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Les musicals de la rentrée

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Le premier épisode de la rubrique Baz’Arts se faisant cruellement attendre, je ne voudrais pas que les lecteurs de plus en plus assidus perdent patience, surtout que le billet consacré au chevalier noir a reçu des notes relativement moyennes jusqu’ici :-)

J’aurais pu parler des JO de Pékin qui ont vu la France ramener 40 médailles, dont trop peu sont en or, mais c’est déjà presque dépassé. J’aurais pu parler de la Géorgie et de la Russie ou de la situation au Proche-Orient, mais à l’aube de ce week-end ensoleillé ça me déprime. Heureusement, il me reste le musical pour égayer ce terne mois d’août !

La rentrée 2008-2009 s’annonce chargée en musicals, que ce soient en grosses productions ou en plus petits spectacles.

Les aventures de Rabbi Jacob

Le Palais des Congrès de Paris accueillera à partir du 18 septembre un musical tiré du glorieux film de Gérard Oury et Danièle Thomson avec le cultissime Louis de Funès. Patrick Timsit mettra en scène ce show dont Vladimir Cosma, qui avait déjà écrit les musiques du film, signe les musiques. Le premier extrait musical de ce spectacle est interprété par MC Solaar qui mêle « religieusement » bien le style juif hassid avec le ragga dans un clip explosif, qui s’articule autour du célèbre thème tiré du film :

On note le travail de recherche du célèbre rapeur français qui utilise un grand nombre de références à la culture juive. Ca promet pour le futur spectacle ! D’autant que la distribution est intéressante, mélangeant acteurs de théâtre traditionnel tel Eric Metayer (qui aura la lourde tâche de faire oublier De Funès) et des acteurs des comédies musicales, celles que j’aime :

Restent quelques acteurs à découvrir, tels Vartoch’, Nikola Parienty et Richard Charest que je ne connais pas et enfin, surprise du chef, Marianne James qu’on connait à travers La nouvelle Star sur M6 et que je vais découvrir.

Grease

Après Le violon sur le toit, après Fame, le théâtre Comédia poursuit son exploration des musicals américains adaptés en français et ouvre ses portes pour accueillir Grease, rendu célèbre en France suite au fameux film avec John Travolta et Olivia Newton-John, à partir du 8 octobre 2008.

Il n’y a pas beaucoup d’infos sur la distribution sur le moment, mais on sait déjà que Stéphane Laporte (adaptateur de Fame, de Le Roi Lion, auteur de Panique à Bord) a été chargé de l’adaptation française. On ne change manifestement pas une équipe qui gagne. Au niveau de la distribution, la seule information qui m’a été confirmée est la présence de Fabrice Todaro dans le rôle de Doody.

Espérons la même qualité de spectacle que pour les précédents au Comédia !

Je m’voyais déjà au théâtre du Gymnase

Je mvoyais déjà

Il y a eu Mamma Mia d’après les chansons d’Abba (qui sort sur les écrans en septembre), il y aura le musical d’après les chansons de Charles Aznavour : Je m’voyais déjà. Au théâtre du Gymnase à partir du 2 octobre 2008, on retrouve dans la distribution Diane Tell, Jonathan Cerrada de la Nouvelle Star ou encore Pablo Villafranca qui avait sévit dans les 10 Commandements. A priori, on s’oriente vers une grosse production à la française, plus spectacle de variété que réelle comédie musicale, mais attendons de voir ! Le pitch :

Comme Charles AZNAVOUR à ses débuts, ces 6 jeunes artistes, rejetés une énième fois d’un casting sans qu’on leur dise pourquoi, décident eux aussi de se battre, avec l’aide d’une chanteuse un peu oubliée, interprétée par Diane TELL, rêvant d’une seconde chance. Dans la grande tradition de CHORUS LINE, JE M’VOYAIS DÉJÀ est une comédie musicale constamment drôle et émouvante qui raconte… la création d’une comédie musicale. Une histoire dans l’histoire portée par les plus belles chansons de Charles AZNAVOUR.

