Grease au Comédia, ça décoiffe !
29 déc 2008 par Samuel Sebban |
Une fois n’est pas coutume : j’ai mis un certain temps à enfin aller voir Grease au théâtre Comédia. C’est un mal pour un bien : j’avais été voir Cabaret ou Le Roi Lion lors des premières représentations, et il est évident que la maîtrise du spectacle n’est pas encore à son optimum dans ces cas-là…
Fait assez rare ces derniers temps, je ne connais qu’assez peu d’artistes de la distribution, mis à part bien entendu Cécilia Cara, que tout le monde connait. Souvenez-vous : elle a eu la malchance de sévir dans l’exécrable Roméo et Juliette de Gérard Presgurvic, célébrissime pour son fameux hymne à l’amour (« Aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau, Aimer c’est monter si haut, Et toucher les ailes des oiseaux, Aimer c’est ce qu’il y a de plus beau », etc…) . Mis à part Fabrice Todaro (rôle de Doody), un artiste pétri de talent, que j’ai eu l’occasion de croiser régulièrement lorsque je sévissais à l’Ecole dans les spectacles de Julien Salvia et Ludovic-Alexandre Vidal. A mon avis, on n’a pas fini d’en entendre parler. Et mise à part Amélie Munier (rôle de Rizzo), dont j’ai découvert après coup qu’elle avait joué dans la production française de Chicago (sur une traduction de Laurent Ruquier).
Au delà de la distribution, l’équipe technique c’est du classique : Stéphane Laporte (Panique à bord, Le Roi Lion, Fame, …) à la traduction, Pierre-Yves Duschenes (directeur de l’AICOM) à la direction vocale, Jeanne Deschaux et Olivier Benezech (Nonnesens, Un violon sur le toit, …) à la mise en scène. 22 artistes sur scène, 6 musiciens, je crois que j’ai tout dit. Ah non, il me reste à présenter le producteur, un habitué du genre Serge Tapierman et sa société MC Productions, à qui l’on doit notamment Un violon sur le toit et Nonnesens. Autant dire que je n’ai pas pris un risque énorme en allant voir Grease, c’est quasiment la famille !
Autant prévenir tout de suite : je n’ai pas encore vu le film culte avec John Travolta et Olivia Newton-John qui a immortalisé le mythe Grease. Oui, j’ai honte. Mais l’avantage, c’est que ma critique du spectacle émane d’un œil neuf non pollué par une autre version ! On se console comme on peut…
Mon impression d’ensemble est excellente. La troupe a une énergie incroyable, énormément de talent, les décors sont utilisés à bon escient, la mise en scène efficace. L’équipe technique a fait le choix audacieux de conserver les chansons les plus connues en version originale tout en traduisant les autres. Le mélange fonctionne assez bien, et on ne peut qu’être ravis d’entendre ces tubes que sont Summer lovin, You’re the one that I want, etc… dans la langue de Shakespeare ! L’histoire est assez bien ficelée, même si je trouve la conclusion assez rapide et un peu incongrue, mais là n’est pas l’essentiel… Je me doutais bien que le scénario de Grease ne méritait pas un oscar !
D’un point de vue individuel, il convient de saluer la performance époustouflante d’Amélie Munier : superbe comédienne, avec une voix tout simplement exceptionnelle. Puissance, charisme, cette jeune fille est définitivement mon coup de cœur au niveau de Grease. J’espère qu’on aura l’occasion de la revoir dans d’autres productions parce qu’elle mérité définitivement une place tout en haut de la sphère du musical français (et international si j’ai bien compris son CV !)
Le seul petit bémol à ces réjouissances serait la performance de Djamel Mehnane, qui interprète le premier rôle masculin, autrement dit le fameux Danny. Indéniablement très talentueux, je trouve que le jeune artiste en fait parfois un peu trop dans le jeu théâtral. Si ça peut fonctionner par intermittence, ça donne au personnage un côté très puéril qui contraste fortement avec les autres. Vocalement également, il est un peu en difficulté de temps en temps : trop bas pour Summer Lovin, pas en rythme sur You’re the one that I want. Cependant, il est également capable d’une présence remarquable, notamment lors de son solo dans la séquence du road movie. Et vocalement, il prouve qu’il est largement capable des plus belles prouesses… Mitigé, donc.
Autre remarque, l’extrême pauvreté de l’adaptation française. Stéphane Laporte nous avait habitués à bien mieux, et il devrait se reposer un petit peu maintenant ! Je suis convaincu que d’autres personnes sont capables de faire d’excellentes adaptations, il serait temps de leur donner leur chance…
En conclusion, un très grand moment de fraicheur que ce Grease cru parisien, plein de vitalité et de couleurs. J’ai passé un excellent moment, et la standing ovation que la salle a réservée aux acteurs est largement méritée. Je vous conseille donc d’en profiter si vous voulez passer une bonne soirée, sortir avec des vieux tubes plein la tête et avoir une envie furieuse de vous acheter de la laque ! A bon entendeur…
Une petite bande-annonce ? D’accord…