. Encore que c’est difficile à évaluer. Selon le rapport suivant, le nucléaire représente effectivement 80 % de la production brute d’électricité. Le nucléaire contribue donc lourdement à la provision de l’électricité sur ce point. M. Sarkozy était certes en dessous de la vérité, mais Mme Royal s’est complètement trompée sur l’enjeu.

Par ailleurs, j’objecte à Mme Royal, qu’outre sa bonne volonté sur les bio-carburants, pour les mettre à 20 % de la production française, le territoire n’y suffira pas. L’énergie propre est une bonne chose, mais il y a des contraintes à ne pas négliger. Mais enfin, excusons nos candidats, qui, avocats et énarques, n’ont pas nécessairement de compétences scientifiques pointues. Je maintiens mon statu quo.

Sur l’éducation Sarko : 3 – Ségo : 2

Mme Royal a accusé M. Sarkozy et le gouvernement d’avoir supprimé les TOS. M. Sarkozy lui a rétorqué qu’ils avaient simplement été décentralisés, chambrant ironiquement sur le fait qu’elle se revendiquait comme présidente de région. Il vous suffit de taper « TOS » sur google, le premier résultat donne « décentralisation des TOS ». Peut-être qu’ils sont moins efficace décentralisés, mais dire qu’ils ont été supprimés est un raccourci dangereux et inexact. Par ailleurs, dire une phrase telle que ‘Je ne vous parle pas de TOS, je vous parle d’enjeux éducatifs pour la nation’, après avoir elle-même attaqué sur les TOS ne me paraît pas très cohérent.

Au niveau du soutien scolaire individualisé, qui semble mettre en accord les deux candidats (c’est souvent plus simple quand Mme Royal propose, M. Sarkozy semble avoir moins de difficulté à concéder qu’il est d’accord). Cependant, quand Mme Royal, qui a si lourdement attaqué sur la dette, affirme : « La France peut se payer le soutien scolaire individualisé », je reste perplexe. Cependant, je suis relativement séduit par son idée de mettre à contribution les étudiants boursiers et ceux qui réalisent des études supérieures. J’émets une réserve, étant sorti il n’y a pas longtemps de mes études. Tous les étudiants boursiers ou en études supérieures ne vivent pas dans les mêmes conditions, et on pourrait imaginer des difficultés pour certains. Cependant, selon moi, se pose toujours la question du financement.

Par ailleurs, je l’ai trouvée un petit peu légère sur les enfants qui ne savent ni lire, ni écrire. Le théâtre est une vocation, pas un choix par défaut. Quant à travailler dans l’informatique, pour des gens qui ne savent pas bien lire et pas bien écrire, ça me parait difficile. Par ailleurs, M. Sarkozy a été très malin en élargissant la réflexion aux filières techniques et d’apprentissage, laissant à penser que Mme Royal n’envisageait que le cursus généraliste.

Sur la scolarisation des enfants handicapés Sarko : 3 – Ségo : 2

Là, ma note est discutable. Pour moi chacun a fait une erreur : Mme Royal s’est emporté de façon excessive, diabolisant à nouveau l’action du gouvernement sur ce sujet. Celui-ci a certes supprimé son programme, mais n’est pas resté pour autant à attendre sagement en matière de handicap. Et en effet, la scolarisation des enfants handicapés progresse. Elle aurait peut-être mieux progressé en maintenant le programme de Mme Royal, mais dire qu’il n’y a rien eu, c’est mentir. Du coup, sa colère disproportionnée et ses accusations morales sont injustifiées, même si je peux comprendre son attachement à Handiscole. D’ailleurs, je suis tout a fait convaincu que Mme Royal était réellement sincère dans sa colère, mais ce n’est pas une raison pour imputer tous les maux de la Terre à M. Sarkozy. Par ailleurs, l’accuser de prendre un exemple « larme à l’oeil » ne manque pas de mauvaise foi, après qu’elle-même ait usé de ce procédé sur les policières violées à Bobigny.

Lui, a été huileux de condescendance, et sa leçon de morale sonne trop faux pour être crédible. On sent trop à ce moment que M. Sarkozy s’est focalisé sur le fait de rester calme, et l’énervement de Mme Royal passe pour une manoeuvre de sa part.

Sur la baisse des impôts Sarko : 3 – Ségo : 3

Le coup de la baisse des impôts, on nous l’a déjà faite. On est peut-être le pays qui paie le plus d’impôts, mais avec le problème de la dette, un manque à gagner de 68 milliards d’euros, ça me paraît dur de s’en passer.

Cependant, l’annonce de la taxe sur les revenus boursiers par Mme Royal, forcément consensuelle étant donné qu’on nous bassine avec les bénéfices du CAC40. Je ne m’y connais pas très bien en économie de marché, mais je pense que si les revenus boursiers sont taxés, il va être très difficile de convaincre les spéculateurs de faire leurs échanges en France. Cependant, sur le principe, ça ne me dérange pas. Cependant, il ne faut jamais oublier qu’il y a deux poids de mesure à faire dans les revenus boursiers, entre les entreprises qui jouent le jeu, et celles qui ne le font pas.

Sur l’international Sarko : 4 – Ségo : 3

Elle est floue, il a une position claire. Il y a certes un processus pour la Turquie, mais elle doit avoir une opinion.

Sur la Chine,où le compte-rendu du Monde est assez léger, Mme Royal est de mauvaise foi.Tout le monde a noté l’ambiguité de ses propos sur la justice chinoise, revenir dessus comme elle l’a fait était certes nécessaire, mais je pense qu’en tout cas les internautes auront vérifié, comme moi, en réécoutant le discours. Après, j’ai un peu de mal avec le « moi je peux aller en Chine, mais les sportifs non ». La position « je te boycotte, moi non plus », je n’y crois pas.