Le Prince et le Pauvre au Vingtième Théâtre

Suite à leur victoire lors de la remise des Marius 2008, Julien Salvia et Ludovic-Alexandre Vidal présentent Le Prince et le Pauvre au Vingtième Théâtre à partir d’avril 2009. Je ne représente pas ce musical dont j’ai déjà allègrement parlé, mais je vous propose une petite vidéo que j’ai dénichée et qui ne manquera pas de vous mettre l’eau à la bouche. D’après Julien, c’est catastrophique… J’adorerais avoir un talent aussi « catastrophique » !

Epouse-moi !

J’ai eu l’occasion d’assister à ce spectacle de Camille Turlot et Eric Szerman au Méry, place de Clichy, il y a deux ans. 4 personnages sur scène, qui nous racontent les doutes qui rongent un futur jeune marié à la veille de son mariage. Les artistes remettent ça à partir du 13 novembre 2008 au théâtre Douze, dans le XIIème (ça s’invente pas). Le spectacle est très rafraichissant et rythmé, on rit beaucoup et on est ému. Je conseille vivement ce spectacle que j’irai peut-être revoir. Un avant-goût ? D’accord :

Jusqu’aux dents au Vingtième Théâtre

Vainqueur du prix SACD au festival Les Musicals de 2006 à Béziers, ce spectacle intimiste s’installe au Vingtième théâtre, nouveau temple parisien du musical, à partir du 31 octobre 2008. C’est une comédie de Alyssa Landry, Emmanuel Lenormand (paroles) et Thierry Boulanger (musiques) qui parle de 3 femmes enceintes… jusqu’aux dents ! Je ne l’ai pas encore vue, ça sera l’occasion pour moi de découvrir une nouvelle création !

Créatures, le musical

Alexandre Bonstein (héros du Cabaret des Hommes Perdus) et Lee Madeford ont écrit une comédie musicale qu’Agnès Boury (mise en scène notamment de Panique à bord) mettra en scène et qui démarrera le 23 décembre au Casino de Paris, excusez du peu. On retrouvera notamment la génialissime Ariane Pirie, que j’ai découverte en Jenny dans Panique à bord et le compositeur de celle-ci, Patrick Laviosa qui passe sur scène pour l’occasion. Probablement bourrée d’humour noir et politiquement incorrect, c’est à ne manquer sous aucun prétexte. A voir pour le réveillon, peut-être ! Tiens, j’ai trouvé un avant-goût :

Enfin, on suivra de près Tanguera la comédie musicale argentine qui s’installe au théâtre du Châtelet, mais également le ballet consacré au blockbuster de Tim Burton, Edward aux mains d’argent. Enfin, il se murmure qu’on pourrait rapidement avoir des nouvelles de Casting, lauréat du dernier prix découverte du festival Les Musicals.

Voilà, j’espère que cette rapide (enfin je dis rapide, j’y ai quand même passé 2 bonnes heures) revue vous donnera envie de sortir à Paris pour découvrir tous ces spectacles variés et probablement de qualité ! A bientôt pour des revues détaillées de ce que mes yeux et mes oreilles auront vu et entendu !

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The Dark Knight – Tout le monde a droit à son Joker

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Voilà probablement LE film que j’ai attendu cette année. Après Batman Begins, Christopher Nolan propose le second opus de ce qui sera probablement une trilogie consacrée à l’homme chauve-souris.

La force de Batman Begins est l’approche choisie par le réalisateur pour traiter cette histoire tragique. Je ne suis absolument pas lecteur de la BD, mais j’ai été séduit par le style « thriller » donné au film. Le côté sombre également, gothique de la magnifique Gotham City illustre parfaitement la vision radicalement différente de celle des films de Burton. Batman Begins, s’il comporte des scènes d’action, n’est pas qu’un film d’action, mais présente le chemin de croix d’un homme qui fait des choix, qui souffre, et qui, curiosité chez Marvel, n’a pas de pouvoir particulier autre que sa volonté, beaucoup d’argent et plein de principes moraux. Il constitue la révélation du personnage à lui-même et son apprentissage. Il met également en place les personnages, Bruce Wayne bien sûr (Christian Bale) et sa doublette de choc Alfred (Michael Caine), l’excellent Lucius Fox (Morgan Freeman) mais également le policier Gordon (Gary Oldman), qui ont tous rempilé pour la suite.

