Annoncé sur mon blog en janvier 2007 (avec, certes, une confusion inexcusable d’emplacement), soit il y a quasiment 9 mois (le temps d’un accouchement, comme un beau bébé), la troupe du Roi Lion a enfin envahi la scène du théâtre Mogador à Paris. J’ai eu l’occasion d’assister le 2 octobre 2007 à 20h à l’avant-dernière des quelques avant-premières qui auront probablement permis de roder le spectacle. Je préviens le lecteur impatient que je vais probablement dévoiler des éléments qui pourraient gâcher l’effet de surprise (déjà, il va y avoir des photos… oui je sais, c’est mal, une hôtesse nous a empêché de prendre une photo du final mais elle ne nous a pas demandé d’effacer nos photos alors…). Mais bon, je promets d’être le moins précis possible sur les éléments du spectacle, même si a priori, l’article sera assez long.
La première surprise vient probablement de la façade du théâtre : nous sommes d’entrée plongés au coeur de l’univers de Simba et ses amis par la décoration extérieure du théâtre, qui ne vas pas sans rappeler les théâtres londoniens ou new-yorkais. Et les travaux de rénovation du théâtre Mogador sont à la hauteur de l’évènement. Après avoir du en hâte rejoint nos places, stressés que l’on était par le personnel du théâtre qui s’entêtait à rappeler que le spectacle démarrait dans 10 minutes dès 19h50, nous avons finalement attendu 20h15 pour entendre le premier rugissement de Rafiki.
Et c’est parti pour le show
Dès le début la féérie visuelle commence. Ce qui se passe sur scène est phénoménal, je n’avais à vrai dire, jamais vu ça. Une créativité dans les costumes et dans la mise en scène tout simplement indescriptible. Au bout de 5 minutes, c’était bon, j’avais digéré le prix des billets (et pourtant, c’était pas gagné ), et une émotion indicible me gagnait de voir tant de beauté après 9 mois d’interminable attente. Après, le spectacle s’enchaine, faisant défiler un déluge de couleurs et de lumière sous nos yeux ébahis par cette machine énorme qui se met en mouvement sous nos yeux. Je cherche encore comment ils ont réussi à réaliser certains trucs… La mise en scène est impeccable, les danseurs extraordinaires et les premiers rôles dans leur élément.
Après, il y a quand même eu un aspect gênant : la sono. Outre l’orchestre qui est planqué sous la scène (les percussionnistes logés au balcon suivent le chef via un moniteur), le son est très souvent bien trop faible, tant pour la musique que pour les micros, et c’est dommage. J’aurais aimé un environnement sonore plus présent. A leur décharge, ce sont encore des avant-premières, le spectacle est en rodage, j’espère sincèrement que les réglages sonores seront meilleurs quand j’y retournerai (parce que oui, je vais y retourner, enfin j’espère).
Quant à la traduction française, elle est globalement de grande qualité. Les nostalgiques du dessin animé regretteront sans doute amèrement les anciennes traductions, mais les nouvelles ont le mérite de coller davantage aux originaux. Le seul petit reproche que je ferais à la traduction concerne le niveau de langage, un peu trop « caricature de banlieue » à mon goût, voir parfois limite vulgaire (« ta gueule », « ché pas », « relou » etc…). A mon avis, ce n’était pas nécessaire, et ça choque même par moments. Enfin, il faut vivre avec son temps.
Deux scènes m’ont particulièrement marqués : le tout début, j’en ai déjà parlé plus haut, mais également la reprise de Il vit en toi par Rafiki (je ne dévoile rien, c’est presque le single ). Ce moment est visuellement magique, et l’émotion palpable. Le public ne s’y est pas trompé, applaudissant à plusieurs reprises pendant les instrumentaux au milieu de la chanson. Personnellement, j’étais sans voix. J’en ai oublié de prendre la scène en photo…
Les comédiens
D’une façon générale, les comédiens sont au diapason. Les cÅ“urs sont splendides, les déguisements et les marionnettes maîtrisés avec maestria. Les déplacements sont millimétrés, et là aussi, c’est fluide. Parfois, on a pu sentir un manque de punch du au trop faible volume de la musique et une énergie dans l’articulation insuffisante, mais ces moments furent assez rares. Un grand bravo, vraiment à tous ces artistes de grand talent.