Sur l’immigration, cheval de bataille de M. Sarkozy, ils sont d’accord tous deux sur le cas par cas. Malgré cela, Mme Royal cite des faits divers pour marquer sa soi-disante différence. Il y a toujours des faits divers médiatiques scandaleux, mais ce n’est quand même pas M. Sarkozy qui a commandité l’opération de police à ce moment et à cet endroit. Je ne pense pas que Mme Royal propose une loi sur l’interdiction d’arrêter des papys devant les écoles. Ce qui ne veut pas dire que c’était une bonne chose. Mais les erreurs arrivent dans notre société, et il y’en aura aussi si elle est élue. Par ailleurs, elle a pris M. Sarkozy en flagrant délit de copinage. Si j’ai conscience que le cas est précis et que l’association travaille en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, M. Sarkozy n’a tout simplement pas pu se sortir de cette promesse démagogique qu’il a fait sur le coup. Bref, là dessus c’était pas top. Mais enfin, ça ne vaut pas un point, dès lors que Mme Royal ne l’a pas laissé s’en expliquer correctement.

Sur l’immigration, je n’ai pas aimé la façon dont Mme Royal expliquait que cela ne devait pas être un motif politique. Forcément, ça ne l’arrange pas d’en parler. Trop facile !

Sur l’Afrique, les deux sont d’accord. Néanmoins, quand Mme Royal énumère les problèmes africains, elle parle à M. Sarkozy comme si c’était de sa faute. D’une façon générale, elle le stigmatise sur tout. Les problèmes d’éducation, c’est de sa faute. C’est un peu injuste : il n’a été ni ministre de l’éducation, ni premier ministre, et on l’a suffisamment accusé de s’opposer à certains aspects de la politique chiraquienne pour le blâmer là-dessus. Mme Royal a une réelle antipathie pour M. Sarkozy, et elle le fait sentir, mettant un point d’honneur à ne rien concéder à son adversaire.

Sur l’Europe, les institutions et l’opposition Sarko : 4 – Ségo : 3

Statu quo. Je te tape, tu me tapes. Encore une bataille de mots. Le concept marketing de VIè république m’amuse. Je m’oppose aux gens qui veulent nous faire croire que tout va mal. Je suis sur ce point en désaccord avec Mme Royal. Et je vois mal comment redonner la confiance aux gens en leur expliquant que tout va mal. Sur le CPE, c’est de bonne guerre, même si M. Sarkozy était pas non plus spécialement pour à l’époque, même si bien entendu il ne pouvait pas le clamer haut et fort. Sur le 49-3, j’espère qu’elle le supprimera si elle est élue, mais je demande à voir.

Pour le reste, ils sont d’accord sur le non-cumul des mandats, pour donner plus de place au parlement, pour mettre en valeur l’opposition, bref, à peu près surtout, sauf sur les jurys citoyens dont on ne sait toujours pas comment leur avis sera pris en compte. Ils n’ont valeur que de « consultants » ou ils auront un droit de véto et un droit de regard ?

3) Mes conclusions

J’ai fait mes notes pour m’amuser, et je me rends compte en le faisant que l’impression d’ensemble n’est pas reflétée par mon score. Déjà, parce que j’en ai oublié pas mal, mais aussi et surtout parce que M. Sarkozy avait tout à perdre, et Mme Royal tout à gagner. Si, à mon sens, il n’a rien perdu, je pense que M. Sarkozy n’a rien gagné. En revanche, Mme Royal s’est montrée énergique, compétente et convaincante, dans le discours. Je maintiens malgré tout que, si je suis en désaccord avec certaines des mesures de M. Sarkozy, nul ne peut être en désaccord avec les vérités générales énoncées par Mme Royal, qui parle de ce qu’elle veut, mais pas de comment elle le fait. Sur trop de thèmes, elle botte en touche avec le dialogue syndicale ou des commissions. Beaucoup trop de fois, elle s’est montrée offensive, et souvent agressive à l’égard de son concurrent à qui elle n’a rien concédé. J’ai du mal à croire à sa nouvelle conception qui dépasse le « bloc contre bloc » après sa prestation.

Par ailleurs, elle n’a montré aucun respect pour les idées de son partenaire (voir même pour son partenaire tout court), position curieuse pour quelqu’un qui assène sa volonté d’écouter tout le monde. L’écoute, parlons-en. Par moments, elle répondait à M. Sarkozy d’une façon telle qu’on voyait bien qu’elle ne prenait pas en compte ce qu’il disait, répétant la même chose que lui tout en expliquant que ce qu’elle disait n’avait rien à voir. Je n’aime pas non plus sa façon d’interrompre M. Sarkozy et de lui reprocher ensuite de faire la même chose. Je n’aime pas sa conception « tout blanc tout noir » de la vie. Je n’aime pas non plus cette façon de se valoriser en enfonçant l’autre, ni le fait de faire croire aux gens que c’est donnant/donnant, mais sans rien montrer de ses exigences pour les gens. On ne paiera rien de plus, et nos salaires vont augmenter, on va avoir plus de retraites, plus de service publique, plein de places en crèche, et le tout, sans débourser un rond… Je n’y crois pas.

Je vois bien les stratégies de communication, et le contrainte de la période électorale dans le discours. Cependant, si on peut évaluer le bilan de M. Sarkozy, c’est impossible pour Mme Royal qui a, certes, le bénéfice du doute, mais du même coup, nous n’avons que la campagne pour faire notre choix. Ce qu’elle a montré hier me confirme dans mon impression que Mme Royal est beaucoup moins « douce » qu’il n’y parait, et qu’elle veut bien écouter, certes, mais seulement si on est d’accord avec elle. Cette façon de fustiger le Medef et les patrons ne me parait pas responsable : il n’y a pas, là encore, les méchants patrons contre les pauvres ouvriers. Ca arrive, parfois, mais l’inverse aussi. Quand un délégué syndical innataquable n’aime pas son patron, il peut aussi lui faire payer cher, même si ça arrive moins souvent.