The Dark Knight offre à Batman sa rencontre avec son ennemi légendaire, le fameux Joker, incarné par Heath Ledger malheureusement décédé peu après le tournage et introduit Harvey Dent (Aaron Eckhart), futur Double-Face. Le film est un tourbillon d’action pendant 2h30 haletantes, où l’on voit la situation sombrer et un héros qui subit totalement le cours des évènements. En effet, Bruce Wayne/Batman ne maîtrise absolument rien et se contente de courir après le temps. Il va également subir des pertes humaines terribles, et loin de l’archétype du héros sans peur et sans reproche, Wayne va devoir combattre ses propres démons et affronter la colère des habitants de Gotham, ville à laquelle il consacre sa vie et son énergie. Ce second opus nous propose un modèle de héros particulier, qui est à l’image du monde noir et cruel dans lequel il navigue.

Le Joker et son côté joueur sont fascinants. On doit bien reconnaitre à Heath Ledger le charisme incroyable qu’il offre au personnage à travers ce timbre si particulier (en VO bien sûr) et ses quelques tocs (notamment ce mouvement de langue inquiétant). Cette figure de clown ne fait absolument pas rire, et son côté machiavélique en fait un véritable ennemi la plupart du temps supérieur à Batman qui tâche de limiter la casse tout au long du film. La trajectoire de Harvey Dent est également intéressante, tout comme sa descente aux enfers. En quelques secondes, le personnage passe du statut d’icône porteuse d’espoir au plus misérable des criminels, réalisant ainsi la prophétie qu’il énonce lui-même alors au sommet de sa gloire (« You either die a hero or you live long enough to see yourself become the villain » – Tu meurs en héros ou tu vis suffisamment longtemps pour te voir devenir le méchant).

Conclusion

Christopher Nolan maîtrise incontestablement les effets dramatiques. Le film est très rythmé, on ressort épuisés tant c’est un déferlement continu tout au long des 2h30 de projection. Les scènes d’action sont parfaitement calibrées, les acteurs plus qu’impeccables.

Cependant, en ce qui me concerne, et après la vista du premier opus, je m’attendais peut-être à un peu moins d’action et un peu plus de psychologie. Il y a bien les scènes de confrontation verbale entre le Joker et Batman – Le chaos et l’espoir, dérivé du traditionnel combat du Mal contre le Bien – mais elles auraient pu être davantage poussées. Concernant le personnage de Bruce Wayne, il est plus insignifiant que dans le premier film. On voit beaucoup Batman courir, cogner, mais les émotions de Christopher Nolan manquent peut-être de nuances, ce qui semble être un choix du réalisateur afin que l’on soit davantage pris par le charisme du Joker, et ça fonctionne. Je regrette également la violence beaucoup plus présente dans ce film que dans le premier.

The Dark Knight demeure un film de qualité, voir un excellent film qui ravira les amateurs du genre. Bref, si je considère Batman Begins comme un chef d’œuvre, The Dark Knight restera pour moi un très bon film, sans plus. Ne reste plus qu’à voir ce que Christopher Nolan va sortir de son chapeau pour le troisième film, qui se fera malheureusement sans Heath Ledger. Le défi est de taille car une ultime confrontation entre ce Joker et Batman aurait constitué une incroyable apothéose…

Ci-dessous la bande-annonce de The Dark Knight (en VO, certes, mais en HD) :

 

Coupe de la Ligue : le PSG réintégré. Scandale ?

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La fameuse banderole...

J’avais déjà évoqué dans un billet la chasse aux sorcières dont faisait l’objet le club de football de la capitale depuis la fameuse banderole anti-ch’ti lors de la finale de la Coupe de la Ligue qui a opposé le PSG au Racing Club de Lens le 29 mars dernier au Stade de France.

Depuis quelques mois, les décisions de justice s’enchainent : le groupe de supporters Boulogne Boys a été dissous. Il a été jugé indirectement responsable puisqu’ayant manifestement permis aux concepteurs de la banderole l’accès à leurs installations dans l’enceinte du Parc des Princes. Depuis le temps que les autorités rêvaient de coincer ce groupe d’ultras, c’est désormais chose faite. Et bien entendu, la Fédération Française de Football (FFF) a décidé d’exclure le PSG de la prochaine édition de la Coupe de la Ligue.

