Zorro, le musical : Suite et fin
26 nov 2009 par Samuel Sebban |
Qu’est-ce que c’est difficile de trouver du temps pour blogger… C’est difficile de se rendre compte combien ça pompe de temps et d’énergie d’écrire un article. J’en serais presque à comprendre pourquoi le journalisme d’investigation est en train d’agoniser…
Tout ça pour dire que j’ai du publier deux critiques sur Musical Avenue ces derniers jours, pour Zorro dont je vais parler dès que j’aurai arrêté de me plaindre, et pour le somptueux spectacle Otango, que je vous invite à découvrir s’il passe près de chez vous. Pour écrire ce genre d’articles, il faut faire un travail d’investigation pour fouiller un peu le passé des artistes, qu’ils soient sur scène ou dans l’équipe créative, éventuellement trier et retoucher des photos, écrire un texte relativement construit et fouillé. Une critique comme celle de Zorro prend à un amateur comme moi quatre à cinq heures, tout compris. C’est fou quand on y pense. Enfin, quand on aime…
Zorro côté presse
Si vous êtes une lectrice ou un lecteur assidu(e) de ce blog, les quelques articles sur Zorro n’ont pas pu vous échapper. Je vous ai parlé du premier showcase, du deuxième showcase, des répétitions, du livre d’Isabel Allende… Je note d’ailleurs avec plaisir que la production a remplacé « basé sur le roman d’Isabel Allende » par « inspiré du roman d’Isabel Allende ». Étant a priori le seul sur la toile à m’être ému de l’abus de langage tant les histoires sont différentes, j’aime croire que j’y suis pour quelque chose, d’autant que j’ai titillé Stephen Clark (l’auteur) et Sandrine Mouras (la DG de Stage Entertainment France) sur ce point précis. Même si je constate avec une relative déception qu’aucun média ne s’est gêné pour reprendre l’affirmation abusive (par exemple Chérie FM), ce qui prouve que la lecture du livre n’a pas constitué un passage obligatoire…
Durant cette aventure, j’ai eu l’occasion d’interviewer quasiment tous les protagonistes de la création de ce musical, ainsi que les acteurs principaux. De Christopher Renshaw, metteur en scène du spectacle, à Rafael Amargo, fantasque chorégraphe, en passant par Stephen Clark (livret et paroles), Eric Taraud (adaptateur), Sandrine Mouras, et les acteurs Laurent Bàn (Diego/Zorro), Liza Pastor (Luisa), Géraldine Larrosa (Inez), Benoit de Gaulejac (Garcia), Yan Duffas (Ramon) et le fameux Georges Beller (Don Alejandro/narrateur). J’ai même eu John Gertz, le PDG de l’entreprise qui gère la marque « Zorro » dans le monde.
Couvrir ce genre d’évènement avec ce niveau de détails est passionnant. Travailler avec une attachée de presse de la qualité de Blanche-Aurore Duault est extrêmement agréable, tant elle est compétente, disponible et sympathique. Mais au-dessus de tout ça, j’ai pu entrer un peu dans les coulisses de la création, comprendre comment un tel projet se met en place, à travers les yeux de ceux qui y ont mis leur passion et leur énergie. Pour ne rien gâcher, ils sont tous très sympathiques.
J’ai même joué au paparazzi à la soirée de première, mais ça j’aime beaucoup moins. Malgré tout, plein d’abnégation, j’ai pris en photos les « people », de Jamel Debbouze, que j’attendais plus sur un concert de 50 cent que sur Zorro, à Patrice Laffont, en passant par Laurent Gerra, Philippe Candeloro, Shirley et Dino, Gérard Holtz et même Sylvie Vartan ou encore Kamel Ouali. Bref, passons…
Et le spectacle ?
J’y suis enfin allé le 12 novembre dernier. Je ne vais pas reprendre la critique déjà parue sur Musical Avenue, ça n’aurait aucun sens. Pour résumer, j’ai pris une énorme claque. Après celle du Roi Lion, je pensais avoir tout vu, mais alors ça…
Si je veux être complètement honnête, je dois bien reconnaitre que selon moi les chansons ne constituent pas l’atour majeur du spectacle, à part peut-être L’homme derrière le masque, interprétée par Liza Pastor. En même temps, je ne m’attendais pas à une révolution musicale avec les Gipsy Kings. En gros, ce n’est pas la musique des Misérables… mais ça se défend.