Quant à M. Sarkozy, son calme était surfait, et son ton moralisateur parfois excessif. Toujours courtois, certes, mais petit à petit Mme Royal l’a poussé à sortir de sa réserve et à attaquer à son tour. Il s’est fait piéger sur certains aspects, mais s’il ne ressort pas en clair vainqueur, il a su limiter les dégâts. Néanmoins, je suis le premier à dire que Mme Royal, qui avait beaucoup à gagner hier soir, ressort clairement grandie de ce débat où elle a tenu tête à un adversaire redoutable, comme elle le reconnaissait elle-même après la joute verbale. Bravo aux deux acteurs, et rendez-vous dimanche !

[Mise à jour - 16h50]

Sur le handicap, je suis tombé là-dessus. L’article est sans concession sur les accusations clairement non fondées de Mme Royal. Comme je le pressentais, son programme a, certes été supprimé, mais les emplois jeunes ont été remplacés. Du coup, sa colère prend des accents de coup monté alors même que je la pensais réellement sincère. Je pense que le sujet la tient à coeur, mais je ne pense pas que seul son coeur ait parlé.

Ca n’enlève rien au fait que le droit opposable de M. Sarkozy est un argument bidon. D’ailleurs, selon moi, le droit opposable en matière de logement ou de handicap ne résoud rien. Certes, dans le cas caricatural de M. Sarkozy ça pourrait offrir un recours, mais est-ce que le fait pour « la République » de constater que non, elle n’a pas atteint ses objectifs va entrainer la construction de plus de logements ? ou permettre aux handicapés d’être mieux scolarisés ? Je ne pense pas. Mais le sujet des personnes en situation de handicap n’est pas binaire.

Il faut poursuivre les efforts initiés par la gauche et poursuivis par la droite, et sanctionner durement les établissements scolaires ou professionnels qui n’en font pas.

Spiderman 3

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Je suis dans le journal !

Ce que je retiendrai de Spiderman 3, déjà, c’est qu’avec, je suis dans le journal.

Blague à part, et pour revenir à des sujets moins passionnels, j’ai donc été assister à une projection du film mardi 1er mai, jour de la sortie officielle. Ladies & Gentlemen, la critique cinéma :

Le film donne une bonne impression d’ensemble. Visuellement parfait, il pêche par des inégalités flagrantes au niveau du rythme. Les deux premières heures sont émaillées de scènes assez lentes et kitchounettes. Pas inutile, mais too much. Je passe sur Spiderman avec le drapeau américain en toile de fond qui a fait rire pas mal de monde dans la salle.

Bref, à part ça ? Une superbe performance de Tobey Maguire, notamment lorsqu’il vire du côté obscur. J’ai notamment adoré les jeux de regard de l’acteur. Le film est relativement léger, certes trop par moments, mais la fin du film est digne d’un virtuose d’intensité émotionnelle et dramatique.

Au final, un excellent divertissement, qui clot assez bien la trilogie, malgré un scénario qui aurait pu être travaillé davantage et un montage relativement discutable au niveau du rythme. Mais bon, il y avait une super ambiance dans la salle, et avec ma chérie, on est dans le journal (Judith, 25 ans, doctorante :-) ) What else ?

Nicolas VS. Ségolène – Chronique de campagne

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Après plusieurs jours d’absence due à une surcharge inhabituelle de travail, et à quelques jours de congés bien mérités, durant lesquels j’ai notamment été voir le film Spiderman 3 dont je parlerai par ailleurs (et qui a valu à ma chère fiancée et moi-même d’apparaître en page 19 du journal Métro de ce mercredi 2 mai), me revoilà pour mon « analyse » de la campagne. J’adore faire ça, et quand la campagne va être terminée, ça me manquera… Parce que je n’ai aucun doute sur le fait que la politique redeviendra relativement barbante après…

1) Tout sauf Sarkozy

a) Une stratégie payante ?

En observant et en écoutant Mme Royal lors de ses meetings ou lors d’interviews télévisées, je trouve que la stratégie du PS vise un petit peu trop excessivement à créer un front de barrage contre la personne de M. Sarkozy. En effet, lorsqu’on observe les affiches officieuses, ou lorsque l’on écoute les gens parler, faire gagner Mme Royal pourrait presque apparaître secondaire : l’important, la priorité absolue, c’est de mater « l’ennemi » Sarkozy. Dommage pour le débat, mais c’est tellement plus facile de détester quelqu’un pour pas assumer ses choix… Comme ça, si Mme Royal est élue et qu’elle se plante, on pourra toujours se dire : « de toute façon, valait mieux ça que Sarko »… Pitoyable.

Alors certes, bien entendu, du côté des différents staffs de campagne, tous les coups bas semblent permis. Ce qui m’intéresse, personnellement, ce sont les paroles des candidats et non pas de leurs porte-paroles. Pourquoi ? Parce que ce qu’ils disent, en se prétendant libres, est représentatif selon moi des priorités de chacun d’entre eux. Ils font ressortir, lors de leurs interventions, l’essentiel de leurs projets respectifs. Et dans ces circonstances, je trouve malheureusement que la candidate manque de classe. Que sa seule possibilité quand elle est prise de court, c’est d’attaquer frontalement M. Sarkozy. Deux exemples :

1) Chez Arlette Chabot, sur France 2. Arlette Chabot lui demande ce soir-là, si, comme M. Sarkozy, elle souhaiterait contraindre les chômeurs à ne plus pouvoir refuser plus de deux offres d’emploi qui correspondent à leurs qualification. Mme Royal s’emporte alors et demande de façon particulièrement agressive pourquoi il faudrait s’en prendre aux chômeurs quand Noël Forgeard d’Airbus part avec plus de 8 millions d’euros, égratinant « la droite » qui laisse ce genre de choses se produire. D’une part, elle ne répond pas à la question posée, d’autre part, elle oublie que lorsque M. Forgeard a été désigné à la tête du groupe, le premier ministre était… M. Jospin, chef d’un gouvernement dans lequel Mme Royal était ministre déléguée à l’enseignement scolaire. Donc elle n’est pas en cause, mais enfin, si il existe une clause qui permettait le parachute doré, sur ce coup là, c’est un peu gros d’accuser la droite. Ca s’appelle de la caricature.