Je trouve cette décision injuste, et ce pour 2 raisons :

  1. Le club n’est pas responsable des agissements de quelques benêts, encore moins les joueurs. C’est un peu comme si on décidait d’interdire l’accès aux JO à toute une délégation parce qu’un ou deux membres étaient dopés.
  2. Le PSG n’est pas responsable de l’organisation de la Coupe de la Ligue. Comme son nom l’indique, c’est la Ligue de Football Professionnel (LFP) qui organise sa coupe, dans ce qui est pour l’occasion son stade (le Stade de France). C’est donc au personnel engagé par la Ligue qu’incombe la responsabilité de la banderole.

Surfant sur une démagogie toujours facile qui vise à dire qu’un supporter du PSG (voir un supporter tout court) est un mélange de violence et de débilité profondes, le président de la FFF, M. Escalettes, est outré comme beaucoup d’autorités supposées compétentes. Quant au président de la ligue, M. Thiriez, il joue profil bas. Pour une fois qu’on pouvait taper bien fort sur le PSG, la justice, la vraie, a tranché. Et a tranché juste, par le biais du tribunal administratif de Paris, qui a décidé d’annuler la décision de la FFF.

Une décision juste aurait consisté à sanctionner les auteurs de la banderole. Si j’ai bien compris, c’est fait. Une autre décision juste aurait été de sanctionner les personnes qui ont aidé les auteurs. C’est fait, avec la dissolution des Boys (et c’est bien disproportionné à mon sens). Et il faudrait en plus sanctionner le club sous prétexte que quelques abrutis ont profité de la naïveté d’une association de supporters qui s’avère posséder un local dans l’enceinte du Parc des Princes, et l’exclure d’une compétition dont il est le tenant du titre. Ce n’est quand même pas une faute si grave et un manque d’éthique du club quand même… Sanctionner cette naïveté d’un match à huis-clos, pourquoi pas, et c’est déjà sévère !

Voilà encore une histoire qui n’aurait fait aucun bruit si elle avait concerné l’OL ou l’ASSE… Mais c’est le PSG, que voulez-vous !

Vais-je tenir la distance ???

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Par Judith Sebban (former Attia)


Pour ceux qui ont suivi l’actualité de l’auteur, qui dit mariage dit mariée. Et là, magie : Vous en rêviez, blog.sebban.org l’a fait. La « petite femme adorée » prend la parole. En effet, suite à l’absence remarquée de mes commentaires avisés, mon tendre et cher époux m’a recrutée (réquisitionnée ?) comme chroniqueuse spéciale sur ce blog.

Je dois avouer que très flattée, et d’humeur volontaire, je pense m’y plier de très bonne grâce, quand voilà, c’est le choc. Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter (classique, hein ?). J’ai tout envisagé (et même pire…) :

Une rubrique Recettes ? Je n’ai pas encore trouvé qui peut rivaliser avec SON gâteau au chocolat. Éliminé !

Une rubrique People ? Depuis qu’il a arrêté de m’appeler pour voir le Petit Journal de Yann Barthes, il en connaît certainement plus que moi.

Une rubrique Jardinage ? Il parait qu’il n’aime pas ça mais bon, il est tombé amoureux de ses tournesols miniatures… Sans commentaire !

Une rubrique « Les petits secrets de l’auteur » ? Censuré ! Encore que… Vous avez dit combien ?

Une rubrique Nanosciences ? Pas de problème, dès qu’il vous aura expliqué mon sujet de thèse en moins de 50 « en gros », 20 « euh… c’est bien ça ? » et 10 « petits bidules ».

Une rubrique Mode (tiens, je l’avais oubliée celle-là !) ? Hum, je sais pourquoi je l’avais oubliée…

Bon, c’est la catastrophe. A moins que… Oui, c’est ça ! Ce petit vent d’angoisse soudain quand je lui demande « chériiiii ? On a prévu quelque chose dimanche ? » ; Ce sourcil circonflexe devant l’affiche (« Voyons, c’est dans quel sens que ça se regarde ?!??? ») ; Cette fatigue – qu’il ne s’explique pas bien-sûr, comme c’est mignon ! – à l’annonce de la destination.

