Quand un mort en vaut plus qu’un autre. A moins que…
3 jan 2013 par Samuel Sebban |
Alors que 2012 laisse sa place à 2013, la guerre civile syrienne se poursuit. Quasiment 60.000 personnes sont décédées à fin novembre 2012, selon l’ONU. Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a comme d’habitude sortie l’artillerie lourde, n’hésitant pas à parler de « crimes contre l’humanité ». Cette fois, il n’a sans doute pas tort, mais ses prises de position antérieures sur un conflit qui m’est cher ne lui accordent que peu de crédibilité à mes yeux.
Ça intéresse qui, la Syrie ?
Cela étant dit, ce qui se passe en Syrie depuis presque un an est terrible. Le printemps arabe a du mal à se terminer dans le pays de Bachar. Ne maîtrisant absolument pas les tenants et aboutissants du conflit, je ne m’épancherai pas sur le sujet, même si comme la plupart je pense que le règne de M. el-Assad, grand ami du si fréquentable Hezbollah libanais, a assez duré. J’ai toujours un peu de mal avec les dictateurs qui succèdent à leur père et qui dézinguent des opposants qui manifestent.
Cela étant dit, ce qui me pose question, c’est l’absence incompréhensible de réaction dans l’univers politico-médiatique français. Quelques manifestations depuis le début du conflit (2600 personnes en avril selon Amnesty, autant dire qu’ils ont compté les chats et les chiens), quelques secondes dans les JT désormais…
Deux poids, deux mesures
Mais où sont donc les défenseurs de la justice et des droits de l’homme ? Vous savez, ces personnes promptes à s’emparer du moindre petit fait divers concernant le peuple palestinien opprimé par le vilain occupant israélien, comme par exemple MM. Besancenot, Hessel l’indigné ou Mélenchon, ou encore Mesdames Artaud et Buffet. Étrangement je ne les ai vus dans aucun défilé ni entendu dans une quelconque émission de télévision sur le sujet, pour exprimer leur horreur face à ce « génocide » ou « apartheid » - accusations ignobles qu’ils n’hésitent pourtant pas à proférer concernant Israël. Je n’ai pas non plus constaté que M. Besancenot ait affrété un navire pour aller sauver le peuple syrien du joug de Bachar.
J’oubliais une statistique intéressante : le conflit israélo-arabe a, selon ce site très bien renseigné en général, causé 51000 victimes de 1950 à 2003. A ce rythme là, si cela durait aussi longtemps en Syrie, on dépasserait les 3 millions de morts ! Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : un mort est un mort et c’est un mort de trop, quelle que soit son origine. Mais étrangement, le brouhaha médiatique et l’indignation des people sont inversement proportionnelles à l’ampleur des conflits…
Une vie humaine aurait donc plus de valeur en Palestine qu’en Syrie ? Les motivations sont évidemment plus nobles – même si on peut toujours discuter – concernant la démocratie israélienne en guerre contre un ennemi qui a juré sa perte que pour la dictature héréditaire syrienne et sa répression sanglante. A moins que finalement, l’important ne soit pas la victime, mais son « bourreau » supposé… Je consens à laisser le bénéfice du doute aux esprits faibles manipulés par la disproportion médiatique. Mais pour les autres, comment expliquer cette ahurissante différence de considération autrement que par la haine irrationnelle de ceux qui se décrivent fièrement comme « antisionistes » ? Antisionistes, dîtes-vous ? Cela reste à voir…