2) Quand PPDA demande à M. Sarkozy le principal défaut et la principale qualité de la candidate, il cite la pugnacité pour la qualité, et refuse de répondre sur le défaut. Mme Royal : « Il sait tout, il a réponse à tout » correspond à sa qualité et à son défaut, justifiant sa position par l’humour. Je trouve que ça manque de classe. Et ça décrédibilise un peu la soi-disante ouverture et la volonté d’écoute de tout le monde. Quand on veut nous faire croire que Sarko a tout faux et Ségo tout bon… Mais je vais y revenir.

Voilà donc juste deux exemples simplement sur la stratégie de Mme Royal, très claire à mes yeux. M. Sarkozy joue d’ailleurs là-dessus, en refusant systématiquement de répondre aux attaques de personnes, préférant fustiger des idées, un état d’esprit, un parti (le PS) ou la gauche. Très malin, mais dangereux. Certes, il peut dire à Mme Chabot « Mais vous m’avez déjà vu attaquer quelqu’un depuis le début ? ». Non, bien entendu, et c’est plutôt finement joué. Cependant, pour le débat entre les deux protagonistes de ce soir, ça risque d’être de l’attaque/défense Royal/Sarkozy, et si les choses se déroulent comme ça, Mme Royal s’en sortira, là encore, en faisant des phrases très longues, sans parler des problèmes posés pas son projet, mais se contentant de critiquer le programme de son adversaire. La critique est aisée, l’art difficile, dit-on. Mais cette stratégie pourrait être payant pour la gauche, même si je trouve cela détestable.

b) Comparer Sarkozy à le Pen ? Mais comment osent-ils ? Malgré tout, le Pen aurait réussi ?

Pour appuyer la thèse selon laquelle M. Sarkozy serait un monstre assoiffé de sang (je caricature à peine), il est de bon ton de le comparer à M. Le Pen, parce qu’il utiliserait des thématiques chères à l’autre ordure (oops… non, je n’aime pas M. le Pen). A bien y réfléchir, ce n’est pas sérieux.

Certes, M. Sarkozy a parlé d’immigration, ou d’identité. Effectivement, il n’est que rarement arrivé qu’un responsable politique évoque ces thèmes lors d’une campagne. Mais, en tant que petit fils d’immigré, élevé notamment par son grand-père hongrois, je vois difficilement comment M. Sarkozy pourrait à ce point renier ses racines. C’est pourquoi, quand il parle de contrôler l’immigration pour les raisons qu’il évoque, à savoir le fait qu’on ne peut pas se permettre d’accueillir tout le monde, parce qu’énormément de personnes immigrées vivent dans une extrême misère, il se trompe peut-être, mais la question mérite d’être posée. Quand il explique que les problèmes liés à l’immigration, notamment africaine, ne peuvent être résolus qu’en aidant l’Afrique à se développer, je ne vois pas ce que ça a de condamnable.

Quand il pose la question, certes de façon maladroite, de l’identité française, je pense personnellement que la question est d’ordre philosophique. La question posée est la suivante : qu’est-ce que signifie le fait d’ »être français » ? Ca met également en exergue que le fait d’être Français implique certes, des droits, mais aussi des devoirs. Alors pourquoi, là encore, ne pas poser la question ? Parce que ces thèmes sont réservés ? Le seul qui a le droit de décider de ce qu’est l’identité française, c’est M. Le Pen ? Je ne suis pas d’accord, et je suis également petit-fils d’immigré, je n’oublie pas mes racines.

Alors certes, je ne nierai pas que M. Sarkozy use là de thèmes qui ont tendance à séduire les électeurs de droite dite relativement dure, mais il est encore loin de l’extrême droite intolérante et injuste. Ce que je démontre maintenant.

Comment comparer ce monsieur à un monstre comme le Pen, qui est capable de faire un bon mot en comparant M. Chirac à Marc Dutroux, le célèbre pédophile, comme si l’on pouvait rire de tout. Qui se permet de parler du génocide de la seconde guerre mondiale comme un « détail de l’histoire ». Qui est clairement intolérant (« Les sidaïques, en respirant du virus par tous les pores, mettent en cause l’équilibre de la nation. », ou sur les homosexuels : »« La loi (…) n’a pas à légiférer au profit de lobbies organisés (…) prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif. »), et bien entendu raciste (« Je crois à l’inégalité des races » ou encore « « Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. » »), en passant par des paroles fortement antisémites, mais je ne m’attarderai pas là-dessus, car je suis de parti pris, et qu’il parait que quand on est de parti pris, on doit fermer sa gueule. Qui est d’ailleurs un condamné multi-récidiviste. Qui est une personne violente, parfois même physiquement, et condamnée pour cela.