C’est bien ça ! Une rubrique Musée !

Beuark

Une rubrique Culture ? Ah non ? Bon. Sûr ? D’accord… Culturage ? Culturance, culturement, culturation ? (tiens, il est accepté par le dictionnaire Word celui-là). Va pour culturation !

(moment d’intense réflexion)

« En conclusion, je vais donc dédier ce nouvel espace d’écriture à la formulation de mes éminentes réflexions autour de diverses œuvres, supports d’expression artistique. »

En gros, un endroit un peu fourre-tout, où je pourrai user et abuser de mon légendaire sens critique sans scrupules, où je pourrai encenser ce qui me chante, quand ça me chante. Hallelouiah !!!! Ce sera mon petit « Baz’art ».

Amen.

Siné qua non tout va bien

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Les bloggeurs n’ont pas pu dernièrement passer à côté de « l’affaire Siné ». Mais comme il n’y a pas que des bloggeurs ici, je m’en vais faire un bref rappel des faits histoire que tout le monde comprenne bien. Siné est un caricaturiste satyrique plus tout jeune qui sévissait il y a encore peu de temps dans le non moins satyrique journal Charlie Hebdo.

Rappel plus ou moins objectif des faits

Le personnage a toujours flirté avec la ligne rouge de ce qu’on va appeler le politiquement correct, sa dernière tête de turc étant tout naturellement notre cher président. Il a également soutenu la liste sulfureuse Euro-Palestine en 2004, aux côtés d’un certain Dieudonné que, comme chacun sait, je ne porte pas spécialement dans mon cœur (ici et ). Une personnalité paradoxale, qui prône la non-violence tout en étant toujours relativement limite dans ses propos d’ordre « raciaux ».

Pourquoi donc ce brave homme a-t-il été licencié ? Parce qu’il a écrit ceci dans sa chronique du 2 juillet 2008 :

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

Ce n’est certes pas drôle, voir carrément lourd, mais ce qui a fortement déplu c’est le fameux et ancestral amalgame entre les Juifs et l’argent… Autrement dit, était-il réellement nécessaire de préciser que la fiancée était juive ? N’aurait-il pas suffi de la qualifier simplement d’ « héritière des fondateurs de Darty » ? La blague n’en aurait pas été moins drôle… Comme l’a admis Siné lui-même dans une lettre d’excuse qui aurait du/pu paraître, il se pouvait que la phrase soit mal interprétée. Et effectivement, ce cher Siné a été taxé d’antisémitisme par un grand nombre de bloggeurs, journalistes et penseurs (comprenant notamment Laurent Joffrin de Libé, BHL, Yvan Roufiol du Figaro dont je reparlerai plus bas…).

Philippe Val, qui avait probablement déjà été échaudé par les caricatures de Mahomet, a préféré se séparer de son dessinateur, ce qui n’a pas manqué de faire réagir les preux chevaliers défenseurs de la liberté, de préférence anarchistes ou d’extrême gauche, les traditionnels Bedos, Alévêque et consort… Comme prévu, j’ai envie de dire.

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas la phrase de Siné, mais les dérives qu’elle risque d’engendrer

Quand je lis cette phrase de Siné, je ne suis ni amusé, ni content. Un peu agacé de cet humour facile sur les Juifs, les Arabes, qui n’apporte selon moi absolument rien à la démocratie ni au journalisme. Maintenant, effectivement, Siné joue avec un cliché. Il en a le droit. Mon problème, c’est que c’est un cliché très dangereux.

Il suffit de lire un condensé des réactions adressées à Yvan Roufiol, et certains des commentaires du même article, pour être convaincu de la pourriture que peut engendrer une phrase comme celle de Siné. Au delà des traditionnels amalgames Juifs/Israéliens/Sionistes/Fascistes, d’une part, Arabes/Musulmans/terroristes d’autre part, ce qui est déjà affligeant, les commentateurs débiles définissent 2 catégories de personnes :

  • ou bien tu défends Siné, et tu es quelqu’un de bien, c’est-à-dire que tu es anti-israélien, anti BHL, anti-Sarko, bref, un peu anti tout
  • ou bien tu critiques Siné, et là tu es juif, raciste, fasciste, ennemi de la liberté d’expression, voir anti-arabe et assassin.