L’album du spectacle est d’ailleurs globalement décevant, les chansons manquant cruellement de rythme et de puissance en comparaison avec les versions scéniques. J’ai du mal à comprendre ce besoin « d’adapter les chansons à la radio », celles du spectacle convenant très bien. « Bamboleo » voit par exemple ses paroles revues et corrigées dans le single, pendant qu’ « Une autre bière », pathétique sur l’album, fonctionne parfaitement sur scène.
Cependant, globalement, l’adaptation d’Eric Taraud est fidèle, et les chansons passent très bien sur scène, s’intégrant totalement à l’histoire (à part peut-être « Djobi, Djoba » qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe). Quant aux chorégraphies flamenco de Rafael Amargo, si j’avais peur de saturer, j’ai été totalement conquis.
Mais la raison pour laquelle il faut ABSOLUMENT aller voir Zorro aux Folies Bergère, c’est pour la mise en scène. Cascades, tours de prestidigitation, combats à l’épée, décors, costumes : on a l’impression d’être au cinéma, sauf qu’ils le font devant nous pour de vrai, c’est magique. On en prend plein les mirettes pendant 2h30, et on souhaite tout, sauf que ça s’arrête ! Je pense pouvoir affirmer qu’on a jamais vu ça dans l’Hexagone.
L’histoire est également intéressante et bien construite. C’est une nouvelle histoire de Zorro, et ce n’est pas pour nous déplaire. Les rebondissements sont bien ficelés, et finalement la narration est bien moins conventionnelle qu’il n’y parait. Le récit est sans concession pour ses personnages, et certaines séquences dégagent même une forme de violence assez éloignée de l’esprit de la série Disney (mais qu’on ne s’inquiète pas, les clins d’œil y sont tout de même très nombreux).
Le tout, servi par des acteurs pour moitié issus du théâtre pur, les autres étant des artistes pluridisciplinaires. En particulier, Yan Duffas, dans le rôle du méchant, est exceptionnel. Je n’avais jamais vu une prestation théâtrale de ce niveau dans une comédie musicale, en tout cas en France. En plus, Yan est très sympathique, et il m’a avoué qu’il aurait voulu chanter davantage dans le spectacle (il n’a qu’une comptine).
Que dire de Laurent Bàn, Liza Pastor ou Géraldine Larrosa ? Exceptionnels tant dans le jeu, qu’en chant et qu’en danse, avec une mention spéciale à Laurent qui ne ménage pas ses efforts, puisqu’il effectue lui-même ses acrobaties. Benoit de Gaulejac et Georges Beller, hommes de théâtre, sont parfaits.
Enfin, les membres de l’ensemble constituent un groupe de très haut niveau. J’avais été très déçu du casting du Roi Lion, avec Zorro, je n’ai absolument rien à redire. Ils sont tous irréprochables. Et dire que comme nous sommes au début, ils ne maitrisent pas encore totalement leurs personnages… Si l’évolution est aussi flagrante que pour Cabaret dans la maîtrise, j’ose à peine imaginer ce que ça me fera de revoir le spectacle un peu plus tard, ça va être extraordinaire ! Ça se joue au moins jusqu’en avril, avec possible prolongation, voir tournée…
Sur ces belles paroles, je vous laisse, et vous encourage vivement à aller voir ce spectacle qui réconciliera même les plus farouches adeptes du « j’aime pas trop les comédies musicales », car ils vont enfin découvrir ce qu’est le théâtre musical, le vrai, celui que j’aime. Merci Stage Entertainment, et continuez comme ça ! A suivre en 2010, la création de Mamma Mia en Français. Je n’ose même plus être sceptique…
Crédits photos : Musical Avenue
Moderne et originale, la comédie musicale Zorro retrace le voyage initiatique du jeune Don Diego de la Vega. Envoyé par son père en Espagne pour « devenir un homme », il s’épanouit au milieu d’une troupe de gitans déchaînées. A son retour en Californie, le jeune homme retrouve son village et ses habitants injustement persécutés par des officiers avides d’argent. Cape sur le dos et épée à la main, il est bien décidé à revêtir le costume de justicier masqué.