Donc quand des gens bien-pensants comparent Sarkozy à le Pen, qu’est-ce que cela prouve ? Qu’effectivement, les idées de M. Le Pen sont banalisées. Mais ce n’est pas la faute de M. Sarkozy, mais des gens qui croiraient que Sarkozy est aussi dangereux que le Pen. C’est en fait croire que M. Le Pen est beaucoup plus innofensif qu’il ne l’est en réalité, bien qu’il ait réussi ce pari incroyable que de faire du FN une force politique calme et soi-disant respectable. Pour moi, le fait que des personnes associent Le Pen à Sarkozy est quelque chose d’assez grave, et atténue quelque peu ma joie suite au score de le Pen le 22 avril 2007 lorsque j’ai vue la déception de Le Pen et la face déconfite de ses militants. Ceux qui traitent Sarkory de « facho », on voit bien qu’ils n’ont jamais été des victimes d’un régime fasciste. Mais bon, ça fait bien, que veut-on.

c) Le procès d’intention – le manichéisme

Pour en finir sur ce point, j’ai une théorie, certes farfelue en cette période où on nous explique que l’on devra choisir entre deux projets et deux modèles de société. Et bien pour moi, c’est bidon. Mme Royal et M. Sarkozy n’ont pas le pouvoir de créer des modèles de société. On essaie de nous faire croire que chacun aura beaucoup de marge de manoeuvre, mais, là-dessus je suis d’accord avec M. Bayrou, il n’en est rien. Le quinquennat de Royal sera grosso modo le même que celui de M. Sarkozy, parce que malgré les soi-disantes oppostions majeures, finalement, ils ont relativement le même discours. Et, là où ils insistent sur leurs différences, on se rend compte que finalement, ça ne dépend pas seulement d’eux. J’avoue que j’ai un petit peu la flemme de le démontrer, mais il suffit de comparer les 100 propositions et le programme de Sarkozy pour se rendre compte, que, si l’on dépasse les mots, globalement, ça revient à peu près au même (par exemple : l’un parle de sa volonté que « les 35 heures ne soient pas un minimum », l’autre qu’il faut « aménager les 35 heures »… Et on veut nous faire croire que c’est radicalement différent.) La seule chose qui est différente, c’est la communication.

Sur la « dose de proportionnelle » aussi, c’est très drôle. Mme Royal et M. Bayrou y sont favorables. Pour M. Bayrou, on comprend pourquoi, et pour Mme Royal, bien entendu, il est normal que l’UDF soit représenté. Quand, à son meeting, M. Sarkozy annonce enfin qu’il serait favorable à une dose de proportionnelle, la réaction de Mme Royal est risible. Quand c’est elle, c’est pour le centre, quand c’est Sarko, c’est pour le FN. Evidemment.

Revenons un instant sur la thèse préférée de Mme Royal qui oppose la brutalité à l’ordre juste et tout ce discours huileux qui inciterait à nous faire croire que tout est beau et tout est gentil, même les rappeurs de Charléty qui chantaient des chansons d’amour envers les forces de l’ordre (« Nique la police », « on a la haine », tout ça…). On fustige Sarkozy d’opposer constamment les gens, mais est-ce que ce n’est pas justement le procédé utilisé ici. On voudrait culpabiliser les électeurs de M. Sarkozy au motif qu’ils seraient favorables à un projet brutal et injuste d’un homme dangereux. Est-ce que ce n’est pas pointer du doigt une partie de la population à ce niveau-là ? (31 % au moins au premier tour, soit plus d’un quart des électeurs et 11,5 millions de personnes !) Comment peut on accuser à ce point quelqu’un qui, certes, a eu l’occasion d’exercer des responsabilités importants, avec un bilan qui n’est ni bon, ni mauvais, il y a eu des bonnes choses et des erreurs. Mais qui n’en fait pas ? Imputer les émeutes de 2006 ou les incidents à Gare du Nord au seul diable Sarko, n’est-ce pas se voiler la face ? Peut-être que certains mots malheureux n’ont pas arrangé les choses, mais en réfléchissant deux secondes, franchement… Sarkozy, qui n’a soi-disant rien fait pendant 5 ans, aurait eu ce pouvoir là… Par contre, il n’aurait rien fait de bien. Lors de la prise d’otages en 1993, où il a été dialoguer avec H.B. (Human Bomb), permettant à 21 enfants d’être épargnés,personne ne peut lui reprocher de ne pas avoir pris ses responsabilités et faire preuve de sang froid. Après, sur la façon de communiquer, il y a probablement effectivement des choses à dire.

Donc en fait, le PS est en train de nous jouer un film américain tout ce qu’il y a de plus manichéen, avec la gentille contre le méchant. Hier, Ségolène Royal parlait de ne pas se faire « dévorer par le loup ». Effectivement, il pourrait également s’agir du chaperon rouge… euh pardon blanc contre le grand méchant loup. C’est marrant, de ce que je connais du monde, c’est souvent un peu plus compliqué que les gentils et les méchants (et même dans Spiderman 3, c’est plus compliqué…). Et puis j’en ai assez d’entendre que la France est en crise, que tout va mal, que rien ne fonctionne, et que Ségolène Royal et la sauveuse de l’humanité en France. Je désapprouve totalement ce culte de la personnalité, d’une part, et d’autre part, il y a quand même des tas de choses qui fonctionnent bien dans ce pays. Bref, je n’aime pas être manipulé, et on m’a appris à relativiser dans ma vie. Vivre en France, ce n’est quand même pas si horrible que ça pour la plupart des gens. Ce qui n’empêche pas de faire le mieux possible pour aider ceux qui sont dans la difficulté.