Manichéisme quand tu nous tiens…

L’autre aspect qui m’inquiète est très judicieusement relevé par Ivan Roufiol. C’est ce que dévoile l’affaire Siné. On lit quand même des horreurs dans le genre que les Juifs ont le pouvoir, qu’ils ont de l’argent, qu’ils sont protégés, etc… En réalité, la phrase de Siné conforte ces abrutis illuminés dans des clichés stupides.

Un commentaire m’a fait sourire jaune, en réponse à celui qui affirmait que les Juifs étaient protégés. Il lui a répondu « Thierry a raison, les Juifs bénéficient probablement d’un excès de protection. Sinon, il en serait mort beaucoup plus dans les camps. ». Un commentaire ironique qui illustre parfaitement la haine aveugle qui empêche certaines personnes de raisonner convenablement dès lors qu’on parle des Juifs (et il en va de même chez d’autres pour d’autres catégories de personnes)…

Enfin, il ne manquait plus que le petit couplet sur Israël pour être parfaitement complet dans la pauvreté de certains commentaires. L’élément le plus frappant est la méconnaissance complète des tenants et des aboutissants du conflit chez certaines personnes qui s’en tiennent, là encore, à des clichés simplificateurs et dangereux. Et toujours ce fil rouge de la haine, qui vient en réaction à la qualification d’Israël par l’auteur de « plus fragile et plus vulnérable des démocraties ». Le plus drôle sera probablement celui de Thierry (enfin à l’heure où j’ai regardé) qui explique sagement que la liberté de circuler est supérieure dans les Etats arabes qu’en Israël, donnant en exemple les formalités sécuritaires en Israël…

Je suppose qu’il a du en parler avec les nombreuses femmes, par exemple iraniennes (je lui suggère l’excellent Persépolis pour s’en convaincre), et également aux Juifs d’Iran, qui n’ont toujours pas le droit d’exercer tous les métiers, notamment d’ordre public… En Israël, il faut peut-être répondre à des questions à l’aéroport, mais nul n’impose à quiconque ce qu’il ou elle doit faire au nom d’un texte religieux, et un Arabe peut tout à fait être fonctionnaire, député ou ministre (non seulement ils peuvent, mais il y’en a déjà à l’heure actuelle). Et d’ailleurs ils sont où les députés, les ministres juifs en Iran ? En Irak ? Au Qatar ? En Egypte ? … La critique est aisée…

Certaines inégalités demeurent entre Arabes et Juifs en Israël, néanmoins 77 % des Arabes israéliens disent préférer vivre en Israël que dans tout autre pays du monde. Curieux pour un Etat « apartheid »… Je ne suis pas convaincu que le même sondage en Afrique du Sud donne les mêmes résultats… Enfin, aller expliquer à des gens étriqués et qui ne connaissent rien à rien que les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le pense est une tâche à laquelle je m’attèle régulièrement et ce n’est pas le sujet du billet.

Conclusion

Personnellement, je ne pense pas que ce qu’à fait Siné n’est pas franchement répréhensible, étant donné le personnage et ses faits d’arme, mais dans le contexte actuel c’est irresponsable. Parce que ce genre de petites phrases exacerbe les passions et permet à la connerie humaine de se défouler. Et je pense que le journaliste, ou l’artiste, a une responsabilité sur les messages qu’il fait passer. Je disais la même chose avec les sketches abjects de Dieudonné (dont le dernier enfant a un parrain qui s’appelle Jean-Marie le Pen, tiens donc…)

L’autre élément qui me fait réagir, c’est la rapidité de certains à parler d’antisémitisme dès que le mot « juif » est prononcé par un non-juif. Je lisais récemment un article d’une bloggeuse à propos de l’affaire Siné qui expliquait, selon moi à juste titre, que les sentiments antisémites étaient probablement exacerbés par cette promptitude à qualifier une phrase d’antisémite. Il faut trouver la limite entre la vigilance et la paranoïa, et ce n’est pas facile. Mais à force de trop en faire, on s’expose. Et le danger arrive à ce moment-là.

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