Les rôles principaux, justement, parlons-en. Si scéniquement ils sont tous excellents, je suis un peu déçu par le niveau vocal général. Si j’ai adulé Zama Magudulela (Rafiki), adoré Olivier Breitman (Scar) et David Eguren (Zazu), apprécié Christian Abart (Timon), Fabrice de la Villehervé (Pumbaa) et les deux enfants (Louka Masset en Simba et Ketsia Toto en Nala), les rôles de Mufasa (Jee-L), Simba (Jérémy Fontanet) et Nala (Léah Vincent) m’ont très légèrement déçus, à des degrés différents et sur des aspects différents. A leur décharge, connaissant la version originale par cÅ“ur, la comparaison n’était pas forcément évidente à soutenir.
- Jee-L, s’il est époustouflant scéniquement, notamment par une présence et un jeu impeccables, est un peu limité vocalement, et la fin de sa chanson Il vit en toi est laborieuse. Cependant, je l’ai peut-être vu dans un mauvais soir. J’adore sa gestuelle, par contre.
- Jérémy Fontanet est vocalement très bon. S’il reste en dessous de son homologue américain (qui de toute façon ne devrait jamais être égalé de mon vivant et même sans doute après), il assure ses chansons. Ce que je lui reproche, c’est le théâtre. Il avale énormément de mots et son timbre suraigu a tendance à m’agacer. Enfin c’est peut-être volontaire. Cependant, il faut absolument que dans les scènes de théâtre, il articule davantage.
- Léah Vincent fait une Nala extraordinaire. Cependant, à mon avis, elle est un peu jeune pour le rôle, et sa voix manque de profondeur, ce qui se ressent beaucoup sur Shadowland (je n’ai pas compris l’équivalent français, la faute à la sono et au manque d’articulation), c’est un peu dommage. Pour le reste, rien à dire, elle est convaincante.
- Les hyènes, incarnées par Céline Languedoc, Valéry Rodriguez, et Mickaël Viguier, ont du travail. On ne comprend rien quand ils chantent ou quand ils parlent, il faut s’accrocher. Leur jeu est excellent, l’intention y est clairement et leurs déguisements maîtrisés, mais tout le vocal est à revoir. Les acteurs, ont, il est vrai, particulièrement été desservis par leurs micros trop faibles, mais ça n’explique pas tout. Je me suis franchement ennuyé pendant les séquences des hyènes du premier acte.
En tout cas, mention spéciale à Zama Magudulela, tant vocalement que scéniquement, on a l’impression que le rôle est écrit pour elle. Elle tout simplement exceptionnelle. Olivier Breitman en Scar m’a également beaucoup plus, en particulier dans les scènes de théâtre ou son jeu est superbe. Peut-être un peu moins à l’aise dans les aigus que dans les graves, c’est le seul mini reproche que je lui fais.
Il ne faudrait pas se méprendre : le spectacle n’a pas encore commencé officiellement (début le 4 octobre) et globalement, je mets l’accent sur des détails, et je suis pollué par la version anglaise. Donc je ne suis pas objectif. Mais le spectacle il est trop bien !
Finalement, alors, c’est bien ?
La production française du Roi Lion est probablement LE show à ne pas manquer. Défiant toutes les contraintes du Musical, le spectacle nous transporte dans un univers visuel et musical unique qui nous transporte à chaque nouvelle séquence du rire aux larmes. Personnellement, j’adore la bande son et je trouve que les « nouvelles » chansons (comme les qualifient ceux qui ne connaissent que le dessin animé) sont vraiment excellentes. Je comprends mieux pourquoi des millions de spectateurs de par le monde ont été séduits par les différentes productions. Même si les places sont chères, je vous garantis qu’on ne regrette pas, alors allez-y, encouragez le musical, le vrai !
A noter si vous voulez de bonnes infos sur Le Roi lion (outre celle du site web www.leroilion.fr), un excellent blog que j’ai trouvé par hasard en cherchant sur google, le Rapport du Matin. Sauf que désolé, les gars, The Morning Report a été traduit en L’écho du matin ! Pas de chance…
Et quand vous aurez vu le spectacle, n’hésitez pas à laisser des commentaires pour me dire dans quelle mesure vous êtes d’accord ou pas d’accord !
Tags: Comédie musicale, Le Roi Lion, Théâtre Mogador