Enfin, pour en finir avec cette atmosphère nauséabonde et la débilité du front anti-sarkozysme, je trouve que certains attaques, liées au débat Royal/Bayrou sont très graves et malsaines. Quand M. Bayrou accuse M. Sarkozy d’avoir fait pression sur les médias, en disant « je n’ai pas de preuve, mais j’en ai l’intime conviction », je trouve que dans un pays démocratique où est censée prévaloir la présomption d’innocence, ça s’appelle du « délit de sale gueule ». Et je trouve ça scandaleux. Il y a forcément des pressions sur les médias, de toutes parts. J’en veux pour preuve les déclarations du vice-président de la SPQR (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-903420,0.html?xtor=RSS-3224) immédiatement démenties par le président, comme par hasard soutien de Royal. D’un autre côté, peut-on tout se permettre sous le prétexte de la liberté de la presse. Aujourd’hui, c’est Plantu qui explique qu’il a reçu des lettres de M. Sarkozy après le dessin de la mouche, généralement réservé à M. le Pen. Lettre où M. Sarkozy demande a priori simplement de rencontrer Plantu pour savoir ce qui lui vaut ce traitement. Et ça, selon certaines journalistes, ce sont des pressions. Donc, on peut écrire ou faire n’importe quoi sur n’importe qui dans un journal, et si celui-ci demande simplement une explication, même pas un droit de réponse, il est fasciste. Je crois qu’il faut revoir la copie, là. Comme le torchon Libération, qui attaque de façon virulente, même sur sa vie privée, M. Sarkozy. Et bien je trouve que M. Sarkozy a son mot à dire, il n’y a pas de raison. D’ailleurs, si il avait effectivement ce pouvoir sur les médias, le livre d’Azouz Beguag ne serait pas sorti, ni même le fameux numéro de Marianne, ou encore tous les écrits qui fustigent la personnalité de M. Sarkozy. Alors soyons sérieux, on peut parler d’influence, mais pression et contrôle sont des termes excessifs, qui, là encore, ne se prêtent absolument pas à notre société. On peut se demander, par les accusations de M. Bayrou, et d’autre de Mme Royal, qui a les méthodes les plus extrêmes, dans une élection où tous les coups (bas) sont permis.

2) Mai 68 chez l’un, propos déplacés chez l’autre – l’erreur est humaine

Sarkozy a tout de même quelque chose d’agaçant, c’est qu’il aime pousser la provocation à son paroxysme. On ne reviendra pas sur la « racaille », sur l’inné et l’acquis, mais ce monsieur a le don de susciter des polémiques inutiles en période électorale.

Dernier fait d’armes en date, mai 68. Si je pense lire dans son discours provocateur l’idée qu’en mai 68, les évènements ont apporté de éléments importants à la société, ils ont aussi instauré un système de valeurs malsain quand à la hiérarchie. Bref, il faut « tourner la page » ou « liquider une bonne fois pour toute » son héritage, en terme de valeurs. Il savait probablement qu’il se ferait laminer par la récupération médiatique de ses opposants, qui ne manqueraient pas de fustiger ses attaques contre une époque qui a eu aussi son lot d’avancées. Bref, un dialogue de sourds. L’UMP s’en prend aux valeurs, le PS répond sur des faits, comme les accords de Grenelle. Enfin, comme souvent, Sarkozy a mis les deux pieds dedans et a donné un angle d’attaque supplémentaire à sa concurrente.

Petite parenthèse sur la communication. Je disais plus haut que selon moi, Mme Royal et M. Sarkozy étaient globalement les mêmes, à quelques détails près, sauf peut-être du point de vue de la communication. En y réfléchissant bien, je pense qu’en analysant la communication de ces deux personnages, on peut mieux comprendre le ressenti des gens. M. Sarkozy utilise beaucoup de négations dans ses phrases, alors que Mme Royal s’y refuse constamment. Lui ne « veut pas », elle « veut ». Dans les cours de communication, on apprend effectivement qu’un discours positif est mieux perçu, d’un point de vue commercial. Lors d’une présentation que j’ai faite à des prospects, mon chef m’a d’ailleurs suggéré d’abandonner la négation. Dans une élection où le marketing est roi, c’est d’autant plus vrai à mon sens. La brutalité et l’injustice supposée de M. Sarkozy est en fait la réaction des gens à ses négations, son « je ne veux pas » étant vécu comme une façon de refuser ou d’exclure. Chez Mme Royal, c’est lisse, elle veut tout, pour tout le monde. C’est plus facile, dans ces conditions, de ne pas susciter le rejet. Lui ne veut pas qu’on souffre, elle veut qu’on soit heureux.

Je voudrais maintenant revenir, pour en finir avec cette section, sur les propos de Mme Royal concernant les relations supposées entre M. Sarkozy et le président des Etats-Unis, M. Bush (voir http://www.cyberpresse.ca/article/20070424/CPMONDE/70424106/6283/CPMONDE et http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070426.OBS4166/les_porteparole_de_sarkozy_accusentroyal_de_mensonge.html). Mme Royal accuse M. Sarkozy de « s’agenouiller » devant Bush, ce que ce dernier démet formellement. On est, là encore, dans le délit de sale gueule : « C’est Sarkozy, il est pro-Américain, donc c’est vrai ». A la limite, qu’on ait été présent ou pas, qu’il démente ou pas, peu importe. Ou alors Mme Royal reproche à M. Sarkozy le fait même d’avoir rencontré le président démocratiquement élu des Etats-Unis, première puissance mondiale et jusqu’à preuve du contraire, allié de la France. Que l’on soit favorable ou non à l’intervention en Irak ne change rien aux faits. Que dire dans ce cas de Mme Royal qui va dialoguer avec le Hezbollah libanais, responsable avéré d’assassinats ciblés, entre autres exactions ? Bush, ça serait donc pire que le Hezbollah ? Là encore, on peut se demander quelles sont les limites à la décence et à la démagogie.

3) La fête, malgré tout… et un engouement populaire formidable

Outre le taux de participation élevé au premier tour, cette élection suscite passion et engouement chez les gens. Enfin, il semblerait que les Français reprennent confiance en leurs politiques, notamment nos deux protagonistes qui, l’un comme l’autre, déchainent les passions et suscitent les espoirs les plus fous. (Ca veut pas dire que je ne pense plus que ce sont les mêmes :-) )

En témoigne le formidable rassemblement du stade Charléty ce mardi 1er mai, avec une superbe fête en plein air et en chanson. C’est vrai que sur ce coup là, c’est quand même plus chouette que le très fermé Bercy. Je regardais le rassemblement à la télé, et je me disais que, franchement, c’était beau de voir cette joie et cette communion de tant de personnes. Comme d’habitude, il y a quand même des choses qui m’ont déplu, mais comme c’est valable dans les deux cas, ça ne change pas grand chose.

Ce qui me déplait fortement, et ce dans les deux cas, c’est le grand cas qui est fait de l’avis de ceux qu’on appelle « les people ». Qu’est-ce qu’ils peuvent raconter comme conneries dès lors qu’il s’agit d’engagement politique. On a vu sur BFM TV défiler je ne sais combien d’invités, qui expliquaient qu’à l’opposé du projet de société basé sur la force et la brutalité ils avaient choisi l’harmonie et l’amour. Trop cool. Donc, il y’aurait en France un large panel de la population qui serait sado-maso ? Je dis ça pour Ségolène Royal, mais enfin il paraît que dans le meeting de Sarkozy c’était pas mieux. Là, je n’ai vu que l’intervention de Farrugia, mais enfin ça ne volait pas bien haut non plus.

Le plus grave, c’est quand on se sert des people pour attaquer les candidats. Comme si le fait que Doc Gynéco ou Bernard Tapie soutenaient Sarkozy reflétait quelque chose. Donc, poursuivons le raisonnement, si Le Pen avait appelé à voter Royal pour se venger de Sarkozy, ça voudrait dire que Royal c’est pareil que Le Pen. Je dis ça, parce qu’un argument fort de Mme Royal est de dire que Berlusconi soutient Sarkozy. Bon, y a des gros cons qui soutiennet Sarko, des gens très bien aussi, et c’est pareil pour Royal. « Doc Gynéco, ce n’est pas André Malraux. François Mauriac, ce n’est pas Bernard Tapie. Et monsieur Sarkozy, ce n’est pas le général de Gaulle. » De Gaulle qu’elle a cité ensuite. Donc, quand Sarko cite Jaurès, il n’a pas le droit, mais Royal peut citer De Gaulle, parce qu’évidemment, ils ne jouent pas dans la même cour. Décidemment, le culot et la manipulation n’ont pas de limite.

Non décidemment, si les procédés de Mme Royal entre ces deux tours se conçoit, puisqu’elle a peu de chances de gagner si elle ne détruit pas Sarkozy, je ne les excuse pas. Et ces méthodes sont parfois à la limite d’être condamnables d’un point de vue démocratique. En tout cas, je vois maintenant comment Mme Royal écoute tout le monde. Tout le monde, tant qu’on est d’accord avec elle. Si le débat entre les deux ce soir est malsain, je vois très bien qui aura pourri l’ambiance, et c’est dommage. C’est peut-être le seul point noir de la campagne. Je n’ai quasiment jamais attaqué la candidate frontalement, mais là, pour moi, elle a dépassé certaines limites. Et elle n’en sortira pas grandie si les gens votent pour elle par rejet vis-à-vis l’autre. Et la démocratie non plus.

Pour tous ceux que le politique n’intéresse pas, d’avance, je suis désolé, parce que ça va encore être un article tendance politique. En même temps, que voulez-vous, la période s’y prête, et après le 6 mai, j’ai peur de devoir me chercher un autre sujet pour mes articles. J’ai noté que l’article qui concerne le débat à l’espace Rachi a manifestement plu, étant donné le nombre de visite et le temps passé sur cet article (d’après mon plugin de statistiques, phpmyvisites), et je me réjouis que ce travail ait pu profiter à quelques personnes.

Mais revenons à notre sujet. Hier soir, sur M6, Marc-Olivier Fogiel a accueilli sur le plateau de T’empêches tout le monde de dormir deux hommes forts de la campagne, pour un débat de 20 minutes (10 minutes chacun pour garantir l’égalité du temps de parole). Au départ, j’ai craint le pire. En effet, je ne portais pas en haute estime Julien Dray, que je n’avais vu que dans le rôle de la langue de vipère, et je me demandais comment ses propos pouvaient se concilier avec le caractère plutôt trempé de M. Devedjian, bien connu pour son franc parler (j’avais eu l’occasion d’assister à une interview de ce monsieur l’an dernier, sur le campus de Centrale).

J’ai été très agréablement surpris par le débat, que j’ai trouvé intéressant, et constructif. Les deux hommes ont chacun eu beaucoup de respect pour les positions de leurs adversaires d’un soir, et le tout s’est déroulé dans une atmosphère d’écoute et de bonne humeur. Pourtant, le débat aurait pu mal commencer, avec un reportage qui m’a semblé de très mauvais goût pour présenter les candidats,caricature des débilités journalistiques avec lesquelles on a pu nous abreuver ces derniers temps. J’ai été réellement heureux de voir les deux hommes s’accorder sur plusieurs points, tout en mettant en avant leurs différences sur les moyens. Finalement, il est appréciable de constater que, si les deux partis ne sont pas forcément en accord sur les méthodes à utiliser, ils ont en revanche relativement la même vision sur les problèmes de notre pays.

J’ai trouvé que M. Dray n’avait pas cherché à diaboliser M. Sarkozy, comme le font beaucoup de ses collaborateurs, mais à démontrer que certaines phrases ambigues ont pu être mal perçues par la population. En aucun cas, le débat n’a porté sur les personnes, mais sur les projets, et les idées. Je tire également un coup de chapeau à M. Fogiel qui a mené de main de maître le débat. Dommage, sincèrement, que ça n’ait duré que 20 minutes. J’espère que le débat du 2 mai entre M. Sarkozy et Mme Royal sera du même acabit. Enfin, peut-être, découvrirons nous que nos politiques sont capables de dépasser le niveau « cour de récré » :-)

Du premier au second tour – Premières réactions

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Hier a donc eu lieu le premier tour de l’élection présidentielle française 2007. Comme à peu près tout le monde, je me réjouis de la mobilisation de la grande majorité des Français, parce que cela prouve que la majorité des gens ont une vraie conscience de ce dont je parlais sur l’article où j’appelais à aller massivement aux urnes ces derniers jours.

Je pense que la France s’est élevée contre Jean-Marie le Pen et le FN. Le message est clair : nous ne voulons ni de lui, ni de ses idées. La défaite cuisante que j’appelais de mes voeux s’est produite et pour la première fois depuis bien longtemps, le FN a fortement régressé. Ma joie au moment où j’ai découvert que Le Pen ne dépassait pas les 11 % est à la hauteur du choc du 21 avril 2002. A l’époque, j’en avais pleuré, qualifiant la France de « pays de merde », bien entendu sous le coup d’un profond chagrin et d’une grande colère. Aujourd’hui, plus que jamais, je suis fier d’être Français. Peu m’importe à présent le résultat du second tour, mon plus grand espoir est satisfait.

Hier soir, je regardais un petit peu l’ensemble des émissions politiques et les tentatives de « drague » électorale pour s’arracher les électeurs de l’UDF de François Bayrou, qui avec son score va clairement jouer le rôle d’arbitre dans cette histoire. Enfin, c’est ce que tout le monde dit. Reste à savoir dans quelle mesure ses électeurs, fraichement « convertis », vont suivre une éventuelle consigne de vote. En effet, si on suppose que M. Bayrou est positionné au centre anti-système, il va être très difficile pour lui de cautionner gauche ou droite, puisqu’il se replacerait ainsi, de fait, au coeur du système bipartite qu’il a si violemment combattu. Cet élément pourrait être vécu comme un forme de trahison par ses électeurs, qui, nombreux, sur le web, appellent à voter blanc.

Mais ces émissions politiques ont également vu des candidats de l’extrême gauche vexés s’en prendre de façon violente à M. Sarkozy. Maintenant, l’objectif, c’est de battre Sarkozy. Ce qui m’attriste, d’ailleurs, au PS ou ailleurs, c’est qu’on ne cherche absolument pas à faire gagner Royal. On veut juste battre Sarkozy. Ce que je veux dire, c’est que quand les gens s’expriment, on a parfois l’impression qu’ils votent Royal plus pour éviter Sarkozy que par conviction profonde. Et c’est bien dommage. Dommage notamment que le PS encourage cette animosité, notamment M. Fabius sur TF1 (à qui j’ai définitivement envie de mettre un coup de tête, bon, certes moins que Noël Mamère hier soir), plutôt au contraire que d’essayer de faire triompher le modèle de société de Mme Royal, tout à fait respectable par ailleurs. Quand des gens me disent, « je ne suis pas d’accord avec telle partie du programme de Sarkozy », je n’ai pas de problème. Par contre, quand on me dit « En fait, quand Sarkozy dit ça, il pense ça », ça m’agace. De quel droit Mme Royal serait jugée sur son strict programme et M. Sarkozy sur sa personnalité ? Le pire, c’est que ces mêmes gens qui fustigeaient les personnes qui raillaient Mme Royal sur ses soi-disants bourdes sont aujourd’hui les premiers à attaquer Sarkozy sur des choses qu’il aurait voulu dire. On qu’on voudrait bien lui faire dire. Enfin toujours est-il qu’aujourd’hui, on voudrait nous faire croire qu’on a le choix entre une incompétente et un fou dangereux. Et bien j’aimerais qu’on ne soit pas dupes. On n’arrive pas au second tour d’une présidentielle, en battant au passage tous les scores précédents, en étant bête ou même dangereux. On se fait casser avant. Ces deux candidats ont fait des campagnes brillantes, en tout cas en termes de communication, et, même si je regrette qu’on ait pas pu réellement déceler des projets de société derrière les attaques à répétition, on ne peut que les féliciter au vu des résultats.

Tout ça me fait penser qu’il faut tout de même avoir les nerfs solides pour faire de la politique. Que ce soit, Nicolas ou Ségolène, ils en ont quand même pris plein la tronche. Le problème est que les gens semblent ne pas pouvoir faire la part des choses en période électorale. Comme si les candidats disaient tout ce qu’ils ou elles pensent… Ca se saurait… En fait, le truc, c’est que Sarkozy peut mettre n’importe quoi dans son projet, on le taxera de mauvaise foi. Idem pour Mme Royal et l’incompétence. Et après, les gens viennent t’expliquer qu’ils veulent un débat « projet contre projet ». Désolé, mais j’ai peur que ça reste un énième bataille de personnes. Enfin, on verra le 2 mai.

Le plus marrant, aujourd’hui, c’est M.Besson, qui, à peine sorti du PS par la petite porte, revient en force dans le team de campagne deSarkozy. Moi, j’appelle ça de la prostitution. Si on accepte l’idée (que personnellement je réfute), que la droite et la gauche sont deux mondes radicalement différents, ça me fait doucement rigoler sur la conscience politique de certains, dès lors qu’un ministère est en jeu. Par ailleurs, quand on sait que M. Besson est co-auteur du pamphlet anti-Sarkozy publié par le PS au débu de la campagne… et bien moi, personnellement, je reste pantois. Ca nous prouve quand même bien, et je rejoins Bayrou là-dessus, que cette histoire de gauche et de droite et d’opposition farouche, c’est quand même une vaste connerie.

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